Yves Maris (avatar)

Yves Maris

philosophe

Abonné·e de Mediapart

16 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 février 2009

Yves Maris (avatar)

Yves Maris

philosophe

Abonné·e de Mediapart

L'éthique des affaires (5)

 Le management éthique redécouvre l’hommecomme la véritable valeur  Le travail est pour l’homme, et non l’homme pour le travail. La première conséquence est que l’intérêt des actionnaires doit laisser la priorité aux intérêts des travailleurs. Les premiers fournissent à l’entreprise une capacité financière, tandis que les seconds investissent leurs vies. La forme sauvage du capitalisme, ou l’inversion de l’ordre éthique, procède d’une idéologie matérialiste qui considère l’homme comme un moyen, autrement dit, une chose. C’est ainsi que l’individu devient « une charge fixe », que l’on essaie de minimiser en faisant appel à une « fourniture de main d’œuvre extérieure », par le biais de sociétés d’intérim en charge de stocker et de commercialiser « la force de travail ».

Yves Maris (avatar)

Yves Maris

philosophe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le management éthique redécouvre l’homme
comme la véritable valeur

Le travail est pour l’homme, et non l’homme pour le travail. La première conséquence est que l’intérêt des actionnaires doit laisser la priorité aux intérêts des travailleurs. Les premiers fournissent à l’entreprise une capacité financière, tandis que les seconds investissent leurs vies. La forme sauvage du capitalisme, ou l’inversion de l’ordre éthique, procède d’une idéologie matérialiste qui considère l’homme comme un moyen, autrement dit, une chose. C’est ainsi que l’individu devient « une charge fixe », que l’on essaie de minimiser en faisant appel à une « fourniture de main d’œuvre extérieure », par le biais de sociétés d’intérim en charge de stocker et de commercialiser « la force de travail ».

L’homme n’étant pas une machine, il ne saurait lui être imposé un rythme de travail calculé en terme de résistance. La difficulté et la durée du labeur ne sont acceptables, du point de vue éthique, que si elles sont techniquement et socialement indispensables, autrement dit, si elles revêtent un caractère impératif. Par le travail, l’homme se réalise dans son humanité. Il la perd en devenant esclave ou bien chômeur. Mais le travail n’étant pas le but de l’existence, l’entreprise ne doit pas confisquer à l’homme le temps de sa vie. Le management éthique redécouvre heureusement l’homme comme la véritable valeur ; l’homme en tant que travailleur, mais également en tant que client, consommateur, citoyen.

Les dirigeants sont invités à faire valoir l’imagination des équipes au travail. L’heure est à la communication et non plus aux diktats, à la transparence et non plus aux secrets qui couvrent les bassesses, au dialogue, aux décisions préparées par des entretiens. La considération passe aussi par le juste salaire, celui du haut tout autant que celui du bas. Le succès économique est désormais lié à la paix sociale. Toute décision de management qui implique fortement les hommes, telle la fermeture d’un site de production, sera d’autant mieux comprise que les dirigeants poseront d’abord le problème en terme d’éthique, c’est-à-dire en considérant les hommes. Finalement, l’éthique donne de surcroît une plus-value économique.

Comme tout travailleur, le cadre dirigeant a le droit de préserver sa liberté. Elle s’enracine dans la confiance. Elle revêt les formes de l’initiative et de la responsabilité. Le dialogue et la transparence en constituent le système. Les droits des dirigeants sont étroitement liés à leurs devoirs. Tout au long de la chaîne du management, les notions de responsabilité et de subsidiarité se déclinent. Le cadre dirigeant se voit reconnaître des responsabilités réelles, un espace où déployer ses capacités et affirmer sa personnalité.

L’épanouissement et le bien-être des cadres dirigeants, et plus largement de l’ensemble des salariés, constituent, pour l’entreprise, un objectif aussi majeur que le profit. Il s’agit tout simplement du respect des hommes. L’amplification de la motivation du personnel, dans un système de subsidiarité et de responsabilité, implique la confiance, par opposition à l’obéissance. Il s’agit d’un type de management relationnel où la communication et la transparence remplacent les raisons impénétrables et les ténébreux secrets. Nul ne saurait être sacrifié dans une course à la productivité, menée dans le système peu glorieux du « management aux résultats ».

Il existe un danger de récupération qui consiste à dévoyer subrepticement l’éthique en la détournant de sa finalité. Là où il s’agissait d’affirmer la dignité de l’homme, celle-ci se trouve finalement abaissée. Il arrive ainsi que l’homme se trouve insidieusement manipulé sous un prétexte « éthique », en vue d’obtenir soumission et efficacité. « Le management par les valeurs » se traduit alors par une pression de caractère totalitaire exercée sur le travailleur.

Développements précédents :

L’éthique a un sens que les affaires ne peuvent corrompre

La problématique de la mondialisation

La quête de sens pour l’aventure humaine

La gouvernance et les parties prenantes

Développements suivants :

L’éthique est un questionnement permanent de la conscience

Yves Maris

www.chemins-cathares.eu

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.