Dans le monde des affaires, le manque de vision anticipe une débâcle inéluctable.
C'est un classique dans le monde des affaires: des entreprises qui furent des fleurons économiques et financiers sont incapables d'anticiper leur déclin et de prendre les tournants qui s'imposent. Peut-être est-ce simplement un phénomène aussi inéluctable que le remplacement des anciennes générations par de nouvelles générations.
De partout, les signes annonciateurs de la fin de règne du roi pétrole se multiplient. En voici 15 (liste non exhaustive):
- Le réchauffement climatique.
- Les dégâts environnementaux, sanitaires, sociaux et culturels (néocolonialisme) liés à l'extraction du pétrole.
- Les dégâts environnementaux et sanitaires liés au transport du pétrole (Amoco Cadiz, Exxon Valdez, etc.)
- Les dégâts environnementaux et touristiques liés au raffinage du pétrole.
- Les contraintes géopolitiques liées à la dépendance face aux pays producteurs de pétrole.
- Les contraintes militaires liées à la protection des pétroliers et des sites d'extraction du pétrole.
- Les attaques en Justice pour dommages sanitaires et environnementaux.
- La multiplication des sites d'extraction pétrolière (avec de nos jours les pétroles de schistes et de sables bitumeux).
- Les couts d'extraction de plus en plus prohibitifs (il faut descendre de plus en plus bas, ou créer de nouvelles techniques).
- La baisse du cout du pétrole (les stocks seraient-ils trop remplis et l'offre déjà supérieure à la demande?)
- La nécessité d'entretenir et d'intensifier un lobbying mensonger voire mortifère.
- La nécessité de défendre l'indéfendable: de faire comme si une société pétrolière est vertueuse, alors qu'elle nous suicide.
- La menace boursière (un tradeur peut gagner de l'argent en jouant le déclin d'une entreprise).
- La montée en puissance des énergies nouvelles qui concurrencent les énergies fossiles.
- Last but not least, l'émergence de l'hydrogène renouvelable, le carburant de l'avenir.
Alors que les inconvénients du pétrole augmentent jour après jour, l'empire du pétrole semble invincible. Mais pour combien de temps encore?
Au XXe siècle, le monde sans Kodak semblait inconcevable. Simon et Garfunkel avaient même créé un hymne à Kodak, un des grands moments de leur concert grandiose à Central Park en 1981.
Simon et Garfunkel chantait "Mama don't take my Kodachrome away!" Malgré ces belles incantations nostalgiques, 30 ans après, Kodak avait totalement disparu! Combien de jeunes de moins de 20 ans connaissent encore ne fut-ce que le nom Kodak ? Probablement moins d'un pourcent.
Manifestement les dirigeants de Kodak, l'empire de la photographie argentique, n'ont rien pu faire pour résister à l'avènement de la photographie numérique. Ils auraient dû changer leur entreprise de fond en comble.
On pourrait citer les écrans à tubes cathodiques qui ont connu un règne incontesté pendant un demi-siècle avant de devenir introuvables à l'achat en moins d'une décénnie.
On pourrait parler des éclairages LEDs apparus dans les grandes surfaces seulement depuis 2010 et qui sont en train de balayer tous les autres modes d'éclairage ayant prévalu au siècle passé: déjà, le géant IKEA ne vend plus que des LEDs.
Ainsi en sera-t-il pour les rois des énergies fossiles (pétrole, mais aussi nucléaire, gaz naturel et charbon) qui seront bientôt balayées par les énergies nouvelles.
Kodak semble avoir vécu dans l'illusion que la résolution des supports chimiques resterait inégalée. Il est vrai qu'au début de l'avènement du numérique, les résultats étaient de qualité tellement rudimentaire que la menace semblait bien lointaine. Et pourtant, l'inconcevable est arrivé: en quelques années, Kodak a purement et simplement disparu du monde de la photographie!
Ainsi en sera-t-il pour l'industrie pétrolière. Un jour ou l'autre, le point de décrochage sera atteint et l'industrie pétrolière entamera sa descente aux enfers avant de crouler sous les dettes, les plans sociaux, les faillites et les procès en tous genres.
Les tenants du fossile vont s'engluer dans leurs vieilles solutions. Même, s'ils veulent changer, le nerf de la guerre étant l'argent, il faut se rappeler que c'est couteux de changer le business model d'une entreprise. Passer du pétrole à l'hydrogène, c'est tout changer et simplifier drastiquement. L'abandon de l'extraction et du raffinage pétrolier va coûter très cher. La bourse le sait bien qui sanctionne sans états d'âmes. Elle récompense les nouvelles entreprises qui gagnent en démarrant une activité ex nihilo (les startups) au détriment des anciennes entreprises qui, engluées dans leur passé, doivent comptabiliser dans leur bilan les dépenses de temps et d'argent pour clôturer des pans entiers d’activités, avec tous les soucis et les conflits que cela suppose. Les ventes à découvert permettent même de gagner de l'argent en bourse en misant sur le déclin des entreprises.
Pour le citoyen, il importe de réaliser que les problèmes liés au pétrole impactent les dépenses publiques et diminuent la richesse collective. Dans la liste ci-dessus, les points 1 à 8 ont des répercussions négatives sur les finances publiques. La liquidation de l'industrie pétrolière permettra de rationaliser et de simplifier les actions publiques.