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Billet de blog 25 mai 2014

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Die Linke à Frau Merkel : "Berlin a-t-elle participé au putch en Ukraine ?"

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Un article de Marco Santopadre à propos de la demande que le parti allemand Die Linke a adressé au Bundestag, afin que Angela Merkel ordonne la constitution d'une commission d'enquête indépendante, sur la présence de mercenaires et d'armées privées dans la guerre civile en cours en Ukraine, depuis le coup d'état de février. L'Allemagne aurait-elle contribué, d'une manière ou d'une autre, à la rébellion et au conflit successif ?
 

samedi 24 mai 2014
Le Premier Ministre ukrainien, Arseniy Yatseniuk, sera reçu mercredi prochain par la Chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin, avec les chefs de gouvernement de la Géorgie et de Moldavie dans une évidente tentative de serrer le cercle autour de la Russie en instrumentalisant les sentiments anti-russes diffus dans ces pays - et soutenus par les conflits territoriaux avec Moscou - gouvernés depuis longtemps par une classe dirigeante sélectionnée et imposée par l'Union Européenne et par l'OTAN.
Le leader putchiste ukrainien Yatseniuk, le Premier ministre géorgien Irakli Garibashvili et leur homologue moldave, Iurie Leanca, seront reçus à un dîner pour faire le point sur la situation dans la région, a expliqué Christiane Wirtz, porte-parole du gouvernement allemand. Ce n'est pas un hasard qu'il soit convoqué juste après les élections présidentielles de demain en Ukraine qui, dans les intentions des putchistes, devraient légitimer leur pouvoir.
Pendant ce temps, cependant, c'est en Allemagne même que s'est développée une polémique qui dans le reste de l'Europe n'a pas reçu de citoyenneté jusqu'à aujourd'hui.
Une polémique sur le rôle que le gouvernement allemand a eu dans la déstabilisation de l'Ukraine et puis du putch qui a destitué le gouvernement précédent en imposant un des fidèles aux intérêts de Bruxelles et Washington. Dans les derniers jours c'était la grande presse allemande, et en particulier le Bild, à confirmer que dans le pays secoué par la guerre civile opèrent quelques centaines de mercenaires de la multinationale états-unienne Academi, à laquelle la junte a fait recours tout de suite après le putch pour essayer de prendre le contrôle de certaines des régions du sud est du pays pas vraiment enclines à accepter un gouvernement xénophobe et ultra-nationaliste. Que les Etats Unis aient eu un rôle de premier plan dans le changement violent de régime de Kiev est connu. Mais que même l'Union Européenne ait participé à la partie continue à être nié ou sous-évalué même par la presse progressiste ou euro-sceptique.
Cependant ils ne sont pas peu nombreux les politiciens ou les "intellectuels mercenaires" européens - il suffit de penser à Daniel Cohn Bendit et à son comparse Bernard Henry Levy - qui ont activement soutenu EuroMaidan même en faisant la navette avec Kiev où ils ont incité la place nationaliste à se défaire du gouvernement et à adhérer aux "sorts magnifiques" de la démocratie et de la liberté immatriculés Bruxelles. Et puis en soutenant les sanctions contre le Russie, et l'inclusion de Kiev dans le mécanisme militaire et de sécurité de l'UE, et dans certains cas - l'italienne Pinotti - en promettant aux putchistes ukrainiens des troupes en cas de besoin.
Ce n'est pas un hasard que juste à l'intérieur de l'Allemagne surgisse le doute que derrière les faits de Kiev il y ait la patte du gouvernement allemand et de ses appareils.
Dans les derniers jours, quelques parlementaires de Berlin, élus dans les listes Die Linke (La Gauche) ont en effet demandé au gouvernement de Frau Merkel d'ordonner "une enquête indépendante sur la présence de mercenaires en Ukraine" tout en exprimant leur inquiétude sur l'emploi d'armées privées dans la guerre civile en cours dans le pays.
En outre, et c'est ceci qu'il nous incombe de souligner, les députés de la gauche allemande ont aussi demandé à savoir "si l'Allemagne a pris partie d'une manière ou d'une autre, à la rébellion et au conflit successif". Il ne s'agit pas d'un polémique instrumentale ou 'électorale'. A leurs requêtes les députés de la Linke joignent une série de documents et de faits :
"La Cdu a soutenu officiellement le leader de la révolte Vitali Klitchko ; le premier décembre 2013 le président du parlement européen Martin Schultz a prononcé un discours anti-governemental à Maidan ;
le 7 décembre le président de la commission des Affaires Etrangères de l'europarlement, Elmar Brok, a prononcé un discours à Maidan en faveur d'Iulia Timoshenko ;
le 29 janvier Elmar Brok a tenu une conférence de presse aux côtés de Klitchko dans laquelle étaient demandées les démissions du président Viktor Ianoukovitch ;
le 27 février trois ministres allemands ont négocié puis signé un accord politique entre Ianoukovitch et l'opposition de Maidan, accord qui a servi à couvrir le coup d'Etat ;
le 25 avril quatre officiers allemands qui travaillaient pour l'OSCE ont été arrêtés pendant qu'ils accomplissaient des actions en dehors de leur mandat dans l'est de l'Ukraine, et successivement chassés du Pays ".
Ce n'est pas un secret que l'un des trois partis actuels au gouvernement de Kiev, Udar ait été accouché grâce à l'intervention de la Fondation Adenauer de la Cdu allemande et que son leader, l'ex champion de boxe Klitchko ait la double citoyenneté ukraino-allemande. Il ne faut pas oublier non plus combien de pressions aient été exercées par le gouvernement allemand ces dernières années afin que le leader du parti Patrie, Iulia Timoshenko, en prison pour appropriation illégitime et malversation, fusse relâchée avant d'avoir accompli sa condamnation. Chose qui s'est vérifiée juste à l'occasion du putch de la fin février.
Nous sommes habitués, étant donné les événements des dernières décennies, à associer l'impérialisme, les coups d'état, les complots pour se libérer de gouvernements non consensuels, à la politique étrangère états-unienne. Mais c'est le cas de mettre à jour la grille de lecture de la réalité, parce que l'impérialisme désormais, parle aussi allemand et l'Union Européenne poursuit une expansion propre à est et au sud, exactement comme Washington a toujours fait dans son 'pré carré'. A n'importe quel prix.
Marco Santopadre
Contropiano.org
http://contropiano.org/internazionale/item/24193-la-linke-a-frau-merkel-berlino-ha-partecipato-al-golpe-in-ucraina

voir aussi :

Sortir de l'impasse, éteindre le brasier en Ukraine - Le discours de Gregor Gysi (Die Linke) du 13 mars 2014 au Bundestag.

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