Billet de blog 6 juillet 2014

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La jeunesse hors jeu

A la veille de l'ouverture de la conférence sociale 2014, Nordine Idir, secrétaire général du mouvement des Jeunes communistes de France (MJCF), interpelle François Hollande : « il est difficile de trouver la réponse à nos besoins » dans les mesures envisagées, et regrette que les organisations de jeunesse ne soient pas conviées à la discussion.

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A la veille de l'ouverture de la conférence sociale 2014, Nordine Idir, secrétaire général du mouvement des Jeunes communistes de France (MJCF), interpelle François Hollande : « il est difficile de trouver la réponse à nos besoins » dans les mesures envisagées, et regrette que les organisations de jeunesse ne soient pas conviées à la discussion.


M. le Président, alors que s’ouvre lundi 7 juillet la conférence sociale qui devrait annoncer de nouvelles « réformes » pour notre pays, nous nous permettons ce petit rappel. Ce nous, c’est cette jeunesse dont vous avez déclaré qu’elle vivrait mieux en 2017 qu’en 2012, cette jeunesse sur le sort de laquelle vous vouliez être jugé. Plus qu’un bilan pourtant accablant, c’est un climat, des choix politiques régressifs qu’il faut interroger et qui menacent l’avenir de notre génération.

Pierre Gattaz, président du Medef, se prend les pieds dans ses justifications, après les révélations de l'Humanité sur les pratiques fiscales de son entreprise, et continue de réclamer toujours moins de solidarité. Il est une menace pour l’avenir de notre génération, lui qui visiblement ne comprends pas que l’impôt, c’est de l’argent public.

Tous les voyants sont au rouge, comme le montrent les différents rapports et études. A l’école et au travail, les inégalités et les injustices sont criantes au point de plonger 20% d’entre nous dans la pauvreté.

En ces temps de Coupe du monde de football, j’ose même une comparaison sportive. Les jeunes sont hors jeu de cette société.

Hors du droit commun et de l’emploi stable puisque nous sommes condamnés à vivre de dispositifs particuliers, vivotant de demi-salaires.

Hors des institutions puisque nous sommes éparpillés entre des dizaines de dispositifs sans aucune lisibilité ni égalité de traitement.

Hors de la politique quand l’engagement, les mobilisations de jeunes sont méprisés voire réprimés.

Hors de la nation quand certains d’entre nous ont le tort de ne pas avoir la bonne origine et/ou de supporter certaines équipes de foot…

Nous vivons dans une société qui a fait de l’exclusion de notre génération la norme par le biais de la précarité, de la violence sociale. Nous vivons de plein fouet ce nouveau modèle social tant espéré par le Medef où les critères comptables, la concurrence sauvage sont généralisés. Comment s’étonner dès lors de la défiance totale des jeunes envers la politique, la société, sur l’idée même de collectif ? Tout a été fait pour entretenir et alimenter ce rejet, cette mise hors jeu. Tout a été fait pour briser une perspective d’avenir.

Il serait démagogique de mettre des décennies de choix politiques désastreux au service des rentiers et des plus aisés sur le seul dos de votre gouvernement. Mais il est clair que vous ne les avez pas contestés, étant remis en cause jusque dans votre propre camp. La Conférence sociale en est l’illustration. L’emploi des jeunes y est annoncé comme une priorité, avec de nouvelles mesures libérales où il est difficile de trouver la réponse à nos besoins.

Que vaut un statut d’étudiant entrepreneur quand l’austérité budgétaire dans les universités empêche de nombreux étudiants de faire leur année dans de bonnes conditions ou que certains sont tirés au sort pour les inscriptions ?

Que vaut l’ambition de développer l’apprentissage sans rien dire sur les conditions de formation des apprentis et alors que le démantèlement de l’industrie met en péril de nombreuses filières professionnelles ?

Que vaut une garantie jeune si elle s’empile aux autres dispositifs existants pour les jeunes sans qualification pendant que la réforme territoriale et d’autres mesures vont rendre plus difficile l’accompagnement de ces jeunes ?

Est-ce donc cela la priorité jeunesse ?

Comble du cynisme, cette conférence dont la jeunesse sera un thème central ne convie pas… les jeunes ! Faire sans les salariés, les jeunes, ne semble pas vous gêner puisque votre gouvernement reprend la vulgate néolibérale, tant à la mode en temps de crise : courage, réforme, détermination. Autant de mots qui sonnent creux pour notre génération quand on sait ce qui se passe en réalité derrière : privatisation, fin du code du travail, soumission de l’éducation aux actionnaires. Autant de postures qui prouvent que si les jeunes sont hors jeu, votre gouvernent est hors sujet, à mille lieux de nos attentes et de nos aspirations.

Loin d’en rester à une simple dénonciation, les jeunes se battent. Qu’ils soient intermittents, étudiants ou cheminots, ils sont l’exemple de jeunes qui ont de l’ambition pour leur activité et pour son utilité dans le pays, et la volonté d’en vivre dignement. Vous avez organisé il y a quelques jours à l’Elysée un rendez-vous intitulé « La France s’engage », j’espère que vous avez pu entendre ce message d’avenir.

Avec leurs organisations, les jeunes participent de la construction d’un socle fondamental qui doit être le premier pas vers une refonte des politiques de jeunesse au service de nos besoins. Nous avions signé en 2012 un appel avec 67 organisations de jeunesse, associatives, syndicales, d’éducation populaire, politiques pour faire du droit commun la boussole de toute nouvelle orientation. L’ambition étant de permettre à chaque jeune de construire son parcours de vie à travers une sécurisation des parcours de formation, un droit renforcé au travail avec des ressources dignes par le biais notamment  d’une allocation d’autonomie.

M. le président, continuerez-vous à prêter une oreille attentive au Medef et à son président, chantre de l’optimisation fiscale ? Continuerez-vous à condamner toutes les mobilisations sociales avec un mépris social que l’on croyait propre à la droite ?

Il est temps de réanimer cet appel, de lui donner un nouveau souffle pour ne pas laisser la parole et les aspirations des jeunes dans des mains brunes ou dans le désespoir. Face à ceux qui veulent nous mettre hors jeu, réinvestissons le terrain pour faire entendre nos solutions faites de justice et d’efficacité.

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