Les Indignés du PAF

Abonné·e de Mediapart

226 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 avril 2014

Les Indignés du PAF

Abonné·e de Mediapart

Le JT de France 2, le journalisme et le service public

Les Indignés du PAF

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mise à jour: nous avons interpellé le CSA, le Ministère de la Culture et la Présidence de France Télévisions sur le sujet (avec notre avocat) le 30 avril pour manquement à la déontologie et au dialogue de la part de France 2... vous en saurez plus sur la réponse qui nous a été faite... à la fin de l'article! ;)


Le JT de France 2, le journalisme et le service public 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous tenons à préciser que nous avons un grand respect pour les dizaines de personnes qui travaillent à la réalisation d'un journal télévisé ou pour l’information en général. Nous le revendiquons clairement dans un texte que nous diffusons régulièrement : « Lettre à celles et ceux qui se battent pour l’information », consultable ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/120214/lettre-celles-et-ceux-qui-se-battent-pour-linformation.

Notre engagement depuis maintenant plus de deux ans est la preuve d’une chose : nous sommes des « amoureux de l’information ».  

Nous souhaitons, également, affirmer que nous n'avons aucun grief contre la rédaction de France 2 en particulier.  Ni contre aucune autre. Nous dialoguons avec franchise sur les questions de qualité de l’information et de déontologie du journalisme avec tous ceux qui le l’acceptent ou le souhaitent.

Il est essentiel, enfin, de rappeler que l’information est un enjeu démocratique fondamental. Si des cas simples, des sujets anecdotiques et aisément vérifiables comme ceux qui vont suivre, sont traités avec désinvolture par les médias, qu’en est-il pour des sujets beaucoup plus importants comme la désindustrialisation, l’emploi, les crises internationales et l’Europe?  

Nous ne sommes pas des journalistes. Nous préférons donc ne pas juger de la pertinence de la hiérarchie de l’information : cela nous serait, à juste titre, reproché. Nous faisons avec ce que l’on trouve dans les JTs : surimi, météorites, photographie… en espérant des jours meilleurs.  

Bonne lecture,

Pour les Indignés du PAF/ Les amoureux de l’info

Philippe Guihéneuf 


LES FAITS 

3 récents JTs de France 2 récents, tous à 20h : Dimanche 16 Février, Lundi 7 Avril, Mercredi 23 Avril. 3 présentateurs différents. 3 types d’erreurs très différents… Commençons par le plus récent et remontons dans le temps.  

Mercredi 23 Avril, la météorite et la fin du monde

La météorite meurtrière frôlant un parachutiste… n’était très certainement qu’une pierre tombant d’un parachute.

Problème grave de déontologie : pas de vérification de l’info, pas même a minima. Voire pire : mensonge par omission consciente puisque l’interprétation réelle des faits existait depuis le… 10 Avril (Le Nouvel Obs, Slate) et que, dès le 4 avril, sur le site de FranceTVInfos l’interprétation litigieuse de l’événement était mise en avant.

Globalement, le reportage traite d’une effective potentielle « fin du monde venue de l’espace » avec beaucoup d’approximations.

Le détail des faits par Florent Durand (sympathisant qui nous a alertés sur le sujet avec l’indignation légitime d’un passionné):

#F2 #JT20h, 23 Avril 2014: Alerte météorite: faut-il avoir peur de l'info?

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/240414/f2-jt20h-23-avril-2014-alerte-meteorite-faut-il-avoir-peur-de-linfo  

Lundi 7 Avril, le surimi

Une « grande enquête » sur le surimi cache la campagne de pub d’une grande marque.

Le présentateur annonce une grande enquête sur le surimi… le reportage présenté ne  se  consacre en fait qu’aux procédés d’une seule marque (de qualité)  dont le nom est présent plusieurs fois à l’image, sans être prononcé à l’antenne. Sont totalement omis de l’étude les contenus et procédés d’autres marques. Ce n’est donc pas une « grande enquête ».

Ce reportage coïncide avec le lancement d’une campagne nationale multi-supports (budget de 1,5 millions d’euros) pour la marque en question. Le lendemain de la diffusion du JT, on doit d’ailleurs visionner sa publicité pour le visionner en replay. Et des articles sont publiés sur le sujet dans plusieurs titres de PQR avec le reportage de #F2 à visionner sur les sites webs.

Nous sommes face à un flagrant et indiscutable mélange information/ communication.

Le détail des faits par Sabine Chevrier :

#F2 #JT20h, 7 Avril 2014: Lundi c’est Surimi, le publi-reportage du 20 heures de France 2

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/070414/f2-jt20h-7-avril-2014-lundi-c-est-surimi-le-publi-reportage-du-20-heures-de-france-2 

Dimanche 16 Février, la photo culinaire

Un sujet diffusé sur la photographie culinaire est le plagiat d’une enquête publiée dans un magazine professionnel sur la photo sans qu’aucune référence à la dite enquête soit faite... alors que l’équipe de tournage avait clairement donné sa source d’inspiration aux personnes interviewées.

Nous tenons à préciser que cette interpellation est venue de notre propre initiative. Nous en avons informé le magazine après coup.

Ce n’est pas excessivement dramatique : il n’y pas de mensonge quant à l’information elle-même. C’est juste très indélicat vis-à-vis des collègues journalistes.

Le détail des faits par Philippe Guihéneuf :

#F2 #JT20h, 16 Février 2014: quand la télé pompe le travail des journalistes papier

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/250414/f2-jt20h-16-fevrier-2014-quand-la-tele-pompe-le-travail-des-journalistes-papier

LES REPONSES DE FRANCE 2 

Nous avons interpelé le médiateur de l’information de la chaîne et les journalistes directement concernés sur ces différents points. 

Pour les météorites (JT du 23/04), nous n’avons pas encore de réponse. Nous avions alerté la rédaction (le médiateur et le présentateur) dès le lendemain de la diffusion. Une correction immédiate était donc possible (et même… souhaitable, bien évidemment). Elle n’a pas eu lieu.  

Pour le surimi (JT du 07/04), la réponse du médiateur est venue le 17 avril après relance,  soit 10 jours après. Elle est lapidaire: « En ce qui concerne le surimi visiblement le procès est fait et le verdict publié (en attendant l'exécution). Je n'ai donc plus rien à dire. » Aucune explication. Une accusation plutôt.  

Pour le reportage sur la photo culinaire (JT du 16/02), la réponse est une pépite de mauvaise foi. Elle est venue d’un rédacteur en chef adjoint  le 25 avril, un mois et 3 jours après notre mail. La référence au magazine (qui ne pose pas de problème en soi) est claire et l’équipe l’a reconnu au moment du tournage. Que la télé s’inspire de la presse professionnelle n’est pas nouveau et n’a rien de condamnable. Qu’elle la plagie sans le dire est beaucoup plus gênant.  Qu’elle mente devient une honte. 

Le mail du 25 avril à 17h55 émanant d’une adresse professionnelle et adressée aux Indignés du PAF nous reproche…:

- notre anonymat alors que nous communiquons par mail, avec nom, numéro de téléphone, que  nous avons été reçus une dizaine de fois à France Télévisions, que nous intervenons dans des écoles, organisons des débats, que nous avons été reçus à l’Elysée, Matignon, au Sénat, à l’Assemblée Nationale, au Ministère de la Culture, au CSA, au CESE…

- notre méconnaissance des techniques de travail (banques de photos, multitude des possibilités de recherche…) alors que c’est l’équipe elle-même qui a reconnu s’être inspirée du dossier (nous le redisons : ce n’est pas un problème)…

- notre harcèlement : 4 mails en un mois… et quelques tweets taquins dans le ton de ceux du destinataire…

- notre non-représentativité alors que nous avons désormais près de10.000 followers, des milliers de visiteurs de notre page FaceBook et de signataires de nos pétitions (dont la moitié des candidats aux dernières élections présidentielles)…

- notre mauvaise foi vis-à-vis du médiateur qui nous boycotte cycliquement. Aujourd’hui, c’est suite au surimi, la dernière fois, c’était suite à un « Envoyé Spécial » sur la Grèce. A chaque fois, une fronde se déclenche. Les médiateurs font ce qu’ils veulent. Cela ne nous empêche pas de continuer…

Le mail se termine par l’annonce d’une rupture de contact quel qu’en soit le support (mail, tweets…). 

Ca vous inspire quoi ?

A suivre… ;) 

Les Indignés du PAF/ Les amoureux de l’info

Philippe Guihéneuf, indigné (anonyme) 


La réponse du CSA nous est parvenue par mail le 2 Juillet dernier... pour la lire, il faut aller vers cet article que nous avons mis en ligne un peu plus tard:

"Mentir n’est pas manquer à la déontologie, selon le CSA"

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/150714/mentir-n-est-pas-manquer-la-deontologie-selon-le-csa

-- 

Les Indignés du PAF/ Les amoureux de l'Info

Sur FaceBook et Mediapart: "Les Indignés du PAF" 

Sur Twitter @IndignEsDuPAF

www.lesindignesdupaf.info

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.