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Billet de blog 26 septembre 2008

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Le Sauveur et le Wasif de MediaVU’

Oui ! Je persiste à crier « Viva MediaVU’ ! » Pour être plus vu, Mediapart parie sur des plumes et sur des photographes. C’est intelligent. En français, les quotidiens d’information générale n’ont pas actuellement de véritable politique photo. Mediapart en esquisse une où numéraire et numérique sont dans le même bateau.Munem Wasif en conférence à Visa pour l'image - Perpignan 08Photographie Geneviève Delalot

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Oui ! Je persiste à crier « Viva MediaVU’ ! » Pour être plus vu, Mediapart parie sur des plumes et sur des photographes. C’est intelligent. En français, les quotidiens d’information générale n’ont pas actuellement de véritable politique photo. Mediapart en esquisse une où numéraire et numérique sont dans le même bateau.

Munem Wasif en conférence à Visa pour l'image - Perpignan 08

Photographie Geneviève Delalot

Il y a sur le web une place à prendre. Certes une ou deux expériences, même avec un David Sauveur ou un Abdul Munem Wasif, ne suffise pas à Mediapart pour se forger une réputation. Il faut du temps, de la diversité et un poil de nez. (Je ne parle pas de moustache).

Du nez, pour le moment, la rédaction en a, avec son partenariat avec l’agence VU’. Elle en a aussi, et c’est important, en envoyant Patrick Artinian ausculter les USA en crise, avec appareil photo, micro et caméra. De cette série on reparlera.

Du nez, il y en a quand, après l’Afghanistan en pays des milles et une nuits, ou plutôt en mille et une couleurs numériques, voilà le pays oublié d’un farfadet bengladhi Abdul Munem Wasif, en noir et blanc. N&B numérique, lui aussi !

J’ai déjà dit ici, tout le bien que m’a fait, à « Visa pour l’image – Perpignan » la vision de l’exposition d’Abdul Munem Wasif. Une symbiose avec ses sujets servie par un cadrage rigoureux, poivré d’une fantaisie que l’on lit dans son regard. Ça vous émeut sans vous secouer comme un prunier tel « La route de la soie, pipeline de la drogue » de Stanley Greene de l’agence Noor, un reportage publié par le magazine « Russian Reporter ». 350 € pour des images de drogués qui se piquent dans un souk de Kaboul… « Puech, t’es maboul ! » « 386 € le deuxième shoot, t’es ouf ! »

Une des photographies de Munem Wasif exposée à Visa qui ma touche particulièrement.

Photographie Abdul Munem Wasif de l'agence VU.

J’ajoute que le choix de mettre en vente des tirages de Munem Wasif - déjà remarqué par les hommes du World Press, et de plusieurs publications de qualité photographique, est extrêmement judicieux de la part de MediaVU’ :

1/ La photographie s’ancre historiquement dans le N&B. C’était jadis la seule technique dont on disposait. C’est aujourd’hui le label d’une photo « chic ». Dans un salon ou un bureau, ça classe. Raison pour laquelle, jusqu'à il y a peu, seuls nos grands maîtres du N&B faisaient recette dans les galeries de Los Angeles ou de Tokyo. La couleur était alors réservée au domaine : Art contemporain.

2/ Exposer dans MediaVU’ le jeune Abdul Munem Wasif, c’est – je m’excuse d’insister – proposer un bon investissement aux collectionneurs, et, c’est pour tous les acheteurs un coup de pouce pour l’avenir de ce photojournaliste, qui comme tous, ne roule pas sur l’or. Un tiers du prix va au photographe, ne l’oublions pas. Donc Bravo.

« La photo c’est beau. »

Tout le monde a tenté, au moins une fois dans sa vie de "prendre" une photographie. Et, sauf les génies et les chanceux, il est difficile de sortir une image qui reflète à la fois ce qu’on a vu, et ressenti au moment de la prise de vue. Capter la lumière, jouer avec les ombres, faire danser les nuances de gris ou de couleur… Il faut être un maître.

Si vous voulez aller plus loin…Ajouter au nom de photographe, celui de photojournaliste, il ne vous suffit pas d’appuyer sur le bouton, encore faut il que votre objectif se braque sur un sujet d’actualité.Même pris au sens large, cette actualité là, exige que vous en rendiez compte avec le plus d’honnêteté. Seul l’objectif existe, pas l’objectivité.

Quand j’entend David Sauveur commenté pour Sophie Dufau la première double page de son portfolio sur MediaVU’, je sursaute :

« La lumière qu’il y a. Je ne veux pas trop rentrer dans les détails car c’est aussi mes secrets de photographe. Globalement, il y a l’altitude qui fait qu’on est entre 2000 et 2500 mètres. Dans ces altitudes là on a beaucoup d’UV…/…on a une lumière particulière. Il y a aussi beaucoup de poussière …/… Ensuite ce sont des images numériques donc j’ai un peu retravaillé mes fichiers en fonction de cette lumière là…. /… Je pars du principe que le numérique c’est fait pour être retravaillé. Il y a encore beaucoup de photographes qui travaillent en numérique comme en argentique. Moi ce n’est pas mon cas, mes fichiers matrices ne sont pas beaux. Le but du jeu n’étant pas d’avoir une image exploitable mais d’emmagasiner le maximum de données. Je fais des fichiers assez moches, assez gris, ensuite ils prennent leurs couleurs quand je les ai retravaillés. »

J’ai également sursauté, au moment ou j’ai appris qu’Abdul Munem Wasif ne travaillait pas en argentique, comme – bêtement – je l’avais pensé en visionnant l’exposition, mais en numérique. Son choix du N&B est purement esthétique.

Je sursaute, non parce que d’autres lumineuses photographies de l’Afghanistan de Sabrina et Roland Michaud de l’Agence Rapho-Eyedea, ou celles du continent indien d’Henri Cartier-Bresson ont été réalisées – évidemment - dans un argentique qui ne supporte comme « process » d’amélioration que la virtuosité des tireurs de laboratoires photographiques ; mais parce que cette nouvelle photographie numérique permet tous les écarts avec la réalité. On le sait. On le dit. On a aussi tendance à l’oublier.

Face à cette question Philippe Charliat, ancien directeur artistique de nombreux hebdomadaire et photographe expérimenté, s’exclame : « Depuis le temps que je dis qu’il faut signer les photos en précisant la technique utilisée ! »

David Sauveur, Munem Wasi font assurément de la photographie, du photojournalisme également. Mais jusqu’où s’aventurer avec Photoshop ?C’est un débat.

Michel Puech

Tous droits réservés

La photographie de Munem Wasif est extraite du reportage numérique de Geneviève Delalot, du collectif Photos.Neteyes.fr

Dernière minute :

A propos de ma question sur l'utilisation de logiciel de retouche d'image numérique, on peut lire les aventures de "la troisième jambe" du Président Nicolas Sarkozy figurant sur une photo de Pascal Rostain dans Paris Match en date du 17 septembre 2008. Lire entre autre sur le sujet Le Figaro

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