Organiser un atelier sur l’éducation populaire dans le cadre de ce week-end-Médiapart, quel sens cela a-t-il ?
En quoi cette notion est-elle liée au devenir d’une presse qui se veut libre et démocratique ?
Comment un lecteur se représente-t-il le lien possible entre presse libre et mission d’éducation populaire ? Aurait-il des attentes à exprimer ?
Dans notre monde, un système omniprésent, de plus en plus illisible, procède insidieusement à la domination des esprits :
* Cloisonnement social qui a pour effet la perte du sens du collectif, le renforcement des solitudes
* Fonctionnement bureaucratique qui réserve aux spécialistes la diffusion et l’utilisation des savoirs
* Propagande tout azimut qui se pare du joli nom de « communication »
* Confusion, fabrique du consensus, gommage de l’esprit inventif et critique,
* Intimidation culturelle
– tout ceci entraînant démoralisation et passivité.
Or, « la démocratie n’est pas seulement un modèle de gouvernement, par principe et par expérience historique, meilleur ou plus vivable que les autres, mais elle est fondamentalement un processus, un travail d’élucidation, et une praxis de transformation. » (Marc Lacreuse et Christian Maurel).
Elle ne vit que si les citoyens demeurent actifs et font usage, au plus haut degré, de leur faculté d’analyse, de questionnement, de critique. Elle ne vit que par la régénération permanente du souci d’émancipation, du goût de l’autonomie de pensée, du pouvoir d’agir.
C’est là que prend sens la notion d’éducation populaire, notion ambigüe qui comporte deux versants : l’instruction (pour relayer l’école) et l’éducation politique des adultes (cf Franck Lepage). Elle ouvre le plus largement possible l’accès aux savoirs et favorise le processus de compréhension et de critique. Elle incite à questionner la culture (et le sens du mot lui-même), dans toutes ses dimensions ; à questionner la politique (au sens large, l’élaboration du monde commun), afin d’en saisir les mécanismes ; à sortir des représentations consensuelles pour penser, débattre et agir dans la complexité.
Education : au nom du droit, de la nécessité et du plaisir d’une formation permanente pour tous, tout au cours de la vie.
Populaire : éducation ouverte, préoccupée de qualité, soucieuse des liens à construire ou à renforcer, des ouvertures à créer ; éducation du peuple à exercer sa souveraineté.
Dans ce cadre, la question peut donc se poser du rapport entre presse et éducation populaire : En quoi cette presse peut-elle devenir un agent d’ouverture culturelle, un recours démocratique ? Quel est le rôle du journaliste ? Comment envisage-t-il sa posture ? Quelle est « la colonne vertébrale » de son travail ? Comment les lecteurs, à leur tour, conçoivent-ils leur place, leur rôle ? Quel est le processus commun à favoriser dans le but d’une émancipation plus radicale de chacun et d’une réappropriation de la fabrique de la pensée ?...
Ainsi, en explorant la logique du journalisme participatif, dont se réclame Médiapart, on gagne à se poser ces questions, à élaborer collectivement autour d’elles.
Les rencontres de Buoux, et plus particulièrement cet atelier « presse et éducation populaire », seront l’occasion de discuter ces questions.
Dès à présent, vos contributions sur cette édition nourriront le débat à venir, merci à chacun de son implication.
Marielle Billy et Chantal Evano
Pour alimenter le débat sur l’éducation populaire:
Marc Lacreuse et Christian Maurel, Travailler la mise en travail de la démocratie,
http://www.mille-et-une-vagues.org/ocr/spip.php?article287
Franck Lepage, De l’éducation populaire à la domestication par la culture, Le Monde diplomatique, mai 2009, http://www.monde-diplomatique.fr/2009/05/LEPAGE/17113
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