Dominique Bry (avatar)

Dominique Bry

Journaliste à Mediapart

Billet publié dans

Édition

Papiers à bulles

Suivi par 199 abonnés

Billet de blog 2 mars 2010

Dominique Bry (avatar)

Dominique Bry

Misanthrope sociable. Diacritik.com

Journaliste à Mediapart

Le Montespan

C’est une romance historique. Une histoire d’amour truculente, un récit de cour, une histoire d’honneur et d’infortune.

Dominique Bry (avatar)

Dominique Bry

Misanthrope sociable. Diacritik.com

Journaliste à Mediapart

C’est une romance historique. Une histoire d’amour truculente, un récit de cour, une histoire d’honneur et d’infortune.

Illustration 1
© Bertrand - Teulé / Delcourt

Quand en 1666, Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart est présentée au Roi Louis XIV, la Marquise de Montespan est encore une épouse passionnée. Celle que l’on n’appelle pas encore La Montespan est aussi belle et à l’esprit vif que son époux est désargenté et peu chanceux à la guerre (à laquelle il a dû se résoudre pour éponger des dettes constantes).

A son retour de onze mois de campagne pyrénéenne pour le compte du roi de France, Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, retrouve sa bien aimée, celle-ci porte un enfant qui n’est pas le sien. Et le marquis trompé déclenche un tapage retentissant dans un Paris étonné de voir un cocu prendre ombrage d’avoir pour épouse la maîtresse du Roi…

Jean Teulé est un conteur. Paru en 2008, son roman est un délice historiographique alliant légèreté et situations rocambolesques. L’auteur y dépeint l’atmosphère de la cour, ses us et coutumes, le droit divin qui met les femmes dans le lit des monarques et récompense la soumission des maris et des familles par des largesses sonnantes et trébuchantes.

L’adaptation récente en bande dessinée de ce récit haut en couleurs fait mieux que tenir ses promesses. Sur le texte de Jean Teulé, le dessin de Philippe Bertrand fait merveille. Subtilement anachronique et loin d’un graphisme ampoulé qui siérait à la représentation de la France du XVIIème siècle, Le Montespan est un album qui se lit comme une fable modernisée des romans de capes et d’épée.

Illustration 2
© Bertrand - Teulé / Delcourt

Tour à tour pastel et ocre, avec ces couleurs crayonnées, ou sombre, mêlant à-plats dans les ciels et hachures dans les décors ou les vêtements, Le Montespan possède cette patte très 80’s chère à Philippe Bertrand, auteur de Linda aime l’art et Rester normal (avec Frédéric Beigbeder). Il joue avec les perspectives et, de cases en cases, alterne les vues en deux et trois dimensions, cassant les points de fuite pour mieux souligner un mouvement, un élan, un transport. L’album est cru et picaresque dans les scènes où le marquis est en butte au roi et à ses émissaires, avec de savoureux dialogues à l’emporte-pièce ; suggestif et élégant dans les évocations érotiques des amours de la Montespan avec son mari ou son amant royal.

Illustration 3
© Bertrand - Teulé / Delcourt

Le Montespan dessiné par Philippe Bertrand devient un roman animé, une bande dessinée qui célèbre la vie du marquis qui ne réclama de sa femme « que la gloire de l’avoir aimée », qui jamais ne changea, allant jusqu’à défier le roi de nombreuses fois, faisant peindre des cornes sur ses armoiries, roulant carrosse surmonté de bois de cerfs, allant jusqu’à porter le deuil et organisant même les obsèques de son amour. Un amour tenace, gascon, historique.

BD

Illustration 4
© Bertrand - Teulé / Delcourt

Le Montespan, Jean Teulé et Philippe Bertrand, Delcourt - Collection Mirages, 112 pages, 14 € 95

Illustration 5
© Bertrand - Teulé / Delcourt