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Bec Bunsen

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Billet de blog 2 mars 2010

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Je me suis souvent demandé si les auteurs de science-fiction avaient vraiment des qualités de préscience (de «precog», diraient-ils) des évolutions techniques, ou si les technologues prenaient un plaisir malicieux à se conformer aux formes qui avaient connu des succès en littérature. Ainsi de l'interface inventée par Spielberg dans le film Minority Report

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© ysnimkim

Je me suis souvent demandé si les auteurs de science-fiction avaient vraiment des qualités de préscience (de «precog», diraient-ils) des évolutions techniques, ou si les technologues prenaient un plaisir malicieux à se conformer aux formes qui avaient connu des succès en littérature. Ainsi de l'interface inventée par Spielberg dans le film Minority Report (j'ai vérifié dans la nouvelle de Philippe K. Dick: il y parle plutôt de cartes perforées). Vu en 2002 au cinéma, il a de toute évidence inspiré le «cover flow», mis au point en 2004 et intégré à l'iPod d'Apple en 2007. Et il donne naissance aujourd'hui à plusieurs projets visant à manipuler des ordinateurs sans contact, par des gestes prédéterminées.

Illustration 2

C'est le cas par exemple de l'iPoint Presenter, mis au point à l'institut Heinrich-Herz de Berlin qui doit être présenté au salon mondial de l'informatique, le Cebit, qui s'ouvre le 2 mars à Hanovre. Il comprend deux caméras numériques qui filment les mains du manipulateur. En connaissant les positions et l'orientation relative des deux caméras, le logiciel identifie les index pointés, calcule leur position dans l'espace et fait correspondre les gestes à des ordres prédéterminés. La société Fraunhofer, qui travaille avec les chercheurs de l'institut Heinrich-Herz, annonce que le système est capable de gérer l'interaction simultanée de 8 doigts pour l'instant. Pour la démonstration, elle a équipé un célèbre restaurant gastronomique de Rhénanie-Palatinat «La Table d'or» dont le chef (cuisinier) dirige en chef (d'orchestre) d'un geste la présentation du menu aux convives, l'ambiance lumineuse de la salle ou la musique diffusée. En réalité, Fraunofer travaille avec Storz, un fabricant de matériel médical, pour élaborer du matériel chirugical.

C'est aussi le projet de John Underkoffler qui dirigeait l'équipe qui a conceptualisé l'interface utilisée par Tom Cruise dans le film et qui a présenté, à la mi-février, l'effet spécial devenu réalité: le g-speak Spatial Operating Environment.

Equipé de gants spéciaux, il a manipulé les dossiers, photos, fichiers... Lors de sa conférence, il a assuré que de grosses sociétés, des agences gouvernementales et des universités utilisaient déjà ce système, et que le grand public y aurait probablement accès à l'horizon 2015. De fait, tout cela ressemble largement à ce que fait déjà la console de jeux vidéos Wii, mais, comme le notait le New York Times en janvier, au moment du Consumer Electronic Show de Las Vegas, Hitachi, Microsoft et plusieurs gros fabricants d'ordinateurs ont l'ambition de remplacer la souris ou le joystick par... la main nue.

© XboxE3

Pour Microsoft, il s'agit du «Project Natal» qui permet de contrôler les jeux sur X-Box sans manette.

© Canesta3D

Pour Canesta, c'est une télécommande manuelle, au plein sens du mot, jamais perdue sous le coussin du canapé, parce que vous l'avez attachée au bout du bras.

© technologizer

Prime Sense, une entreprise israélienne, présente également une technologie de manipulation gestuelle des données sur écran de télévision (la société travaille aussi sur le jeu vidéo).

© TheT2tube

GestureTek a également développé ce genre de système qui est aujourd'hui utilisé par les présentateurs météo ou dans les musées.

Toutes ces technologies qui fonctionnent si bien lors des démonstrations postulent quand même qu'elles seront utilisées dans un environnement où la luminosité est contrôlée et avec des utilisateurs qui n'accompliraient que les gestes que l'on attend d'eux. C'est ce qui les sépare encore des applications grand public.