A contrario du sirop de poire ambiant, Dominique de Villepin dénonce le "massacre perpétré à Gaza" par Israël et il demande l'interposition de l'ONU ainsi que des sanctions contre l'Etat hébreu, dans Le Figaro d'aujourd'hui ("Dominique de Villepin : Lever la voix face au massacre perpétré à Gaza").
L’armée israélienne a déjà tué 1.450 personnes, dont 242 enfants selon l’Unicef, et fait plus de 8.300 blessés, en grande majorité des civils et l'ancien premier ministre affirme, à l'opposé de la fable de Manuel Valls et de François Hollande, que " Oui, il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes, comme en ont témoigné de nombreux officiers et soldats israéliens écœurés par le rôle qu’on leur a fait jouer ".
" Comment comprendre aujourd’hui que la France appelle à la « retenue » quand on tue des enfants en connaissance de cause ? … Comment comprendre que la première réaction de la France, par la voix de son président, soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d’Israël ? ".
L'ancien diplomate rappelle surtout que " Il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre", s’insurge l’ancien Premier ministre qui estime qu’Israël "ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier (qu’il) assassine ces derniers ".
Constatant l'abdication de Manuel Valls et de François Hollande face à Benyamin Netanhyaou, il déclare que "Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Gaza, c’est aujourd’hui, je l’écris en conscience, un devoir pour la France" et il déplore que "par soumission à la voix du plus fort, la voix de la France s’est tue, celle qui faisait parler le général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours, celle qui faisait parler Jacques Chirac après la deuxième intifada".
Voyant l'état de déréliction de la diplomatie française sur le dossier palestinien, il le dénonce en disant que " Il n’y a aujourd’hui ni plan de paix, ni interlocuteur capable d’en proposer un", regrette-t-il en dénonçant l’absence de "partenaire en Palestine … Il n’y a plus de partenaire pour la paix en Israël … il n’y a plus non plus de partenaire sur la scène internationale " et appelle à réagir en proposant des sanctions contre Israël. " Cela passe par un vote par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution condamnant l’action d’Israël … Cela signifie concrètement d’assumer des sanctions économiques ciblées et graduées " et une "interposition" par "la mise sous mandat de l’ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, avec une administration et une force de paix internationales."
(Source Photo : Today in Gaza)
Ce que propose Dominique De Villepin est tout à fait envisageable.
La France est membre permanent du Conseil de sécurité.
François Hollande a le pouvoir et l'obligation de saisir le Conseil de sécurité.
François Hollande s'est engagé publiquement à le faire :
"Siéger au Conseil de sécurité, ce n’est pas jouir d’un privilège au nom de l’histoire. Pas davantage satisfaire une ambition liée à la puissance économique. Siéger au Conseil de sécurité, c’est prendre l’engagement d’agir pour la paix dans le monde." François Hollande, ouverture de la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 25 septembre 2012 (source : site officiel de la représentation permanente de la France auprès des Nations-Unies).
Robert Longo Now Everybody
L'électorat aura remarqué qu'il arrive que François Hollande oublie ce qu'il s'est engagé à faire dans ses discours. Cela est d'autant plus probable quant il ne les écrit pas lui-même et qu'il lit des idées qui ne sont pas de lui.
Mais là c'est différent.
Ce n'est pas une campagne électorale.
Les déclarations publiques d'un chef d'Etat ou d'un ministre ont une valeur juridique en droit international et il s'est exprimé devant les Nations-Unies, régie par le droit international.
En effet, une déclaration unilatérale engage internationalement l‘État si elle émane d‘une autorité ayant compétence à cette fin.
En acceptant l'hypothèse que François Hollande soit compétent, il a donc ainsi publiquement engagé la France à intervenir pour la Paix selon les Principes directeurs applicables aux déclarations unilatérales des États susceptibles de créer des obligations juridiques et " Une déclaration unilatérale qui a créé des obligations juridiques à la charge de l‘État auteur ne saurait être arbitrairement rétractée. "
S'il ne le fait pas et laisse Manuel Valls dans son interprétation univoque des faits, l'histoire risque de le retenir comme le Daladier de la Palestine, le complice de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
Persister à cautionner des violations du droit pénal international n'est pas politiquement cohérent ni moralement acceptable quand on préside aux cérémonies rappelant le devoir de mémoire et la responsabilité de l'exécutif dans le mépris de la dignité humaine. On ne distingue pas dans la dignité humaine. Elle est universelle.
« Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire »
La tribune de Dominique de Villepin pose encore une fois la question de la pertinence du comportement de MM. Valls et Hollande, dont les déclarations et les sophismes montrent qu'ils ne sont pas à la hauteur.
En plus de la finance, où ils sont largués et se laissent mener par le bout du nez, ils n'y connaissent rien au droit international.
Au boulot Pépère. Descends du scooter...
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Sur LCP :
http://www.lcp.fr/actualites/politique/162410-gaza-villepin-denonce-le-massacre-perpetre-par-israel
Mise à jour :
Au mépris du droit des conflits armés et des droits humains fondamentaux 01 août 2014 | Par Les invités de Mediapart
Plus de 300 professeurs de droit international et experts en droits de l’homme appellent la communauté internationale à agir pour mettre fin à la « punition collective » de la population civile dans la bande de Gaza par Israël et pour établir les responsabilités de tous ceux impliqués dans les violations du droit international.
A travers le monde, la solidarité avec Gaza
Les mobilisations en faveur de Gaza se multiplient à travers la planète pour dénoncer l'agression israélienne qui a fait depuis le 8 juillet au moins 1 640 morts côté palestinien. À Paris ce samedi, à Londres, mais aussi à Kuala Lumpur ou à Berlin, ils étaient des milliers à descendre dans la rue ces derniers jours. Tour d'horizon des manifestations de solidarité avec les Gazaouis.