
Minuit. Je ferme la porte de la maison à clé, je me faufile sans faire de bruit jusqu’à la voiture et je pars dans la nuit. Rendez-vous secret. Dans une petite rue de la ville, un groupe d’hommes et de femmes attend devant le bâtiment éclairé par de maigres réverbères et la lune naissante. Les regards se croisent, les sourires s’échangent, complicité silencieuse, quelques uns parlent à voix basse : « Comment tu l’as su ? », « Quelle chance ! », « On est des privilégiés ! »...
Minuit et demie : la porte du bâtiment s’entrouvre, les heureux élus rentrent furtivement à l’intérieur. Dans la semi-obscurité de cette petite salle de théâtre, chacun s’entasse avec bonheur. Lumière tamisée, chuchotements, plaisir et désir enrobent déjà le piano à queue, la chaise vide derrière le micro et la guitare Fender prête à jouer. Ils entrent. Il entre. Premiers accords et la voix de Christophe nous envole dans La Dolce vita. Ce seul instant arrête le temps. Un concert privé pour nous et la magie de ces airs cent fois fredonnés, Aline, Succès fou, Les mots bleus... Frissons sur Les Paradis perdus, Mal comme, Mon dieu si elle t’appelle, Comme un interdit...
Une nuit, au chaud dans mon cœur, gravée de mots bleus. Une émotion brute. Et tendre. Nichée au fond des entrailles.
.
Voir aussi : Christophe, le cueilleur d'instants
.
Photo : Diarmid Courrèges