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Billet de blog 28 octobre 2014

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La petite séquence paysanne : «La nuit céleste et poésie d’assoiffés»

        La lune au zénith pleine et angélique, scintillante d’éclats de cristal, diffuse sur la campagne endormie sa lueur fantomatique et mystérieuse de rêverie féérique. Un vol de chauve-souris, une nuée de lucioles éphémères et légères, hibou au loin hulule. Les deux phares d’un véhicule s’égarent dans une interminable ronde noctambule. Surgit des cimes le monstrueux vaisseau, l’immobile voyageur et improbable refuge salvateur, imposant son ombre de nulle part, sans gène ni peine à éteindre la lumineuse nuit des Monts d’Arrée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

        La lune au zénith pleine et angélique, scintillante d’éclats de cristal, diffuse sur la campagne endormie sa lueur fantomatique et mystérieuse de rêverie féérique. Un vol de chauve-souris, une nuée de lucioles éphémères et légères, hibou au loin hulule. Les deux phares d’un véhicule s’égarent dans une interminable ronde noctambule. Surgit des cimes le monstrueux vaisseau, l’immobile voyageur et improbable refuge salvateur, imposant son ombre de nulle part, sans gène ni peine à éteindre la lumineuse nuit des Monts d’Arrée. La ténébreuse lanterne de l’usine traine de sa vague boueuse, sonde vorace d’un incessant chantier nocturne. Les farfadets et autres lutins ne vont plus tarder à déguerpir des marécages voisins.

       A l’extérieur de l’entrepôt, le temps semble s’être arrêté. Les pluies de ces derniers jours ont drainé dans leur sillage une couche de boue blanche et crasseuse qui recouvre les abords du chantier. Une brume épaisse et blanchâtre s’élève en s’échappant des entrailles de la terre.

      Dans les vestiaires, les heures s’éparpillent lentement. L’horloge indique 1h31 du matin. Bob est face à Koant, qui depuis un moment somnole, sa mèche rebelle recouvrant le visage. Bob suçote son bol de café, le repose d’un geste lent tout en feignant de lire et relire le journal local, tournant et retournant sans cesse les pages du quotidien.

Bob songeur à son camarade: « Va finir par piquer un roupillon. » ….sombre à son tour

Bob chanteur de rêve en complainte

- La nuit, nous, nous étions les rois

- Tous les autres plongés dans leur sommeil

- Pendant que nous ici à tout surveiller

- Et sans trop bosser

- Les manettes et commandes à notre portée

- Bref ! Les rois du monde….

- Les gardiens de la nuit!

- Mais Il n’y a jamais trop de vie la nuit

- Pour Koant d’ailleurs sa vie à lui, comme il disait, ce n’est pas ici

- Et surtout pas la nuit à l’usine.

- Non sa vie à lui s’est plutôt ses poulets et sa petite ferme

- Il n’est pas le seul dans ce cas, au petit matin après sa « garde ! »

- Il lui faut nourrir ses volatiles

- D’autres souvent retapent baraque ou maison

- A qui veut un bull, et les gars du syndicat s’occupe de toi …

- Ils sont bons au syndicat

Sursaut et de retour aux vestiaires, Bob s’éveille de ses pensées….Koant, dormeur sonore: « rroonnhh !!!- - rroonnhh !!! .

Bob songeant : « Va finir par piquer un roupillon »

Depuis un bon moment ils n’ont pas échangé de paroles, Koant s’est engourdi, laissant Bob à sa méditation. Rien ne vient troubler le lent cliquetis de l’horloge des vestiaires. Par moment Bob, cligne de l’œil. Tout au loin de cette nuit d’ombres, une motocyclette pétaradante s’approche.

Une exclamation.  Cotonnec Jean et Jacques : « Aïe Aïe Aïe!!! » …Crack ! Bruits de mécanique pliée.

Cotonnec Jean et Jacques : «Aïe Aïe Aïe!!! »  Puis un grand bruit fracassant d’une chute, un moteur s’emballe… « Meuuuuuu…. »

Bob : « Eh ! Eh ! Koant, on a de la visite »  tend l’oreille ; « Koant ! Koant on a de la visite » Le bousculant délicatement du bout du doigt.

Cotonnec Jean : « Putain, mais qu’est que t’as foutu bordel !…Fais gaffe à la boutanche!!! »

Engoncé après la chute, mais tourmenté surtout par la soif, les genoux dans la gadoue

Cotonnec Jean : « Mais elle est où ? » Il se lève péniblement, « Mais tu l’as mise ou la boutanche »

Cotonnec Jacques : « Fais pas chier !!! .. T’es pas à Agadir ici ! T’as vu la bécane ! Hé ! Couillon »  «Il est couillon, le frangin …! »

A nouveau, l’éclat dans le regard de Bob augure d’une bonne partie de rigolade. Ils reconnaissaient les deux comparses qui tentaient de rejoindre leur baraquement. A plusieurs reprises on devinait, leurs glissades, rattrapages, et autres jurons.

Cotonnec Jacques : « Oh ! Désert céleste et sauvage…. Ta grandeur n’a d’égale que ta magnificence beauté….il nous tarde de retrouver ta grande sérénité » Bob déjà sur le pas de la porte, éclate de rire. Il invite les deux frères à venir se dérober des regards indiscrets, les fait rentrer dans les vestiaires.

Bob : « Le boss y peut se pointer et avec votre cuite, feriez mieux de vous planquer »

Koant réveillé par le boucan, s’étire en baillant et rigole de voir nos deux soulots maculés de boue blanche, bouteille en main, clope au bec, gesticulant maladroitement.

Ellipse….

Quelques lampées plus tard nos quatre protagonistes, assis au tour de la table, se passent tour à tour un pétard volumineux, des nuées de filets de fumée bleutées diffusent un doux parfum exotique et planant. Koant libéré de sa torpeur, verre à la main, balaye d’un geste répulsif le pétard que lui tend Cotonnec Jacques, la discussion est animée et joyeuse, enflammés les voyageurs de la nuit s’égarent dans des causeries lyriques et poétiques.

Dans leur conversation les frères Cotonnec se vantent du travail au black bien payé, ainsi qu’à leur futur voyage en Afrique « En ! (Hésitations) En ! Peugeot, une comme celle là ! » Désignant du doigt la direction du parking de l’usine.

Les lascars prépareraient-ils un coup ? Mots mâchés quasi inaudibles, on devine la complicité de Bob avec les deux Frangins, au moment où Koant revient d’avoir changé l’eau au poisson. Une conversation si discrète mais que l’on tarde à abréger, l’air soupçonneux et coupable.

L’horloge a depuis fait un bond sot,  il est 3h.32.07s - 08s – 09s – 10s –11s - - - - -

Fondu sur le cadran.

 à suivre :

Les précédentes séquences :

La petite séquence paysanne : La partie de domino

30 août 2014 |  Par Patrig K

En quittant le hameau, les deux compères voguent en noctambules,  longeant le ruisseau, puis parviennent à l’extrémité d’un canal là ou l’écluse est restée bloquée, empèchant l’écoulement en apprivoisement d’eau de l’usine.

La petite séquence paysanne: Pierre et le veau rouge

30 août 2014 |  Par Patrig K

Suite à une alerte en pleine nuit, une panne à l'usine de kaolin en Berrien, les gardiens de la nuit, comme ils aimaient à se vanter d'en etre, sont appelés à remédier au problème, une écluse d'amenée d'eau serait restée bloquée par des détritus brassés par les pluies torentielles de ces derniers jours. Bob et Koant sont à la manoeuvre.

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