Ces mercredi et jeudi, le PS organise à Paris dans le cadre des campagnes électorales un forum sur la santé. Des militantEs d'Act Up-Paris seront présentEs.

Nous y viendrons avec nos analyses, nos critiques, nos revendications. Mais la question qui se pose, dès le départ, est la marge de manoeuvre qui sera accordée aux représentantEs de la société civile, et notamment aux associations de malades.
Ce forum arrive alors que le candidat socialiste à la présidentielle a déjà annoncé son programme. Les grandes lignes du programme du PS sont quant à elles établies depuis des mois. Peut-on encore espérer que nos arguments pourront amener les responsables à revoir leur copie ?
Prenons un exemple : le PS défend depuis plus d'un an, dans son pré-programme pour 2012, la pénalisation des clients de prostitutées. ExpertEs et associations de terrain ont démontré que cette mesure empêcherait les actions de prévention du VIH et des IST ; elle va donc entraîner des contaminations, notamment au virus du sida.
Prenons un autre exemple : François Hollande n'a pas proposé l'abolition des franchises médicales ou l'intégration des sans-papiers dans la CMU. Ce sont pourtant des thèmes qui ont été défendus par des parlementaires socialistes au cours des deux dernières années. Pourquoi ne sont-ils pas repris dans le programme de campagne du candidat à la présidentielle ?
Encore un exemple ? Alors que l'industrie pharmaceutique corrompt tous les secteurs de la santé publique, de la recherche à la pharmacovigilance, alors que certainEs parlementaires socialistes n'ont ménagé aucun effort pour améliorer la loi sur la sécurité du médicament proposée par le pouvoir actuel, il est incompréhensible que le PS ne propose pas de taxer les bénéfices de l'industrie pharmaceutique, taxe qui serait reversée à la Sécurité sociale, la recherche publique et les associations de malades.
Prenons un dernier exemple : François Hollande a soutenu publiquement la mise en place de programmes d'échange de seringues en prison. Mais il ne dit rien sur l'incompatibilité entre la santé et l'enfermement, sur la nécessité de vider les prisons des personnes malades, d'en finir avec la répression qui s'exerce contre les usagErEs de drogues, les sans-papiErEs, les travailleurSEs du sexe. Au contraire, il donne des garanties sur le maintien du système carcéral actuel et annonce la construction de nouvelles prisons.
Le PS est-il prêt à entendre nos arguments et à modifier en conséquence son programme, faire valoir la santé et les droits des personnes avant l'idéologie ? Le PS est-il prêt à tenir compte de notre expertise ? Régularisation de tous et toutes les sans-papiErEs, légalisation des drogues, libération des prisonniErEs, reconnaissance légale du travail du sexe, couverture maladie réellement universelle (qui n'exclut pas les sans-papiers, ni les bénéficiaires de l'Allocation Adulte Handicapé), revenus des personnes handicapées, lutte contre les discriminations, solidarité internationale, politique fiscale qui prend aux riches pour donner aux pauvres, financement des services publics, notamment de l'hôpital, etc, etc. : tout cela concerne la santé, tout cela doit être discuté, sans que la parole des malades et de la société civile soit invalidée a priori, parce qu'incompatible, « utopique », « angélique ». Toutes nos propositions sont parfaitement réalistes, ancrées dans notre expérience concrète de séropos, de malades du sida, d'activistes, et dans la réalité politique de ces trente dernières années.
Ce forum de deux jours est donc un test pour voir, en acte, ce que le PS et François Hollande entendent réellement quand ils parlent de « démocratie sanitaire ».