Deux pays, la Tunisie et l'Egypte, sortent cette année du classement des ennemis d'Internet, établi depuis 2008 par Reporters sans frontières. Décision symbolique, si l'on considère qu'au début de l'année encore, la Tunisie emprisonnait ses blogueurs ou que l'Egypte éteignait tout simplement l'Internet pour ses habitants.
«La levée de la censure en Tunisie et la chute de Moubarak en Egypte constituent des signes encourageants quant à l’avenir de la liberté d’expression en ligne dans ces pays, l’une des revendications des manifestants, prévient le rapport. Pour autant, la vigilance s’impose tant que les appareils de censure et de surveillance n’auront pas été démantelés. Les autorités doivent faire preuve de transparence à ce sujet.»
Les deux pays passent dans la catégorie des pays «sous surveillance», celle où figure la France, «en raison de l'adoption d'une législation prévoyant un filtrage administratif du Web (la Loppsi), de la mise en place de la “riposte graduée” (par l'Hadopi) et de la défense par les autorités d'un Internet “civilisé” (au menu du G8 du Net, fin mai à Deauville)». Reporters sans frontières note aussi qu'en France, «plusieurs médias en ligne et leurs journalistes ont connu une année 2010 difficile, victimes de cambriolages, de convocations devant la justice et de pressions pour identifier leurs sources.»
RSF déplore aussi quelques confirmations: Australie (pour son dispositif de filtrage qui inspire la Loppsi), Bahreïn, le Bélarus (en période électorale), la Corée du Sud (contre la propagande du Nord), les Emirats arabes unis, l’Erythrée, la Malaisie, la Russie, le Sri Lanka, la Thaïlande et la Turquie. La Libye et le Venezuela sont également placés «sous surveillance»,
le Pakistan inquiète, le Kazakhstan reste «à surveiller».

Pour médiatiser ce classement, RSF organise samedi 12 mars la journée mondiale contre la cybercensure, disposant d'un site dédié sur lequel les sympathisants peuvent télécharger des pictogrammes à afficher en image de profil sur les réseaux sociaux.
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