"La quête infinie de l’autre rive" de Sylvie Kandé, présenté par le poète Nimrod
Si c’est notre lot nous saurons bien un jour / sur quels rivages innommés l’océan à la vaste mémoire / s’en va brisant ses lames.
Ainsi s’exprime Sylvie Kandé dans La quête infinie de l’autre rive, qui pour moi est le chant absolu ou, plutôt, le poème absolu.
Entre L’Iliade et L’Odyssée, La chanson de Roland, Racine et Corneille, Césaire et Senghor, le rap et le slam, elle invente sa langue à elle, sans surcharge ni surimpression. Une poète inscrit la mythologie au cœur de notre imaginaire en révélant que l’Afrique, avant l’Europe et avant l’invention de l’astrolabe, avait déjà exploré, sous la conduite de l’empereur malien Aboubakar II le Magnifique, l’Amérique.
Car aucune nation n’est plus africaine que les États-Unis. Aucune recherche ne détrônera le besoin de l’autre en nous, aucune invention n’y éclipsera Ulysse. La quête de l’autre rive est un marqueur universel des identités. Aussi tous les desperados viennent-ils échouer à Lampedusa, Gibraltar ou Calais.
Entre goutte et sel, Sylvie Kandé leur commande de mettre le cap à l’Ouest.
C’est là qu’est l’Orient.
Sylvie Kandé, La quête infinie de l’autre rive, épopée en trois chants, Paris, Gallimard, « Continents noirs », 2011, 107 pages, 13,90 €.