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Billet de blog 21 janvier 2014

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À nouveau Maïakovski

Maïakovski, à nouveau… Car ouvrir à nouveau un de ses livres, n’importe lequel, c’est ouvrir en grand la fenêtre et laisser entrer le courant d’air frais de la poésie et de l’Histoire. Même quand on le connaît bien, (l’ayant traduit, il y a longtemps que je fréquente sa poésie) à chaque fois l’expérience est la même : lire Maïakovski, c’est prendre un coup de jeune. Sa poésie refait le monde à neuf.

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Maïakovski, à nouveau… Car ouvrir à nouveau un de ses livres, n’importe lequel, c’est ouvrir en grand la fenêtre et laisser entrer le courant d’air frais de la poésie et de l’Histoire. Même quand on le connaît bien, (l’ayant traduit, il y a longtemps que je fréquente sa poésie) à chaque fois l’expérience est la même : lire Maïakovski, c’est prendre un coup de jeune. Sa poésie refait le monde à neuf.

Illustration 1

Le Temps des Cerises qui s’est lancé, sans tambours ni trompettes, dans l’édition de l’œuvre complète, vient de faire paraître un gros volume du théâtre de Maïakovski, qui comporte notamment une pièce inédite en français : Moscou brûle, pièce d’agit-prop sur la révolution de 1905, qui est l’un de ses derniers écrits. À lire ou relire ces pièces, notamment l’extraordinaire  Bains publics, on mesure ce que fut l’engagement de Maïakovski, dans la révolution et en même temps contre tout ce qui, dans la révolution, n’allait pas. En particulier la bureaucratie et la nomenklatura qui en prennent pour leur grade. Il le fait avec un humour, une fantaisie, un bonheur, une vigueur et une liberté d’expression extraordinaires.
Né, probablement en 1893, à Bagdadi en Géorgie, Vladimir Vladimirovitch Maïakovski est venu tout jeune à Moscou, après la mort de son père.


À quinze ans, il adhère au Parti social-démocrate ouvrier de Russie (tendance bolchevique, contrairement à ce que sous-entend l’un de ses biographes). À seize ans, il connaît les prisons du Tsar, ce qui jouera un grand rôle dans sa formation non seulement politique, mais artistique.
Il s’inscrit ensuite aux Beaux-Arts, mais en sera exclu en 1914 pour agitation. Dès 1912, il fréquente les cercles de l’avant-garde artistique dont il devient vite une figure de proue, arpentant Moscou avec sa blouse jaune de futuriste.


Par son premier grand poème, Le Nuage en pantalon, il révolutionne la poésie russe, qui était une poésie de grande tradition dominée à l’époque par une forme de symbolisme dont les œuvres d’Alexandre Blok ou d’Anna Akhmatova donnent une idée. Dans le Nuage, ce grand poème d’amour blessé, la rue, la ville, la guerre et la révolution qui s’annonce font irruption à travers des rythmes, des rimes et des images inouïes.  


En 1917, Maïakovski participe activement aux événements révolutionnaires, ce qui lui laisse peu de temps pour écrire. Mais dans les années qui suivent, il fonctionnera à plein régime, comme « une usine sans cheminée », dit-il, produisant à tour de bras des poèmes de circonstances, des quatrains de propagande, pour les affiches Rosta, mais aussi de grands poèmes épico-lyriques, comme J’aime, De ceci, (l’un de ses chefs-d’œuvre), 150 000 000, Khorocho, Lénine jusqu’À pleine voix sur lequel il travaillait au moment de son suicide.
Si Maïakovski continue de bousculer l’image convenue de la poésie, cela tient bien sûr à la force de son vers et de ses images. (Il a fortement influencé non seulement la poésie russe, mais la poésie mondiale, de Nazim Hikmet à Allen Ginsberg, en passant par Aragon…)
Mais c’est dû aussi à sa vision. Engagé corps et âme dans la Révolution d’Octobre, il veut aller plus loin. Hisser l’individu à la dimension de la planète et de l’avenir, comme il le fait dans son poème La Ve Internationale. Il est, avant l’heure, le poète de la mondialisation des peuples.

Francis Combes

Nous, les communistes

Communistes nous sommes parce que,
les pieds solidement plantés dans l’aujourd’hui,
nous sondons du futur la nuit opaque,
et sommons le présent de vivre.

Communistes nous sommes parce que
nous écoutons la classe qui murmure
et des sans-voix lancés à l’attaque
nous faisons une masse unie comme un seul et qui chante.

Communistes nous sommes parce que,
marchant sur la plage nue
quand déjà monte le bruit de la marée
nous continuons, dédaignant le refuge.

Communistes nous sommes parce que,
ayant pesé avec justesse les plus et les moins,
nous savons reculer, ferrailler à l’arrière,
et repartir de plus belle pour l’empoignade.

La Revue du projet, N° 33

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