Houellebecq parfois prophète

Ou quand les fictions de Houellebecq rejoignent les prévisions de Trévidic.

En 1998, Michel Houellebecq accédait à la notoriété avec Les Particules élémentaires.

En août 2001, un mois avant que s'ouvre une période particulière de l'histoire géopolitique, il publiait Plateforme.
Peu avant la fin du roman, un groupe d'islamistes massacrent 117 personnes à coups de fusils d'assaut et d'explosifs dans des établissements pour touristes étrangers de la région de Krabi, en Thaïlande.

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Le 12 octobre 2002 avaient lieu les attentats islamistes de Bali, en Indonésie, faisant 202 victimes dont la plupart étaient des touristes étrangers.

La ressemblance troubla de nombreux lecteurs de Houellebecq. Comme le japonologue Jean-Luc Azra, qui dans un article intitulé Le roman prémonitoire (Revue japonaise Stella - Études de langue et littérature françaises, n°21, décembre 2002), comparait les prédictions sociologiques d'un Flaubert et d'un Houellebecq.

Soumission (signification du terme arabe "islam"), le dernier roman de Michel Houellebecq, était comme on sait paru le 7 janvier, le jour même des attentats de Charlie Hebdo.
Il y raconte notamment des fusillades et des explosions, un soir, dans le nord de Paris.

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La différence avec l'actualité de ce 13 novembre est que, sous la plume du romancier,  les médias n'en rendent pas compte. La fiction se déroule dans un silence médiatique feutré déroutant.

Le prêt-à-penser médiatique français et sa compulsion aux classifications binaires fourre volontiers Houellebecq dans le même sac que les Zemmour ou les Finkielkraut. Il ne s'y retrouve d'ailleurs pas nécessairement en mauvaise compagnie, avec Debray, Nora, Gauchet, ou maintenant Onfray.

Cependant, Houellebecq ne se pose pas en penseur, c'est un romancier.
Et par ailleurs, Soumission, bien qu'il décrive l'arrivée au pouvoir en France d'un parti musulman, n'est pas un ouvrage "islamophobe". Il se situe simplement dans la vision désabusée de l'auteur sur la vie et le monde.
Tout au long, Houellebecq se réfère curieusement à Huysmans, cet écrivain inclassable du XIXe siècle qui évoluera du mouvement naturaliste au mouvement symboliste, puis se convertira au catholicisme à 47 ans, et mourra à 59 ans (l'âge actuel de Houellebecq).

Je rassure toutefois les lecteurs quant aux capacités visionnaires de notre écrivain nihiliste : il n'avait pas prévu dans son roman que l'UMP allait se rebaptiser LR ;-)

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Cf aussi sur ce thème : Daech et les musulmans