Tout celà a commencé de façon trés anodine. Je suis allé voir une dermatologue pour un problème de démangeaison qui n'avait rien à voir, et aussitôt elle a regardé mes grains de beauté avec l'appétit d'un squale pour un surfeur de la Réunion.
"Vous savez, avec tous les grains de beauté que vous avez, il faudrait que je vous examine régulièrement. C'est plus prudent". Aussitôt dit, aussitôt fait. C'est que j'ai une peau de britannique, moi, plein de grains de beauté et je déteste m'exposer au soleil (mais comme je passe mes vacances très souvent en Bretagne, je limite les risques. (Patrig, on avait dit "pas la tête !", aïe). Et elle me dit "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien".
Bon, j'oublie rapidement. Je passe au contrôle tous les ans, grosso modo (mais j'adore les papouilles) Et la conclusion est (heureusement) toujours la même : "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien".
Il y a une dizaine d'année, je m'aperçois que j'ai un gros bouton au mollet : pas un grain de beauté (il a un volume sphérique assez important) mais même couleur. Mais selon ma dermato, c'est un phénomène tout a fait normal, ne nécessitant pas de surveillance spéciale ! "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien".
Encore quelques années mais un jour ce bouton me démange. Je vais la voir, et elle me déclare : "Rien de bien important, mais je vais quand même analyser la composition du bouton. Mais bon, ça ne peut qu'être quelque chose d'anodin." Petite incision de rien du tout. Et elle envoit le tout au labo "Ne vous inquietez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien".
J'attends les résultats 15 jours; et elle me déclare "on ne sait pas trop ce qu'il y a, votre bouton est "bizarre", mais bon je vous envoie a l’hôpital, il vont procéder a l’exérèse de celui ci, mais bon c'est une opération tout a fait sans conséquence, un quart d'heure et vous en êtes débarrassé !" Et bien entendu l'habituel "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien".
Je vais à l’hôpital. Petite opération anodine, petite anesthésie locale. Mais bon, un mois plus tard, branle bas de combat : visiblement y'a un loup. Et j'ai pas José Bové pour me protéger.... "Votre bouton, on l'a analysé. Et on y comprend rien. Alors on ne peut pas dire que ce soit un mélanome. Mais on ne peut pas dire non plus que ce n'en soit pas un. Alors on va faire comme si c'en était un. Mais bon "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien
Donc je suis contraint à toute une batterie de test et autres exam' (c'était pas "une batterie d'exam", c'était des orgues de Staline d'exam' Donc l’hôpital devient ma seconde demeure. Je discute avec le chef de service comme avec un vieux pote. Visiblement, le caractère "étonnant" de mon cas l'intéresse. "vous sortez de l'ordinaire". Ça je sais. C'était peut être pas la peine de ruiner la sécurité sociale pour me le dire. Mais bon, pas de raison de se faire du mouron : "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien"
Et puis, l'opération. Pour couper, ça coupe ! J'espère qu'ils ont des chats, dans cet hosto ! Je découvre les délices de la vie en hopital, la gastronomie si spéciale, et les infirmière (je ne connaissait que ma copine, mais les autres valent également le déplacement) Je partage la chambre avec un bourge bien craignos dans le genre (il est à moitié dans le coaltar et il continue a régler les restructurations dans sa boite, a coup de biglo ravageurs. En discutant un peu avec lui (je n'ai pas la force de lui donner un pain, de toute façon) je m'aperçoit qu'il s'agit d'un ancien camarade (de la lcr) qui a super mal tourné : y'a pas que Titus ! (Titus étant le pseudonyme de Julien Dray) Mais bon, on me propose de sortir et je bondis sur l’opportunité. Sans oublier le traditionnel ""Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien"
Et puis on me propose un traitement "préventif" a base d'Interféron. Celui ci a de "gros" effets secondaire : tu as l'impression d'avoir la grippe, tu es a plat et un état dépressif massif. Je le sais, parce que ma copine (qui est infirmière) l'a utilisé pour les malades qu'elle soigne. Mais bon "c'est un nouveau protocole, qui n'a pas les effets secondaires redoutés". Polop ! Le protocole n'est pas au point, parce que je me retrouve au 36° dessous pour un bon moi. Mais peu importe "Ne vous inquiétez donc pas, jusqu'ici, tout va bien, jusqu'ici tout va bien
Et maintenant ? Ben tout va bien, je pète la forme ! Comment ça va évoluer, j'en sais rien ! Mais bon, c'est le genre de machin pas sympa. Alors profitons encore pour exercer ma mauvaise fois sur quelques têtes de turc ! Et puis jusqu'ici, tout va bien.