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Roms, et qui d'autre?

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Billet de blog 12 octobre 2014

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Entraides-Citoyennes soutient les aidants des exclus et vient en aide aux sans-abris

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Violation de l'intimité des roms pour leur venir en aide ?

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Entraides-Citoyennes soutient les aidants des exclus et vient en aide aux sans-abris

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le photographe Marc Melki capture depuis deux ans l’image de roms endormis dans les rues de Paris pour dénoncer le manque de prise en charge de l’État. Une démarche à priori humaniste, mais très maladroite, qui a déjà causé préjudice à des familles et pourrait encore leur nuire dans l’avenir. Une démarche de plus qui bafoue le droit des roms…

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Les familles photographiées ne sont pas informées de la démarche du photographe ni avant, ni après le clic-clac. L’accord pour publication n’est pas non plus requis. Selon le droit français, « la prise de photos sur la voie publique ne constitue pas un délit ». En revanche leur publication peut l’être non seulement si un dommage est subi mais aussi si l’image porte atteinte non seulement à la vie privée, mais surtout à l’intimité de la vie privée.

Montrer les visages de personnes dans une situation de vulnérabilité extrême les rend encore plus vulnérables, si tant est que ce soit possible ! Cette démarche aboutit parfois à un résultat totalement opposé au but escompté.

Certes, le travail des photographes est absolument indispensable pour démentir le sentiment (parfois exprimé) que « la misère n’existe pas en France » ou aux idées exécrables que la (sur)vie dans la rue puisse « être un choix pour certains »…

  • Selon plusieurs témoignages concordants, ceux qui gèrent l’hébergement d’urgence en France ont à plusieurs reprises refusé de donner suite à des demandes de familles roms arguant d’un prétendu « abandon antérieur d’hébergement » basé sur la publication de photos non datées…
  • A Bruxelles des familles photographiées à leur insu se sont retrouvées affichées sur des sites d’ extrêmes droite dans leur pays d’origine.
  • On peut tout à fait se demander, si ces photos ne viennent pas en aide aux forces de police qui viennent à intervalle régulier se saisir des effets des familles pour les jeter dans les bennes du service d’hygiène qui les conduit vers leur destruction…

A plusieurs reprises, nous avons contacté le photographe pour lui demander de cesser de publier les photos sur lesquelles les personnes sont reconnaissables ou identifiables et de retirer celles qui pouvaient l’être sur sa page Facebook ou sur son blog.

Il évoque son « droit » et ses « devoirs » de journalistes : « j’ai enlevé l’enfant à la cagoule, et vais enlever les enfants de République trop reconnaissables. Sinon il ne faut pas trop pousser, parce que tu vas bientôt me dire qu’on reconnaît les couverture donc les familles et là c’est sans fin. N’oublie pas que ce sont des témoignages. Un reportage sur la dérive de notre société, c’est mon métier de témoigner, entre autres sur des injustices aussi criantes ! »

Récemment, l’article d’une jeune journaliste canadienne qui a suivi nos équipes de maraude à République a été publié sur Richochet Media accompagné de photos de Marc Melki. L’éditeur n’avait sûrement pas trouvé suffisamment « parlantes » les photos que la jeune femme avait prises de la famille évoquée, avec son accord et le notre… Il les a finalement ôtées après plusieurs emails : 5 jours après leur parution et 256 partages… Ces photos circulent donc aujourd’hui sur la toile et peuvent être utilisées par n’importe qui, à n’importe quelles fins…

Et puis voilà qu’aujourd’hui Marc Melki publie un livre de ces clichés volés « pour dénoncer haut et fort ce scandale politique, social, et humanitaire qui n’a que trop duré, nous (ndlr : qui ?) publions le livre. Acheter notre livre c’est aussi un geste militant pour alerter vivement les pouvoirs publics et soutenir notre action pour réveiller les con-sciences ! ». La présentation de l’ouvrage intègre plusieurs photos de familles roms endormies et… parfaitement reconnaissables !

Comme si les pouvoirs publics avaient besoin d’être alertés sur une situation qu’ils entretiennent (pour ne pas dire génèrent)… Nous avons bien lu tout ce qui est déjà publié à propos de ce livre. Nous n’y avons pas découvert qui est le « nous » et encore moins à qui bénéficieront les bénéfices de ce livre vendu 29 €.

Nous aimerions savoir ce que vous pensez de ces maladresses et de cette façon d'agir pour "aider des familles" de manière tellement maladroite que cela augmente encore les risques pour elles ?

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