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Billet de blog 10 mai 2012

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Fin du syndicalisme policier de droite ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est temps de dénoncer la manipulation de la police par les syndicats "majoritaires". Ces gens faisaient la fête avec Claude Guéant encore très récemment. Leur contestation soudaine est étonnante. Quel est ce brusque réveil ? L'élection de François Hollande signale plutôt la fin de "l'état de grâce" de Synergie, Alliance, SGP FO

L'article de Louise Fessard " Policiers : «Il n'y aura pas d'état de grâce pour Hollande» " montre que le syndicalisme policier est de droite ; ou, plutôt, finit de le démontrer, tant les indices de ces dernières années se sont accumulés.

La police n'est pas passée dans l'opposition, mais seulement ses syndicats dits "majoritaires".

L'agressivité policière à l'égard de François Hollande, avant même qu'il ait pris une décision ou dit un mot, était prévisible avec des syndicalistes comme M. Beschizza , président de Synergie officier CGC, qui occupe un mandat politique à l'UMP.

Pour mémoire, les positions progressistes de ce syndicaliste sur la garde à vue : "Un appel scandaleux" selon Bruno Beschizza de Synergie. Se rappeler aussi les arguments syndicaux pour défendre le fichier Edvige.

Les policiers n'ont pas manifesté de réprobation contre celui qui, censé les défendre, est passé chez le patron au nom de la "chaîne hiérarchique solidaire". L'expression n'a scandalisé que Sud.

Dans le même esprit de "solidarité", le SNOP est devenu le "syndicat des cadres de la sécurité intérieure" (une appellation appréciée par Claude Guéant qui fit adopter en catimini un code du même nom) intégrant deux corps, celui des officiers et celui des commissaires, les seconds commandant les premiers.

Les policiers français doivent être les seuls travailleurs au monde à avoir des syndicats qui proclament publiquement leur solidarité avec leur patron, qui les sanctionne.

Il est aisé d'imaginer la crédibilité des procédures disciplinaires et la défense des policiers par leurs organisations "majoritaires" dans le cas de mises au placard (cf. le commandant Pichon).

Les scandales sur l'IGS finissent de lever le doute.

La vérité dépasse la fiction.

Les mouvements d'humeur d'aujourd'hui des policiers sont d'autant plus étonnants que les syndicats "majoritaires" n'ont pas été très véhéments avec l'ancien président, fossoyeur des droits sociaux

Ils ont cautionné la discrimination syndicale, se prêtant à un jeu d'influences qui s'est fait au détriment de la défense des acquis sociaux et de la qualité du service public.

Les dix dernières années montrent donc qu'un tel syndicalisme "majoritaire" ne se préoccupe pas de la défense des intérêts particuliers et collectifs de ses adhérents, ni des justiciables.

C'est grave. Parce qu'une telle négligence emporte de lourdes conséquences.

La police est le premier échelon de la machine judiciaire et ses conclusions sont souvent déterminantes, mêmes si elles sont contraires à l'évidence ou au droit (voir l'affaire Adlène Hicheur, ou l'affaire de Tarnac).

Comment réclamer du civisme ou de la conscience citoyenne quand l'institution qui en réclame des autres en manque ?

Il faut se remémorer les leçons de l'histoire. Sont-elles enseignées lors de la formation ?

Le but d'une société selon Rousseau est d'assurer le bien-être général.

Où sont le souci du bien-être général, le progrès social dans ces manifestations subites de policiers ? Il n'y en a pas.

Elles amènent plutôt à s'interroger sur la nature réellement "syndicale" de ces organisations qui se sont durablement compromises aussi ouvertement avec le pouvoir, malgré, certains s'en souviennent, les critiques de Nicolas Sarkozy contre les "corps intermédiaires" qui s'impliqueraient dans les choix politiques.

Deux poids, deux mesures.

Il est assez évident, que pour l'UMP, les syndicats "majoritaires" de la police sont comme le Médef, des institutions qui, manifestement, n'ont rien d'intermédiaire.

Ce sont des supplétifs.

Reste à savoir qui est le supplétif de qui ?

L'obéissance aveugle, la soumission à l'autorité, la domesticité publique que le pouvoir UMP a tenté d'imposer dans la fonction publique avec une énergie redoublée contre tout ceux qui témoignent d'une certaine indépendance intellectuelle ou d'un début d'esprit critique ne laisse aucun doute à propos du syndicalisme policier.

L'affaire Merah a permis d'apprendre que les journalistes étaient informés du déroulement des opérations par ces syndicalistes. Quelle drôle de conception du syndicat. Depuis quand des délégués du personnel font la communication de l'employeur ? C'est ce qui se fait dans la police. Les syndicats policiers "majoritaires" sont des affidés.

En revanche, à propos du Médef, il est permis de s'interroger sur le sens du lien de vassalité avec l'UMP. Laurence Parisot ne paraît pas être une femme à se laisser faire, ... comme Angela Merkel.

Cela fait donc des années que les conditions de travail dans la police se dégradent et ce n'est que maintenant que ces syndicats de réveillent.

Ils ne sont pas crédibles.

La mascarade témoigne de leur mépris de la défense des droits sociaux, qui sont des droits de l'homme. Cela finit par établir l'incapacité de la police à intégrer les droits fondamentaux dans son fonctionnement.

Tous les syndicats peuvent utilement invoquer :

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

Charte sociale européenne

Charte des droits fondamentaux

Ces textes s'imposent à la France qui les a ratifiés. Il sont contraignants.

Le syndicalisme "majoritaire" policier ne les invoque pas. Il semble incapable de s'extraire des bulletins officiels ou circulaires et manquer de culture juridique ; ou tout simplement d'un brin de bon sens.

Il y a de l'indécence dans sa négligence à s'alarmer sur les véritables enjeux sociaux en considération de la sinistralité persistante de la profession où le suicide fait bien plus de victimes dans ses rangs tous les ans que la lutte contre la délinquance. Et que personne n'appelle à descendre dans la rue... Quel paradoxe !

Les policiers souhaitant voir leurs doléances prises en considération doivent donc changer leur représentation professionnelle.

Ils ne peuvent pas espérer sérieusement être entendus par le nouveau gouvernement s'ils confient la défense de leurs intérêts à des syndicats qui se sont ouvertement et durablement compromis avec le pouvoir sarkozyste, sans passer pour des opposants systématiques comme ils en donnent l'impression.

La photo supprimée est visible sur Photoblog d'Henry Behar

Le bilan social déplorable actuel de la police montre que les policiers ne perdraient rien à changer en choisissant d'autres organisations (ex. : CGT, SUD).

L'élément positif de l'arrivée de François Hollande au pouvoir est de rétablir l'égalité entre les organisations syndicales en mettant fin au favoritisme des organisations conservatrices.

Ce n'est pas de François Hollande dont dépend "l'état de grâce" dans la police, mais des policiers eux-mêmes ; en décidant de renvoyer leurs syndicats "majoritaires" coresponsables de la baisse des effectifs et de l'évolution des méthodes de travail, ...

Le progrès social dans la police, trop longtemps méprisé, est un facteur déterminant de la réconciliation de cette institution avec la population.

La fin du mépris hiérarchique et de la comptabilité du résultat dépasse la seule dimension interne de l'institution.

Un policier bien dans sa peau est un policier qui respecte les autres et ose appliquer la loi dans le sens le plus juste. Cela n'a jamais été un souci de l'institution ni des syndicats dits "majoritaires".

Leur discours s'est caractérisé par une opposition systématique au progrès en reprenant à leur compte un renforcement de l'appareil répressif (ce à quoi aboutit la présomption de légitime défense qu'ils réclament), au détriment de l'humain, tant dans la police que dans ses rapports avec la population.

La mentalité de ces syndicat conservateurs favorisent les tensions et les "bavures".

Ils manipulent aujourd'hui des agents contre le nouveau président pour tenter de masquer leur responsabilité dans la situation déplorable dans laquelle ils ont mis ces agents.

Reste à ces mêmes agents de faire un choix différent aux élections professionnelles.

A eux de voir.

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