L'actualité des Roms rappelle qu'Evry est la ville du directeur départemental de sécurité publique qui avait adressé un rapport au ministère pour s'inquiéter du manque d'outil juridique suffisamment efficace pour mettre en oeuvre la circulaire anti-Rom de Brice Hortefeux.
Carine Fouteau de Médiapart y avait consacré un article détaillé " Circulaire sur les Roms: la hiérarchie policière s’en était emparée !" le 31 janvier 2011 : " Signée le 5 août 2010 par le ministère de l'intérieur, la circulaire sur le démantèlement des camps visant expressément les Roms a été annulée le 13 septembre 2010 par Brice Hortefeux car, désignant une population en fonction de son origine ethnique, elle est apparue discriminatoire.
Pourtant, elle a été mise en œuvre par des représentants de l'État. Dès sa diffusion, la machine administrative française s'est mise en marche, sans qu'aucun préfet s'interroge, publiquement tout du moins, sur la légalité du texte. Au contraire, il semble que certains hauts responsables, notamment dans la police, aient cherché à l'appliquer avec zèle. C'est ce que révèle un document inédit, daté du 16 août 2010, que Mediapart s'est procuré (pour le consulter, cliquer ici). "
Une telle circulaire aurait du éveiller la circonspection. Le rédacteur de la note qui la commente témoigne d'aucune retenue et même d'une certaine négligence ou ignorance des principes fondamentaux du droit (voir les commentaires après l'article). Ce fonctionnaire a également initié la délation anonyme par internet en prétextant : " Il faut vivre avec son temps ".

Ce fonctionnaire va avoir de la promotion, en étant pressenti par le ministre de l'intérieur pour devenir le chef de la police de Lyon, la deuxième ville de France après Paris.

Il est illusoire de dénoncer les bavures de la base avec de tels dérapages au sommet, qui, plus est, sont récompensés. La sanction du lampiste est vaine si l'impunité caractérise les échelons supérieurs.

La note du directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne témoigne d'une dérive importante que condamne le président de la République.
François Hollande a dénoncé le 22 juillet dernier l'absence d'esprit républicain dans la police. Manuel Valls était présent à cette cérémonie.

La note mise en ligne par Médiapart est d'autant moins conforme au souci républicain que la circulaire a été jugée illégale et qu'elle a été dénoncée internationalement comme telle.

Il faut tirer les leçons de l'histoire, à moins de vouloir convaincre l'opinion que les déclarations politiques, à commencer par celles du chef de l'Etat, sont dénuées de valeur.
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Enfin, le ministre de l'intérieur n'est pas un "premier flic de France" (1). A-t-on entendu un autre ministre se proclamer "premier agriculteur de France" ou "premier magistrat de France" ?


Son rôle est inverse.
Il impose une politique pour l'insérer dans une vision globale, qui dépasse la seule police. Cela semble d'autant plus nécessaire quand la police paraît éprouver des difficultés à saisir l'évolution politique récente et appréhender la légalité au-delà des notes de service.
Les conseillers de Manuel Valls le fourvoient s'ils le laissent se réduire à un rôle de "flic". Un ministre n'est pas un exécutant administratif.
Son action est politique. Elle se traduit par les hommes, les mentalités et les idées qu'il désigne pour exécuter le programme issu du suffrage universel. Les syndicats de police n'ont pas cette légitimité.

Le ministre est donc le responsable devant la Nation des comportements de l'institution. C'est la différence avec un "flic", qui ne répond, lui, que de son seul comportement. Et encore...
Cette responsabilité fait que le ministre tranche et arbitre dans le sens de l'intérêt général et du respect de la loi, qui est le seul ordre républicain. Il se doit de le rappeler dans un ministère qui ne semble pas en être convaincu, comme l'illustre la note du directeur de la sécurité publique de l'Essonne.
Un bon ministre de l'intérieur n'est pas celui qui met la France au garde-à-vous, mais la police au service des Français.

Un ministre socialiste se distingue d'un ministre de droite en faisant prévaloir le respect de la dignité humaine sur le droit de propriété. C'est, semble-t-il, l'appel que lui lancent Madame Taubira et Monsieur Le Foll dans leur tentatives à faire avancer le dossier.
Monsieur Valls peut compléter son cabinet avec quelques personnes sensibles aux droits de l'homme. Il est possible de pallier une éventuelle absence de buget en ouvrant son cabinet à des observateurs bénévoles de la Ligue des droits de l'Homme.
Le rôle du ministre de l'intérieur est d'assurer la sûreté des Français et non l'ordre public. La sureté est un droit de l'homme. Il était un temps où il existait une "sureté nationale".
Vichy a créé entre temps l'appellation "police nationale". Qui est restée.

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(1) "Premier flic de France" est dramatiquement connoté et devrait conduire Monsieur Valls à abandonner cette expression, plus encore après le discours de Monsieur Hollande au Vel d'Hiv. En effet, "Premier flic de France" renvoie à l'inspecteur Pierre Bonny, fusillé à Libération pour avoir été membre de la gestapo française, comme la cravate blanche renvoie à Pierre Laval. Bonny fut également impliqué dans l'assassinat d'un conseiller de la Cour d'appel de Paris, l'affaire Seznec, l'affaire Stavisky, ...
La carrière de Pierre Bonny devrait être enseignée dans les écoles de police pour édifier les esprits et prévenir la corruption des institutions.

La note du directeur départemental de la sécurité publique de l'Essonne montre qu'un cours d'histoire de la police dans le cursus des policiers ne semble pas superflu, à commencer pour les cadres supérieurs.

Manuel Valls pourrait financer une chaire d'histoire de la police dans les Universités et prévoir un poste au sein de chaque écoles de police pour les doctorants des facultés les plus proches qui seraient chargés de donner ces cours d'histoire.

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Stratégie de l'UE pour l'intégration des Roms
La France condamnée au Conseil de l’Europe pour sa politique envers les Roms
Forum européen pour les Roms et les Gens du voyage
Commissaire européen aux droits de l'Homme : droits de l'homme des Roms et des gens du voyage
Association ROMEUROPE
http://www.romeurope.org/
MEDIAPART
Yves Citton : « Le discours sur la crise rend l’insoutenable tolérable »
Evry: mise en scène oblige, l'expulsion des Roms a court-circuité la justice
Évacuation de camps de Roms à Créteil et Marseille
Après l'ingérence humanitaire, la France invente l'expulsion humanitaire
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