Petites manoeuvres d'été: les afghans qui campaient le long du canal Saint Martin n'y sont plus. Les campements non répertoriés par les offices de tourisme sont ou seront rasés.
Le fantasme de l'invisibilité diagnostiqué par Carine Fouteau a encore frappé les exilés afghans. Petit rappel dans notre billet du 28 octobre 2009: "
A Paris, dans le sillage du nettoyage du square Villemin, de la dévastation de la "jungle" de Calais, après quelques demandes d’asile et trois jeunes gens chartérisés et médiatisés, il reste ceux qu'on appelle les exilés du 10ème depuis la fermeture de l’abri de Sangatte, et que tentent encore d’aider un collectif et plusieurs associations."
Une partie d'entre eux avaient installé un camp sur la berge du canal Saint Martin, proche des gares de l'Est et du Nord, à Paris.
Eh bien, ils ont disparu: au petit matin du mardi 20 juillet, les forces de l'ordre étant venues leur offrir des hébergements!
Le Ministère de l'immigration est fier de ce que "la France continue à honorer sa tradition d’accueil des demandeurs d’asile.".
La Ville de Paris salue son propre travail accompli et "demande à l’Etat, dont c’est la compétence, l’ouverture immédiate de nouvelles capacités d’accueil réparties de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire francilien".
France Terre d'Asile , qui a participé à l'opération, s'inquiète de la suite: "Mais nous disons aussi clairement que cette action sera sans lendemain si parallèlement une vraie concertation incluant l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs n’a lieu dans de brefs délais, permettant d’obtenir la création d’une plate-forme d’accueil pour les primo-arrivants par département en Ile-de-France et la mise en place d’un schéma national d’accueil cohérent, qui ne pourra se faire sans la création de nouvelles places ou sans une réforme profonde du système d’accueil."
D'autres aussi s'inquiètent, et se posent même des questions sur la nature exacte de l'opération. Ainsi, le Collectif de soutien des exilés du 10e relayé par un voisin tempère la satisfaction des organisateurs: "Il n'était pas besoin d'amener les CRS, pour convaincre de se rendre dans un lieu d'hébergement tous ceux qui, depuis des mois, réclament à FTDA le logement auquel ils ont droit. Le collectif souligne par ailleurs que de nombreux exilés ont "perdu" leurs documents et autres affaires personnelles précipitamment embarqués et jetés par les agents municipaux au mépris de la loi."
D'autres encore sont carrément dubitatifs sur la portée de l'opération: "Les demandeurs d’asile devraient bénéficier de ces places d’hébergement le temps de la procédure. Quant aux autres, ils pourraient revenir rapidement sur les berges du canal. N’en déplaisent aux organisateurs de Paris Plages…"
Et, pendant ce temps, Idrissa, un lycéen malien de 17 ans, parvenu à la nage sur les rives de l'Europe ("la pirogue s'est écroulée sous nous"), donne des leçons de français à ses camarades mauriciens et afghans dans un parc parisien.
C'est l'été, saison du camping, mais pas des campements, ni même des bidonvilles, ni pour les demandeurs d'asile, ni pour les gens du voyage et autres Rroms.
Comme le swingait Django, "Le jour de ... est arrivé..."
Martine et Jean-Claude Vernier
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