Billet de blog 2 décembre 2008

Vincent Truffy (avatar)

Vincent Truffy

Journaliste à Mediapart

Les syndicats de journalistes finissent par reconnaître la vacuité des «états généraux de la presse écrite»

Sans doute y a-t-il un peu de schadenfreude – de joie mauvaise – à recenser les défections parmi ceux qui ont accepté de collaborer aux «états généraux de la presse écrite».

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Sans doute y a-t-il un peu de schadenfreude – de joie mauvaise – à recenser les défections parmi ceux qui ont accepté de collaborer aux «états généraux de la presse écrite».

On a déjà relaté ici la porte claquée par le SNJ-CGT, refusant «ce simulacre de débat et de concertation». L'autre SNJ hausse le ton, sur la question de la déontologie. Et voilà que, mardi 2 décembre, en fin de journée, la CFDT, à son tour, décide de ne plus participer aux réunions des groupes de travail. On ne saurait mieux leur conseiller que de rejoindre notre «appel de la Colline».

La raison invoquée par les représentants de l'Union syndicale des journalistes CFDT n'est pas liée directement aux états généraux, mais elle est symptomatique de la (toute petite) place qui y est accordée aux journalistes. L'USJ-CFDT réagit en effet, à la veille des élections prud'homales, à l'interpellation controversée de l'ancien directeur de la publication de Libération, Vittorio de Filippis.

«La coupe était pleine, mais elle vient de déborder avec l'arrestation de notre confrère, indique le syndicat. Loin des déclarations élyséennes de bonnes intentions sur la nécessité d'une presse libre et de journalistes délivrés de la prolétarisation salariale qui est la leur, la justice a montré en quelle estime l'ensemble des journalistes et des équipes rédactionnelles seraient tenus demain.»

La colère du SNJ, elle, a une autre origine. Le 1er décembre, les «états généraux» officiels organisaient leur deuxième «débat public» à la Maison de la radio, à Paris. La Croix raconte cela par le menu. Bruno Frappat, président du directoire de Bayard (éditeur de ladite Croix) et responsable du pôle «mêtier du journalisme», a présenté les premières conclusions de son groupe. Il s'est dit opposé à la création d’un «conseil de presse» (défendu sur Mediapart par JL Martin-Lagardette et Florent Pommier): « J’avoue avoir assez peur d’une tour de contrôle de la déontologie de la presse française. (...) Je ne suis pas sûr que des journalistes de Charlie Hebdo aient envie de rendre des comptes devant des journalistes de La Croix et inversement… ».

Il a alors pris position pour une charte déontologique propre à chaque entreprise de presse, qui devrait être signée par chaque journaliste au moment de son embauche, et laissé entendre, selon le Syndicat national des journalistes, que son groupe pourrait « être amené » à retenir cette recommandation... alors, poursuit le SNJ, «que le débat sur cette question n’est prévu que jeudi prochain, 4 décembre.» De fait, le calendrier officiel ne prévoit pas d'arrêter «les conclusions du groupe de travail en matière de déontologie» avant le 4, 14 heures...