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Billet de blog 23 janvier 2015

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Donetsk, pluie de bombes. Un bus frappé, massacre de civils

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22.01.15 - Pendant que la Russie et l'Ukraine, avec la médiation de l'OSCE - assez déséquilibrée du côté du régime nationaliste de Kiev - ont repris à échanger pour l'instant de timides messages conciliants, la population du Donbass est encore sous les bombes. Et le nombre des morts continue à augmenter inéxorablement.

Pendant que les troupes gouvernementales sont encore en train de panser les blessures après la sanglante défaite subie au terme d'une offensive contre l'aéroport de Donetsk qui s'est conclue avec la perte totale de l'escale de la part du régime, un nouveau massacre de civils désarmés a reconduit la guerre civile ukrainienne à l'attention de la presse internationale autrement assez distraite.

Ce matin au moins treize personnes ont été tuées et des dizaines d'autres ont été blessées à cause des tirs de mortier qui ont centré un tramway dans le quartier Leninski de Donetsk. Le bus a été complètement éventré et pour nombre de ses occupants il n'y a eu plus rien à faire. Cette fois aussi, incroyablement - c'était déjà arrivé pour un épisode analogue qui avait eu lieu le 13 janvier dernier - le gouvernement putschiste de Kiev a essayé d'accuser du massacre les forces armées de la République Populaire, sachant pouvoir compter sur la coupable complicité de beaucoup de médias occidentaux. Mais la dynamique des événements - c'est un quartier considéré comme une vraie citadelle des rebelles qui a été bombardé par les positions de l'artillerie de l'armée ukrainienne - ne laisse aucun doute sur la responsabilité de la énième boucherie de civils. Selon les témoins oculaires cités par l'agence des rebelles "Dan-news Info", un arrêt du transport public a été frappé par cinq tirs de mortier pendant que transitaient un tramway et un trolleybus, qui a pris feu, avec une voiture de passage. Les images tournées peu après par une troupe de la télévision de Moscou, Rossia 24, montrent le bus détruit par un engin explosif et des cadavres à l'arrêt et à l'intérieur du même bus. Sur les lieux du massacre sont arrivés les observateurs de l'OSCE, dont le porte-voix, le canadien Michael Bociurkiw, a affirmé : "Nous avons envoyé un groupe qui pourra évaluer la situation ". Peu après une foule de passants en colère s'est jetée sur des soldats ukrainiens prisonniers, et on a frôlé le lynchage, avant que la police n'ait  soustrait les hommes à la rage populaire.

https://www.youtube.com/watch?x-yt-ts=1421828030&x-yt-cl=84411374&v=YWduNqutGQ0 

La situation de la population des villes assiégées depuis le printemps de l'année dernière, est désastreuse et empire de jour en jour. Hier le maire de Donetsk, Igor Martynov, a demandé pour la énième fois à la communauté internationale, tout en dénonçant que à cause des bombardements, le barrage qui fournit la ville en eau a été endommagé tout en laissant la population à sec. "Laisser la population sans eau équivaut à un génocide" a tonné Marynov.

Entretemps, le ministre des Affaires Etrangères russe, Sergej Lavrov, a demandé que soit ouverte une enquête sur le bombardement, tout en le définissant "un crime contre l'humanité" et une "provocation vouée à miner les efforts pour obtenir une solution pacifique de la crise ukrainienne, en particulier le progrès qui s'est dessiné après la rencontre dans le format Normandie au niveau des ministres des Affaires Etrangères" à Berlin. Puis il a accusé le gouvernement Yatseniuk : "Il devient évident que les victimes humaines n'arrêtent pas le 'parti de la guerre' à Kiev et ses protecteurs étrangers", a dit Lavrov. Le président ukrainien qui a attaqué les "terroristes" ukrainiens (c'est le nom que les putschistes ont donné aux rebelles de la Novorossya) lui a immédiatement répondu en soutenant que derrière le massacre il y ait la main de la Russie : "Les terroristes - a-t-il déclaré - ont commis de nouveau aujourd'hui un acte horrible contre l'humanité. La responsabilité en revient à la Fédération Russe".

Entretemps, dans les dernières 24 heures, au moins dix militaires ukrainiens ont été tués dans les combats pour le contrôle de l'aéroport de Donetsk et dans d'autres localités, pendant que 16 autres ont été blessés et capturés. 20 autres - rapporte le ministère de la Défense de Kiev, cité par Interfax - auraient réussi par contre à fuir à l'arrestation. Le journaliste ukrainien Yuri Butusov, directeur du site web Censor.net, tout en admettant ce que beaucoup de médias officiels ukrainiens ont continué de nier nonobstant la confirmation du gouvernement ukrainien, écrit sur Facebook que "le nouveau et l'ancien terminal, la tour de contrôle et tout ce qui pouvait servir pour la défense ont été complètement détruits. Les derniers défenseurs survivants ont abandonné aujourd'hui le nouveau terminal". Ce sont en particulier les volontaires du bataillon néonazi Azov qui se sont échappés devant l'avancée des miliciens, ils ont publié un post délirant sur le profil facebook de la formation : "Les militaires qui défendaient l'aéroport de Donetsk ont été obligés de laisser ce qu'il y a encore un an était un magnifique aéroport moderne. L'épopée de la défense héroïque de l'aéroport a duré 242 jours, soit plus que la défense de Stalingrad et de Moscou pendant la guerre patriotique. Nous espérons que le drapeau national ukrainien revienne flotter sur l'aéroport". Au total, dans les derniers jours de bataille à l'intérieur et autour de l'escale, les milices populaires ont admis la perte de 8 hommes.

Les 13 personnes fauchées par les bombes à Leninski ne sont pas les seules victimes d'aujourd'hui dans le Donbass. Les autorités insurgées dénoncent au moins dix citoyens à Gorlovka et la mort de huit autres personnes dans plusieurs localités de la République Populaire de Lugansk.

Pendant que dans l'est du pays on continue à mourir, les ministres des Affaires Etrangères de l'Ukraine, Russie, Allemagne et France se sont rencontrés hier dans la capitale allemande Berlin mais ils n'ont pas été plus loin qu'une vague et non influente "grave préoccupation" pour la récente escalade des combats. C'est ce qui résulte  d'un communiqué conjoint des ministres des quatre pays : "Ceci - écrivent-ils dans la note - doit finir immédiatement et le calme doit être rétabli". Théoriquement à Berlin les représentants de l'Ukraine et de la Russie ont atteint un accord afin que soit les forces de Kiev soit les miliciens du Donbass retirent les armements lourds au-delà de la ligne de démarcation, et afin que soient établies des "zones de sécurité" entre les combattants séparatistes et les forces de Kiev. Exactement ce qui avait été pactisé lors des accords de Minsk du 9 décembre dernier avant que les armes ne recommencent à parler et le sang à couler. 

Marco Santopadre

http://contropiano.org/internazionale/item/28710-donetsk-pioggia-di-bombe-colpito-un-bus-strage-di-civili

Kiev à l'assaut, une défaite. Les manuels scolaires réhabilitent Bandera

par Marat Grassini 

21.01.15 - Après les lourds bombardements auxquels ont été soumises dans les derniers jours les villes de la région de Donetsk, avec son territoire (seulement hier on avait compté quatre civils tués et 12 blessés seulement à Donetsk), aujourd'hui c'était le tour de la région de Lugansk  d'être lourdement frappée par les artilleries et par les systèmes "Grad" et "Uragan" de Kiev et encore une fois, ce sont les quartiers habités qui ont été pris pour cibles.

Tard dans la matinée six cadavres ont été extraits des décombres d'une habitation civile à Stakhanov, une petite ville dans le sud-ouest de Lugansk. Les immeubles de trois écoles maternelles, ont aussi été frappés heureusement sans victimes. On ne peut vraiment pas dire que les tirs de l'armée ukrainienne servent à quelque chose d'autre si ce n'est le terrorisme à grande échelle contre la population désarmée. Le Président de la République populaire de Lugansk, Igor Plotnitskij a lancé un appel aux soldats ukrainiens à s'unir aux milices et à retourner les armes contre le gouvernement de Kiev. Plotnitskij a révélé que, dans la dernière attaque menée pendant la nuit par les troupes ukrainiennes et repoussée par les milices, les premières ont abandonné sur le champ de bataille plus de 70 militaires tués.

Le sort de 16 soldats gouvernementaux a été par contre plus heureux, une fois blessés au cour des combats autour de l'aéroport de Donetsk, ils ont été amenés par les milices dans les hôpitaux urbains, dont trois dans des conditions graves.

 https://www.youtube.com/watch?x-yt-cl=84411374&x-yt-ts=1421828030&v=Pg5b9kLUWGM

Selon l'aveu même des militaires, le commandement les aurait envoyés récupérer leurs camarades blessés, sans les prévenir que toute l'aire est désormais contrôlée par les milices, lesquelles dans les derniers jours ont repoussé plusieurs tentatives des gouvernementaux de reconquérir la zone du nouveau terminal de ce qui reste de l'aéroport de Donetsk(l'ancien se trouve depuis longtemps sous le contrôle des milices).

Juste hier, le Président de la République de Donetsk Aleksandr Zakharchenko avait annoncé que les corps des soldats gouvernementaux morts pendant la bataille pour l'aéroport seront restitués à la partie ukrainienne et que les militaires prisonniers aussi seront consignés à leurs familles. Dans les derniers jours, sur insistance du Président du Conseil national de la défense ukrainien et ex speaker de la Rada, Aleksandr Turchinov, le président Petro Porochenko avait envoyé l'armée à l'attaque de l'aéroport de Donetsk. Selon le vice Ministre de la défense de la République de Donetsk Eduard Basurin, l'improvisation et le manque de préparation des attaquants aurait causé la mort de plus de 200 soldats tout en ayant provoqué 300 autres blessés, en plus de la perte d'environ 80 blindés. Les milices ont annoncé la perte de 16 hommes et de plus de 20 blessés. Toujours Basurin avait parlé aussi de plus de 30 civils tués par des raids aériens ukrainiens (niés par Kiev) sur Gorlovka, où précédemment il y avait eu la nouvelle de deux morts, à l'arrêt urbain d'un autobus.

Entretemps, pendant qu'on attend les conclusion de la réunion à Berlin du soi-disant Groupe de Contact selon le "format de Normandie" (France, Allemagne, Russie et Ukraine), en programme pour aujourd'hui, aucune nouveauté depuis Kiev, considérant que les dernières nouvelles suivent parfaitement la ligne tracée depuis longtemps par les autorités putschistes. Sur le front du conflit, le premier ministre Yatseniuk a annoncé l'augmentation d'un tiers des forces armées ukrainiennes, pour 2015 sont prévus 250.000 hommes (66.000 en plus de ceux actuels), sans faire des économies sur les finances dont Kiev se plaint toujours devant les cours européennes. "Le bilan 2015 est de défense et de guerre" a dit Yatseniuk; c'est un chiffre record - 5,7 milliards de dollars - qui dépasse 5,2 du PIB. L'annonce suit de quelques jours la mesure du président Porochenko sur la première des trois mobilisations pour 2015, avec un rappel de plus de 100.000 hommes. Le même Porochenko, suivant un cliché désormais célèbre, a soutenu que ces derniers jours encore 2.000 soldats russes auraient traversé la frontière avec l'Ukraine, faisant monter ainsi à plus de 8.000 le nombre total des troupes de Moscou dans la région du conflit. De ceci, mais non pas des victimes civiles des bombardements sur les villes de la Novorossya, écrivent évidemment plusieurs médias de chez nous dans leurs hommages quotidiens à la junte de Kiev laquelle, sur le sillon du revenant Stepan Bandera, a ces derniers jours annoncé que sur les manuels d'histoire dorénavant l'Urss sera qualifiée d' "occupante". La période d'après-guerre sera définie comme "occupation soviétique"; la Grande Guerre patriotique (telle qu'elle était définie en époque soviétique et qu'elle est toujours définie en Russie ; mais en Ukraine elle est considérée comme une formule "propagandiste stalinienne") deviendra simplement Seconde guerre mondiale et l'organisation nationaliste fasciste OUN-UPA deviendra un "combattant contre le nazisme". Peu importe que les continuateurs actuels de la geste atroce - contre les soldats soviétiques, contre les Juifs et contre les Ukrainiens eux-mêmes - des troupes de Bandera fassent flotter aujourd'hui justement les enseignes hitlériennes. En outre, la liquidation d'après-guerre des restes de l'OUN-UPA qui avaient collaboré avec les nazis est définie comme "lutte fratricide". Par la suite, les nouveaux manuels ne contiendront plus la phrase "libération des occupants fascistes" et à sa place apparaîtra la "chassée des occupants nazis de l'Ukraine". C'est-à-dire qu'on sous-entend que, avec la fin de l'occupation nazie, en 1944, l'Ukraine ne fût pas libérée, mais se retrouva à être occupée par un autre oppresseur. Ainsi, les 8 et 9 mai prochains, des jours au cours desquels dans tous les Pays de l'ex Union soviétique on commémore la victoire sur l'Allemagne nazie, en Ukraine on fêtera le "Jour du souvenir et de la pacification" et le "70e de la fin de la guerre en Europe". La phrase finale est que "l'Ukraine est devenue libre seulement le 24 août 1991, avec la fin de l'Union soviétique".

Mais la vraie fin de la junte putschiste et du destin de l'Ukraine reste encore aujourd'hui à écrire. 

Marat Grassini

http://contropiano.org/internazionale/item/28675-kiev-all-assalto-una-disfatta-i-libri-di-scuola-rivalutano-bandera 

une vidéo de Graham Phillip qui semble prise tout de suite après la fin des combats sur l'aéroport de Donetsk :

Познакомится с Ополчением #6 Донецк Аэропорт Ополчение Сегодня

Présentation de la milice # 6 Donetsk aéroport Milice Aujourd'hui (trad. Google)

https://www.youtube.com/watch?v=SrwpkJe8_Q0

Graham Phillip

Graham Phillips, journaliste indépendant devenu une cible du régime de Porochenko

pour suivre Graham Phillip sur Twitter :

https://twitter.com/GrahamWP_UK

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