Stéphane Alliès (avatar)

Stéphane Alliès

Journaliste à Mediapart

Billet publié dans

Édition

Coup de tête

Suivi par 65 abonnés

Billet de blog 10 mai 2010

Stéphane Alliès (avatar)

Stéphane Alliès

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Si Raymond en avait…

Et si au lieu d'en avoir plein le dos, Domenech se lâchait une dernière fois, pour l'annonce de ses 23, ce mardi sur TF1. C'est vrai: pourquoi s'obliger à sélectionner la vingtaine de soi-disant titulaires indiscutables, qui nous font bailler au corner et nous irritent avec leur suffisance indolente en attaque et leur insuffisance coupable en défense?

Stéphane Alliès (avatar)

Stéphane Alliès

Journaliste

Journaliste à Mediapart

Et si au lieu d'en avoir plein le dos, Domenech se lâchait une dernière fois, pour l'annonce de ses 23, ce mardi sur TF1. C'est vrai: pourquoi s'obliger à sélectionner la vingtaine de soi-disant titulaires indiscutables, qui nous font bailler au corner et nous irritent avec leur suffisance indolente en attaque et leur insuffisance coupable en défense?

Illustration 1
© DR

Marre des pieds carrés, des relances en touche, des une-deux sans deux, des passes téléphonées, des joueurs en retard, de la créativité atone, des dribbles ratés, de l'absence d'appels de balle, des bras sur les hanches, des blessures à répétition…

Bon, on l'a toujours soutenu le Raymond, mais vu qu'il s'est d'ores et déjà fait débarquer, pourquoi ne pas se faire plaisir et donner dans le choix nietzchéen, tout en recherchant l'efficacité sans oublier le beau jeu? Et faire du passé table rase, pour en finir avec cette terne fin de décennie footballistique française.

N'a-t-on pas besoin d'une bonne révolution à la sauce Sergio Leone? Avec une bonne liste de mondialistes guidée par la thématique "bons, brutes et truands". Mais quand même plus brutes et truands que bons. Mais quand même sacrément bons dans leur genre.

23 noms, deux équipes distinctes, où primeraient le souci de l'homogénéité des personnalités. Une regroupant le gratin culte du milieu de tableau de L1 qui lâche rien, une autre fortement inspiré de la Roja espagnole petite et nerveuse, championne d'Europe en titre. Une pour parer au stress inhérent aux matchs de poules stressants, une autre pour développer du jeu court de tripoteurs à coiffures bizarres, façon Espagne lors du dernier euro. Avec Lloris en troisième gardien, parce que lui seul dans la génération Domenech ne mérite vraiment pas d'être viré du Mondial (avec Lass Diarra).

Le onze des phases de poules: les salopards magnifiques. De la classe insolente mais dans un, de la mauvaise foi, de la roublardise, un caractère aussi peu tremblant que bien trempé. Pas le genre à flancher devant l'Afsud, l'Uruguay et le Mexique…

Des défenseurs old school toujours bien placés dont on peut être sûrs que si jamais le ballon passait, l'homme trépasserait. Remember France '82, et '84 (Thierry Tusseau, Max Bossis, William Ayache).

Des attaquants d'habitude mis sur la touche car trop grande gueule, en hommage rendu aux générations sacrifiées des Bleus '90-95 (Cantona ou Vercruysse), avec également un soupçon de France'86 (Genghini, Xuereb, Bellone, Giresse). Mais pas forcément avec Gourcuff en nouveau Platoche, car il ressemble vachement plus à Zidane et que l'ère du 10 doit attendre encore un peu pour retrouver le jeu tricolore.

Une équipe anti-footix en somme, avec du bon vieux trentenaire au jeu somptueux quoique bien particulier. Une compo qui fait la part belle à la France "saucisson-vin rouge", à la pré-retraite ambiance crépuscule des idoles, un mix de combattants au passé parfois glorieux et de carrières un peu minables mais pétries de noblesse. Une escouade de mythes mourrants jamais reconnus à leur juste valeur. Un peu manouche, un peu dégarni-gras du bide, mais bougrement rassurante et même capable de nous régaler la chique…

Frey

Bonnart Planus Abardonado Jeunechamp

Balmont Pedretti Cheyrou

Leroy Pagis

Djib' Cissé

Egalement possibles: Pitau, Dalmat, Cheyrou, Luccin, Echouafni, Doudou Cissé, Jurietti, Malbranque, Penneteau, Mexes, Rool, Isabey, Gignac, Trezeguet, Landreau, Savidan, Makelele

Le onze des phases finales: "le modèle ibère". En avant jeunesse, dégagez les vieux et tout pour le spectacle! Sus aux grands blacks musculeux à tous les postes et sus au stéréotype du jeu basé sur le défi physique. Place aux merdeux qui jouent court, provoquent, débordent, ont le sens de la passe déc' et qui vont vite. A la "XavIniesta" ou à la "Fabregas". Place au jeune attaquant de pointe qui part toujours à la limite du hors jeu et qui galope avant de tuer de sang froid, "à la Torres". Place à une défense à la fois jeune et expérimenté, talentueuse mais pas géniale, pas forcément rugueuse, mais brave. A la "Puyol/Piqué".

La révolution du style de jeu, qui rendrait en outre toutes ces lettres de noblesses à l'apport de l'immigration maghrebine dans la sélection nationale. De quoi dérouter l'adversaire à notre jeu solidement ancré à l'idée d'endormir l'adversaire pour gagner dans le meilleur des cas 2-1. Et permettre de ne pas avoir honte des Bleus, même éliminés en quart, après deux matchs se finissant à 4-3 après prolongations. Voire même se prendre à rêver. "E viiiiva-Franc-i-aaaa"…

Ruffier

Jallet Yanga-Mbiwa Rami Tremoulinas

Nasri Lass Diarra

Valbuena Ben Arfa Aït-Fana

Gameiro

Egalement possibles: Sinama-Pongolle, Belhanda, Flamini, Vahirua, les frères Marveaux, Cabaye, Bodmer, Gonalons, Menez, Diaby, Mavuba…

Franchement, je ne suis pas sûr qu'on ne se passionnerait pas plus pour la bande à Raymond avec une liste des 23 de ce type…