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Billet de blog 9 juin 2013

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La séparation des banques actuellement votée au parlement est une plaisanterie.

La prise de position de Marie-Noëlle Lienemann puis sa commission d'enquête au sénat, furent une tromperie.

La seule question est la sanctuarisation des banques coopératives, à l'écart des banques commerciales. La séparation entre les utopistes porteurs d'espoir et de solutions et la finance vorace qui n'a pour objectif que de se gaver.

La séparation entre la Croix Rouge et les usines d'armement.

Ci-après, sans correction, le commentaire déposé fin août 2012 à l'occasion d'une ébullition sur dix blogs médiapart (« La ratification des traités européens rendra impossible toute séparation des activités financières »).

Séparer banques coopératives et banques d'affaires.


Époustouflant tous ces billets sur LE sujet ! Dix ? Quinze ? Plus ? Avec un tel tir groupé, une telle action en meute, il doit quand même être possible d'attraper les banksters aux mollets !


Beaucoup de choses justes, d'informations exactes, d'analyses pertinentes (en particulier chez Art Monica et Marie-Caroline Porteu) pour une question plus qu'importante. Et une documentation considérable. Et une urgence. Bravo et merci.
A l'arrière-plan : la concentration du pouvoir entre les mains d'une oligarchie qui a tous les moyens pour tout contrôler. La résistance est évidemment plus qu'indispensable. Personnellement, je m'intéresse à ce qui est réalisable concrètement, immédiatement. Pas flamboyant mais efficace. Au plus près.


Par ce commentaire, déposé sur chaque fil concerné (veuillez excuser le procédé mais l'occasion est exceptionnelle, je profite de la déferlante), j'attire donc l'attention sur un point pour moi essentiel : la banque idéale des particuliers c'est la banque coopérative bien gérée par ses sociétaires.


La question ne devrait pas être celle des intérêts et des demandes éventuelles des banques d'affaire... mais celle des droits indiscutables des sociétaires-propriétaires des banques coopératives. Les banques des particuliers, les banques de dépôt, en France, ce sont avant tout les banques coopératives régies par la loi fondamentale du 10 septembre 1947. Par philosophie, elle sont sans but lucratif (redistribution des excédents / barème égalitaire). Il ne faut pas créer des banques coopératives mais faire respecter la loi pour celles qui existent et les promouvoir.


Le dossier des traités européens est plus large, évidemment, que celui des seules banques coopératives. Mais il n'y a rien à espérer si la loi française n'est pas en premier lieu respectée pour ce pan essentiel de la finance.


Il faut sanctuariser les banques coopératives qui doivent fonctionner avec leur logique propre (finance alternative, éthique) sans être pillées par les voyous des banques d'affaires. L'argent des sociétaires est fait pour être prêté aux sociétaires. C'est la vérité basique. Et les banques coopératives ne peuvent pas être des banques d'affaires, êtres liées à des banques d'affaires. C'est contre-nature.


La question centrale n'est pas de préserver la possibilité de séparer à l'avenir banques de dépôt et banques d'affaires, mais de faire respecter – dès ce jour – la spécificité des banques coopératives. Par nature, elles ne peuvent pas être mélangées avec les banques d'affaires. Il y a incontestablement une menace de la réglementation européenne. Il y a surtout une réalité installée et inacceptable. C'est là où il faut agir sans dérobade.


Les banques coopératives dépendent d'une autre logique et d'un autre corpus  (sociétés de personnes), elles doivent être traitées « à part ». Mais, pour cela, doivent rester « à part ». C'est le premier des combats. S'il est perdu, il devient impossible de contrôler le système financier. Sur ce point, les positions de Marie-Noëlle Lienemann posent problème.


Son rapport au Sénat (25 juillet 2012) peut être un socle pour agir... à condition de forcer la main des rapporteurs (cf. mon billet du 1er août et celui de Michel Abhervé / Alternatives Économiques, entre autres).


Marie-Noëlle Lienemann écrit (bas de la page 78 du rapport) : « En tout cas, au regard des années récentes, se pose de fait la question de la gouvernance des banques coopératives : ne faudrait-il pas la recentrer sur les valeurs et les finalités coopératives tout en sachant que le problème est complexe (si les banques françaises se retirent de la haute finance, ce sont les banques anglo-saxonnes qui récupéreront leurs parts de marché, ce qui n'est guère envisageable !) ».


En clair : laissons faire dans l'intérêt supérieur de la nation ! Déplorons la confiscation et le pillage, plaignons les sociétaires, mais... laissons faire les profiteurs !
Ce parti-pris d'impuissance est inacceptable : il est possible et indispensable de séparer banques coopératives et banques commerciales. Il suffit de faire respecter la loi.
Il est surréaliste de s'inquiéter du poids de l'Europe (qui empêcherait un fonctionnement « moral ») tout en renonçant à agir chez soi, à domicile, là où les leviers existent et où l'on est en charge.

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