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Billet de blog 25 octobre 2012

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Contes pour Inah : Coyote et Oiseau Bleu

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Autrefois, Coyote arborait une fourrure épaisse, soyeuse d’un vert éblouissant. Il se pavanait sans cesse devant les autres animaux afin qu’ils puissent admirer la magnificence de cette fourrure.

Cela ne l’empêchait pas de jalouser le plumage d’un blanc éclatant de Corbeau, le noir intense et chatoyant de la fourrure de Loup ainsi que la flamboyante rousseur de celle de Renard.

Un jour, il lui prit l’envie d’aller voir ce qu'il y avait au sommet d’une montagne. Il grimpa la pente escarpée d’un pas alerte et arriva vite tout en haut.

Là, il trouva un lac dont les eaux reflétaient le bleu du ciel et en démultipliait la luminosité. Il resta à le regarder, un long moment, le souffle coupé.

Soudain, il remarqua le manège étrange d’un oiseau d’un gris terne, insipide. Il reconnut Geai Gris qui, à son grand étonnement se jetait dans les eaux du lac, s’y baignait en chantant et en ressortait pour y replonger à nouveau.

Quatre fois.

Et la quatrième fois, quand Geai Gris ressortit, il était de la même couleur que les eaux du lac depuis la pointe du bec jusqu’au bout de la queue !

Comme Geai Gris devenu bleu restait là, à se sécher au soleil, Coyote s’approcha de lui et lui demanda :

-       « Kola, mon ami, comment as-tu fait pour devenir bleu ?  Maintenant, tu es devenu le plus beau de tous les oiseaux. Moi aussi j'ai envie d'être bleu.»

 Geai Bleu lui raconta alors que cela faisait longtemps qu’il rêvait d’être bleu et qu’il soupirait tristement au bord du lac.

L’esprit du lac finit par l’entendre et lui a expliqué, en rêve, comment procéder.

-       « Kola, mon ami, explique moi comment je dois faire pour devenir bleu à mon tour. »

-       « Coyote, si je te le dis, quelque chose va mal tourner pour toi »

-       « Comment peux-tu affirmer une chose pareille ? Je te promets que je ferais exactement comme tu me le diras et tout ira pour le mieux. »

-       « Bon, alors je vais te dire comment faire : pendant quatre jours, chaque jour tu devras plonger quatre fois dans les eaux du lac en chantant à chaque fois cette chanson :

« Bleu, bleu, je voudrais être bleu

Comme le ciel est bleu !»

Quatre fois.

A chaque fois que tu sortiras du lac fais bien attention à prendre le temps de te sécher soigneusement avant de replonger et, le quatrième jour, la quatrième fois que tu sortiras de lac tu seras bleu comme moi. Mais surtout prends bien garde à être complètement sec avant de repartir. »

-       « Oh !, a dit Coyote, ce n’est que cela ? C’est facile ! Tu me prends pour un idiot ou quoi ? »

-       « Pas pour un idiot, pour Coyote ! » s’esclaffa Geai Bleu en s’envolant.

Coyote, furieux, tenta de l’attraper mais sa mâchoire se referma sur le vide.

Resté seul, il plongea dans le lac en chantant :

« Bleu, bleu, je voudrais être bleu

Comme le ciel est bleu !»

 Quatre fois.

Pendant quatre jours il fit tout exactement comme le lui avait dit Geai Bleu.

Et, quand il sortit du lac la quatrième fois du quatrième jour il était bleu depuis le bout du museau jusqu’à la pointe de la queue !

 -       « Whow, whow, whow, qu’est-ce que je suis beau ! » s’écria Coyote en admirant son dos et sa queue touffue d’un bleu si lumineux qu’il en avait mal aux yeux. « Il faut que tout le monde me voit ! Corbeau, Loup et Renard vont en mourir de dépit. »

Pressé de se montrer, il dévala la pente à toute vitesse sans même songer à se sécher.

Tout en courant, il regardait de tous les côtés pour voir si quelqu’un remarquait comme il était beau. Il regardait même son ombre pour voir si, elle aussi, était devenue bleue et, surtout, il admirait sa queue.

 Si bien qu’il ne regardait pas où il allait.

 C’est ainsi qu’il se prit les pattes dans une racine d'arbre qui dépassait, tomba à la renverse et fit des roulés-boulés incontrôlés jusqu’au bas de la montagne.

Il laissa des bouts de sa belle fourrure bleue accrochés aux buissons épineux et se retrouva couvert de poussière grise et de terre brune de la tête aux pieds.

 En fin de course, sa tête cogna contre une pierre et il resta là, allongé sur le sol, à moitié groggy.

 C'est dans cet état que le trouvèrent les souris sorties de leurs trous pour voir ce qui avait fait tout ce bruit. Elles l'ont vu  allongé misérablement sur le sol, à demi assommé, la fourrure déchiquetée et grise de poussière.

-       « Oh ! Cette pauvre petite chose bien aimée, que lui est-il encore arrivé ? On ne peut pas le laisser comme ça ! »

 Alors elles allèrent chercher de la résine de pin pour recoller les lambeaux de fourrures qui pendouillaient, et comme il restait des pans de peau dénudés elles allèrent encore chercher dans leurs terriers les bouts de poils qu’elles utilisaient pour rendre leur nid douillet pour leurs petits.

Quand Coyote reprit ses esprits il se mit à se lamenter, pleurant sur sa fourrure dépenaillée, ses rêves bleus saccagés mais les souris lui dirent :

 -       « Coyote, pauvre petite chose bien aimée, arrête de gémir. Ta fourrure couleur de terre te sera bien utile pour te fondre dans le paysage quand des ennemis voudront t’attraper. C’est bien plus précieux qu’une couleur trop voyante. »

 Coyote ne fut pas très satisfait de ces paroles, mais il finit par se sentir rasséréné quand lui vint à l'esprit l’idée qu’il saurait quoi répondre si Corbeau, Loup ou Renard se moquaient de lui. Il leur dirait qu’il était bien plus intelligent et rusé qu’eux !

 C'est pour cela que, depuis cette époque, tous les coyotes ont un pelage couleur de poussière.

Inah ou l'enfant "dispersée" qui écoute en bougeant

Contes pour Inah : Coyote et Rocher

watayaga@hotmail.fr

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