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Billet de blog 27 janvier 2014

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II. LES VIERGES DU PARADIS PRÉFÈRENT-ELLES LES CIRCONCIS ?

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Par Abdenour DZANOUNI

Ou les tourments d’Abou Assas el Lékak et les prescriptions du savant Cheikh Abdel Baki de Tombouctou

Article précédent : LE PRÊTRE GEORGES VANDENBEUSCH  A-T-IL ÉTÉ CIRCONCIS?

Un croyant, Abou-Assas el-Lékak, offrit au savant et cheikh Abdel Baki, l’opportunité de traiter de la circoncision en posant de manière pressante de nombreuses questions sur ce rite. Il exigeait du Cheikh de ne pas tergiverser  dans ses réponses aux questions qui se bousculaient dans son esprit..

Abou-Assas : Ô cheikh vénéré, source de savoir et de sagesse pour les croyants, mes questions touchent au rite de la circoncision. Elles sont claires et précises. Je veux des réponses franches et sans détour. Ne me dites pas « Dieu est savant en toutes choses » ! Je le sais ! Répondez-moi, face à face, par oui ou par non, pour m’éviter d’errer dans les brumes de l’incertitude et les ténèbres de l’ignorance, sinon je ne réponds plus de rien !

Cheikh Abdel Baki : Apprends, ô mon frère Abou el Assas, que dans son ouvrage, le savant musulman Sidi Khlil a traité de la circoncision au chapitre « Bab-el-adia » (Chapitre sur la coutume), ouvrage que j’ai commenté abondamment  et assez savamment. En effet, « que Dieu soit le plus savant, ne signifie pas que nous devons rester ignorants ! » Ainsi le criait, un jour de marché, à Marrakech. Le philosophe Ibn-Rochd (Averroès) qui aurait pu ajouter que croire détenir la vérité absolue est une hérésie absolue comme celle que professaient ces mulets d’almohades salafistes auxquels il s’adressait et qui voulaient interdire les études et les sciences, le vin et la poésie, les métiers de chanteur et de musicien …. Et qui brûlèrent, sur la place de Marrakech, ses livres de philosophie ! 

Abou-Assas : Comprenez maître, poursuit  Abou Assas el-Lékak, que ces questions m’ont ôté le sommeil et fait perdre l’appétit. Depuis plusieurs semaines, mon esprit se débat dans de vives inquiétudes et mon âme se retourne comme le poisson pris dans les filets du pêcheur.

 Cheikh Abdel Baki : Ta curiosité des rites et coutumes de notre honorable communauté et l’intérêt que tu portes à la circoncision et à l’attachement éclairé que nous devons avoir pour l’observance de ce rite, t’honorent. Mais depuis que tu as ouvert la bouche, je pressent que je ne vais plus dormir moi-même.

Abou-Assas : Désolé maître, mais tout mon esprit est occupé, sinon préoccupé, par toutes ces questions et d’autres encore, et, cher maître respecté et écouté par les savants du monde, j’attends de votre science et de vos réponses le remède propice à  apaiser définitivement mes questionnements  et mon inquiétude.

Cheikh Abdel Baki :  Entendons-nous bien, il me sera difficile de répondre à toutes tes questions, de manière catégorique, comme tu m’en intimes le pressant désir en me faisant craindre de te perdre si je ne te sauve pas. Mon devoir d’humain et de musulman m’oblige à la franchise et à l’humilité car il y a des situations inextricables comme celle où tu te trouves, d’où seul Dieu, qui a le pouvoir sur toute chose, peut t’extraire, s’il le veut. « Inchaa Allah ! »

Comment pourrais-je en effet répondre à ces nombreuses questions qui ont accaparé la raison et l’esprit de tant de docteurs de la loi et de savants, de toutes les époques et les siècles, des plus prestigieuses écoles de Tombouctou, de Kairouan et du Caire, sans qu’ils ne réussissent, malgré leur science et leur sagesse, à se faire une opinion commune, eux qui sont autrement plus érudits que moi ?

Donc, avant  de répondre à tes questions, apprends qu’il y a plus d’opinions sur ce sujet qu’il n’y a de colonnes à l’université d’El-Azhar ou d’ânes au marché de Marrakech ! Ceci sans compter l’opinion de la rue qui mène en général la barque des peuples vers les récifs de l’anathème et de la division funeste. Dieu nous préserve de la fitna_ la guerre sournoise_ et en particulier de ceux qui la propagent quand ils ont la charge de veiller sur la paix et l’unité entre les hommes.

Abou-Assas : J'écoute et j'obéï, maître! Quand un enfant est « circoncis par les anges », c'est-à-dire qu’il naît circoncis ou le devient les premiers jours de sa venue au monde, sans l’intervention du khettanne (le circonsiseur), comme cela arrive parfois, faut-il le circoncire à nouveau ?

Cheikh Abdel Baki : Est-ce qu’ un enfant, circoncis par les anges, doit être circoncis à nouveau par le khettanne, il parait difficile au chirurgien le plus habile de faire mieux que le plus maladroit des anges ! A savoir, sans verser une seule goutte de sang et sans la moindre douleur pour l’enfant. La circoncision par les anges est une grâce divine accordée à discrétion à l’enfant, pourquoi gâcher ce don par une intervention humaine qui au mieux ne peut faire que moins bien ?

Abou-Assas : Selon la tradition, le jour de la circoncision chez les musulmans est le septième de la naissance de l’enfant.  Un animal est alors sacrifié puis dépecer. Cette occasion donne lieu à une fête et à des réjouissances avec ses amis, ne serait-il pas plus charitable de distribuer cette nourriture à ceux qui ont faim ?

Cheikh Abdel Baki : Ne serait-il pas plus charitable de distribuer la viande du sacrifice aux pauvres et nécessiteux plutôt que de la consommer entre amis et parents, invités au festin ce jour là ? Les fêtes ou cérémonies liées à la naissance, au mariage, à la mort ont pour vertus de réunir les parents, les voisins, les amis, de réparer et de vivifier les liens de partage et de solidarité entre eux. En fait, le croyant véritable a, tous les jours que Dieu fait, bien des occasions d’être charitables avec les pauvres et les nécessiteux, s’il le veut et si ses moyens le lui permettent. Il n’est pas ainsi interdit d’exprimer sa charité en d'autres occasions. 

Abou-Assas : Toujours selon la tradition, la tête de l’enfant est rasée avant la circoncision, ses cheveux sont pesés au poids de l’or ou de l’argent et la somme en est distribuer aux pauvres. Question : Et si, comme c’est souvent le cas, l’enfant nait chauve ?

Cheikh Abdel Baki : Tu sais donc que la charité à cette occasion, vis à vis des pauvres, s’estime au poids en or ou en argent des cheveux du nourrisson rasés au jour de la circoncision. Ceci compense cela, mais, tu t’inquiètes de ce qu’il faut faire si l’enfant est chauve ? Saches que ce prétexte ne dispense pas le véritable croyant d’être compatissant et de partager avec les nécessiteux sa nourriture et sa joie.

Abou-Assas : Les opinions divergent quand à la coutume qui consiste à oindre la tête de l’enfant du sang de l’animal, cette pratique est-elle facultative ou obligatoire ?

Cheikh Abdel Baki : Quant au caractère facultatif ou obligatoire de la coutume qui consiste à oindre la tête de l’enfant du sang de l’animal, cette coutume est peu commune et peu répandue, elle ne peut revêtir de caractère obligatoire que pour ceux qui s’y obligent. Cette pratique qui peut éventuellement heurter la sensibilité de celui qui y est étranger est une trace de pratiques plus anciennes encore que la circoncision elle-même.

Abou-Assas : Est-ce que le bout de prépuce circoncis doit être brûler, enterrer ou jeter dans la nature ?

Cheikh Abdel Baki : La mise en terre du bout de chair est recommandée. Il convient donc d’enterrer le bout de chair, quand l’inhumation comme c’est le cas est  le rite de la communauté.

Abou-Assas :Si pour une raison majeure indépendante de la volonté des parents, un enfant n’est pas circoncis le septième jour après sa naissance, mais bien des mois ou des années après, voir à l’âge adulte ou même à la veille de son mariage, sa circoncision serait-elle valide au regard de la tradition ?

Cheikh Abdel Baki : La circoncision est possible à tout âge : de sept jours au troisième âge, puisque le prophète Abraham s’est circoncis lui-même à 99 ans.

Abou-Assas : Un nouveau converti à l’Islam est-il obligé de se faire circoncire pour devenir musulman ?

Cheikh Abdel Baki : Être circoncis ne signifie pas être musulman et Il n’est pas obligatoire d’être circoncis pour le devenir. Toutefois cela est recommandé de se faire circoncire quand on se converti à l’islam, non pas par commandement religieux mais par la tradition des tribus arabes se réclamant de la descendance d’Abraham par Ismaël, aux côtés des tribus juives en Arabie, et qui pratiquaient la circoncision avant la venue du prophète Mohamed.

Abou-Assas : Un infidèle qui se ferait circoncire pour des raisons strictement médicale, pourrait-il être considéré comme faisant partie de la communauté juive ou musulmane, c'est-à-dire de l’alliance d’Abraham ?

Un marchand musulman qui fait circoncire son  esclave et le converti à l’islam,  doit lui offrir le choix de continuer à le servir ou à retourner libre dans son pays. Est-ce que l’esclave, en son statut d’esclave, peut refuser d’être circoncis et de se convertir ?

Et si le marchand refuse la conversion et la circoncision de son esclave de crainte des pertes occasionnées par son émancipation,  l’esclave peut-il, en son statut d’esclave,  faire prévaloir sa volonté de se convertir et d’être circoncis?

Cheikh Abdel Baki : Les deux religions juives et musulmanes commandent la circoncision des étrangers achetés comme esclaves pour les intégrer ainsi à l’alliance d’Abraham mais les intérêts matériels et spirituels particuliers des uns et des autres se heurtent souvent car la circoncision implique l’émancipation de l’esclave.  Pour en décider,  les docteurs de la loi, s’ils ne se rangent du côté de l’une ou l’autre des parties, s’en remettent courageusement au jugement dernier pour trancher.

Abou-Assas : Est-ce qu’il faut être circoncis pour entrer au paradis et mériter d’être accueilli par les vierges ? Et enfin, comme il n’y a pas place à la pudeur en religion, est-ce que les vierges du paradis préfèrent les circoncis ?

Cheikh Abdel Baki : Faut-il être circoncis pour entrer au paradis ? il n’est nulle part  rapporté qu’il y ait des contrôle de prépuce pour faire le tri des élus à l’entrée du paradis. Quand à savoir si les vierges du paradis préfèrent les circoncis, Dieu seul le sait.

Salam !

 AD

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