
Résumé des épisodes précédents :Michel l'éléphant a disparu, Vanita pleure son absence dans le silence de la tour Bambell, le commandant Bigoodee a été blessé au bras et Tigerman continue son travail de justicier médiatique... Les personnages attachants et hétéroclites de Cité 14 semblent toujours en proie à leurs démons ou devoir poursuivre leurs quêtes personnelles contre vents et marées.
Œuvre monde, réussite narrative et graphique, l'univers né de la plume de Pierre Gabus et dessinée de main de maître par Romuald Reutimann est vivant et cosmopolite. La série emprunte à des imaginaires variés, opposés, voire opposables. En créant cette mégalopole où vivent, se croisent, s'affrontent des genres, des races aussi diverses que des humains, des animaux anthropomorphes, des extra-terrestres, des mutants, les auteurs se défendent pourtant d'avoir voulu une bande dessinée à message, mais bel et bien une œuvre de divertissement. Ce que Pierre Gabus et Romuald Reutimann nous confirment, interviewés en septembre 2011 à l'occasion de la sortie de Chers corrompus, premier tome de la nouvelle saison.

Romuald Reutiman : «Il s'agissait vraiment de créer un univers. Créer un lieu que l'on a laissé dans une certaine indétermination, dos au désert, face à la mer, avec des extra-terrestres, des humains, des animaux... Tous les possibles.»
Pierre Gabus : «Il est important pour nous de surprendre le lecteur. Cité 14 est un divertissement. Et il est important pour nous d'arriver à nous surprendre aussi.»
Pierre Gabus et Romuald Reutimann ont pensé leur Cité 14. Alors que la série s'était arrêtée à mi parcours, ils n'ont pour autant pas arrêté de travailler. Ils ont resserré l'intrigue, condensé. Pour aboutir à une œuvre finie dont l'épilogue sera connu avec la publication de La Dernière Tyrolienne en juin 2012.

Pierre Gabus : «Il n'y a pas eu de rupture, on a toujours travaillé sur Cité 14. Nous ne sommes pas restés six mois sans faire de pages. De plus, on a vraiment voulu conserver le principe d'un feuilleton. On a juste ralenti le rythme, au lieu de publier tous les mois, on le fera tous les deux mois. Avec vraiment cette volonté, qui était notre projet de départ, de réaliser une série qui paraîtrait vite et qui ne soit pas chère. Sur le principe de ces bd italiennes qu'on lisait avant : Blek, Zembla...»
Cité 14 serait donc tout de même un peu militant... d'un point de vue éditorial :
Romuald Reutiman : «Il n'y a plus dans le commerce de journaux de bandes dessinées, et la création de Cité 14 est vraiment une réaction à cet état de fait. Pour moi, il y a une adéquation évidente entre la bd, les moyens que l'on se donne pour en faire et le feuilleton. Et surtout, il y a le rapport avec le lecteur : on peut faire vite et lire vite. Comme dans le cas des mangas, des séries télé, des jeux vidéo, des comics...»

Cité 14 entend donc remettre au goût du jour l'esprit des fumetti, ces bd italiennes qui se déclinent le plus souvent en fascicules vendus en kiosque. Les auteurs ne se sont pas départis de leur intention de départ : proposer aux lecteurs une bande dessinée de divertissement qui mêle suspens, réflexion, action et mystères au long d'une histoire à suivre, en donnant rendez-vous, en tenant le lecteur en haleine.
En septembre, le premier tome de la nouvelle saison, Chers corrompus, a donc constitué ce que l'on appellerait dans le jargon télévisuel made in US, un véritable «season premiere». Si l'on pousse plus loin le parallèle avec le modèle américain, le nouvel épisode est souvent déterminant pour la suite de la carrière de la série car il permet d'évaluer les changements éventuels, la qualité, la pérennité. Le moins que l'on puisse dire est que la nouvelle saison de Cité 14 tient ses promesses : l'apport de nouveaux personnages, ce graphisme noir et blanc fin et précis et un suspens intact font de Chers corrompus un opus prometteur. Les auteurs parient donc sur ce qui a fait le succès critique (et auprès d'aficionados de la première heure) de Cité 14 : distiller, album après album, une intrigue toujours aussi fouillée, des surprises et des trouvailles graphiques. Et surtout, une fin d'ores et déjà écrite et annoncée...
Romuald Reutimann : «Les lecteurs auront toutes les réponses. On y tenait vraiment. Qui est Bambell ? Comment est morte Norma et pourquoi ? Tout est résolu. Pour nous, il était important qu'il y ait une fin vraiment pensée.» Pari tenu.

Agrandissement : Illustration 5

- Cité 14 Saison 2 (T1) Chers corrompus, de Pierre Gabus et Romuald Reutimann, Humanoïdes Associés, 64 pages, 19.5 x 26.7 cm, Noir et blanc, 12,90 €. (septembre 2011)

Agrandissement : Illustration 6

- Cité 14, Saison 2 (T2), Du chavoulch dans le resplandador, de Pierre Gabus et Romuald Reutimann, Humanoïdes Associés, 64 pages, 19.5 x 26.7 cm, Noir et blanc, 12,90 €. (2 novembre 2011)
A paraître :
Cité 14, Saison 2 (T3), Zone Covington (janvier 2012)
Cité 14, Saison 2 (T4), Le Testament de Norma Riis (mars 2012)
Cité 14, Saison 2 (T5), Fin de semaine à Tumacana (mai 2012)
Cité 14, Saison 2 (T6), La Dernière Tyrolienne (juin 2012)
de Pierre Gabus et Romuald Reutimann, Humanoïdes Associés, 64 pages, 19.5 x 26.7 cm, Noir et blanc, 12,90 €
Déjà parus :
Cité 14, Saison 1, Tour Bambell (T1), Rififi sur les docks (T2), L'étrange passe-temps du commandant Bigoodee (T3) , On s'évade comme on peut... (T4). De Pierre Gabus et Romuald Reutimann, Humanoïdes Associés, 72 ou 80 pages, 19.5 x 26.7 cm, Noir et blanc, 12, 90 €
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