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Billet de blog 14 mars 2015

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J’ai lu le dernier Houellebecq.

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J’ai lu le dernier Houellebecq mais je suis contente je ne l’ai pas acheté, parce que l’idée d’avoir pu donner un sou à un gars qui se caresse les couilles par écrit, m’aurait cassé le moral pour un bout de temps.

Son livre, très bien écrit, est un gigantesque fantasme masculin couché sur le papier. C’est la communion d’un fantasme de religion, en l’occurrence l’islam mais ça aurait pu en être une autre, et d’un fantasme de vie sexuelle dominante, où tout le plaisir des femmes serait de lui grignoter l’anus en échange d’un certain confort matériel.

En gros il s'agit des reflexions d'un prof d'université qui se fait plaquer par sa petite amie étudiante alors que la France élit un président musulman. Le héros y voit donc une occasion en or de se taper, en tant que prof, quelques autres étudiantes.

La fable (peu ragoutante) est "amusante" mais elle n’est pas « saisissante » comme le soutient la quatrième de couverture de Flammarion. Elle est même un peu ennuyeuse, quand il passe sa vie dans des églises à ruminer sur un obscur auteur de la troisième République. Evidemment, quand il explique dans le moindre détail sa vie sexuelle,  on lit avec plus d’intérêt. Enfin au début… Après on a compris le truc : ce mec est un gars qui aime se faire sucer, comme tous les mecs. Il a raison. 

Par contre c’est là que le livre montre ces premières faiblesses : dans sa vision des femmes qui transpire dés les premières pages. Est-ce le fait de tous les universitaires ? J’espère que non, mais manifestement, son héros ne connait des femmes que la chatte, la qualité de cuisinière et parfois, l’art de se choisir un époux correct alors qu’elles sont moches. Il est clair qu’Houllebecq déteste les femmes et en cela évidemment, il s’entend bien avec toutes les religions du monde. L’idée de la femme soumise à l’homme le fait bander. Comme le dit un de ces personnages « Il y a pour moi un rapport entre l’absolue soumission de la femme à l’homme, telle que le décrit Histoire d’O, et la soumission de l’homme à Dieu, telle que l’envisage l’islam ». C’est comme cela qu’Houllebecq, voit l’islam, c’est son problème, c’est comme cela que je vois les cathos, ça doit être le mien. C’est d’ailleurs le mien car dans cette vision du monde c’est encore et toujours la femme la grande perdante.

Car là où, toujours le même personnage, papadoum d’université, se trompe c’est quand il affirme en parlant des femmes « Originellement, sont elles aussi avant tout attirées par les avantages physiques, mais on peut, par une éducation appropriée, parvenir à les convaincre que l’essentiel n’est pas là. On peut déjà les amener à être attirées par les hommes riches (…). On peut même, dans une certaine mesure, les persuadés de la haute valeur érotique des professeurs d’université... » C’est malheureusement dans ces quelques phrases que notre pauvre Houllebecq, tout nu dans son slip blafard, nous apparait avec son petit zizi sans grande lumière, car tout est faux. Rien n’est vraiment neuf dans ces grandes suppositions, on nous l’a déjà fait avec le catholicisme….Eh bien les faits sont là : on constate que malgré une « éducation appropriée », certaines femmes ont gardé leur liberté de penser, de coucher avec qui leur semblait bon et enfin n’ont pas sacrifié à l’appel de l’or…qui semble aux yeux de Houllebecq, l’argument décisif.

J’en conclue que sa vision du monde est un peu plate mais surtout très incorrecte. Donc peu me chaut de la grande douceur de ses testicules (C’est fou d’arriver à parler à ce point-là de son propre sexe dans un seule livre. Je vais finir par penser que Catherine Millet nous à fait un grand cadeau féministe !), on s’emmerde sec dans les trois quart de son bouquin puisqu’on n'y croit pas. On ne rentre pas dans son délire et le fait qu’il encule à tout bout de champ, devient lassant.

Ecoutez soyons claire, je l'ai lu jusqu’au bout pour pouvoir écrire quelque chose dessus qui se tienne, mais ne vous emmerdez pas à le faire, ou alors sans payer, c’est mon conseil. Je vous orienterais plutôt vers le premier roman d’Emmanuel Razavi "Lemont Mint" chez Dhow Editions, qui lui aussi parle d’islam, lui aussi parle de femmes et a tout de même une scène très très chaude (pour ceux qui ont besoin d’en avoir la certitude avant d’acheter). Par contre Razavi n’est pas dans le délire et raconte avec justesse (c’est un grand reporter de l’Orient) la réalité de notre monde actuel, de ses guerres de plus en plus présentes, de ces angoisses qui nous taraudent et ces religions qui nous emmerdent.

Par contre Razavi a l’humilité de ceux qui ne sont pas des opportunistes à tout crin, des chouchous de journalistes en mal de grivoiseries : personne ne lèche en direct l'intimité de son héros et, à mes yeux, c‘est tant mieux. Il a compris qu’une morsure pouvait tomber: les femmes n’étant pas de simples jouets entre les mains des mâles.

Il offre une vision du monde pas forcément plus gaie mais indiscutablement plus juste, moins vulgaire et avec quelque part, une étincelle d’espoir vers un mieux de l’humanité dans son ensemble. Une part de rêve qui ouvre la porte d'un avenir plus serein.

 Merci à lui.

Liens vers mes  dernières critiques de livre:

Le chaos Syrien  :( R Kassis et A del Valle)

 Les chemins de Damas ( G.Malbrunot et Chesnot)

 Osez la Syrie! (R.Labévière et T El Atrache)

 Des hommes comme les autres (J.Luyendick)

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