La fable est un court récit écrit plutôt en vers qu’en prose et ayant un but didactique. Elle se caractérise généralement par l’usage d’une symbolique animale ou avec des personnages fictifs, des dialogues vifs, et des ressorts comiques. La morale est soit à extraire de l’implicite du texte, soit exprimée à la fin ou, plus rarement, au début du texte...
Les fables de la poubelle ne sont pas écrites en vers. Mais plutôt contre tout. Elles ont assurément un but didactique, riche d’enseignements. Au moins sur la capacité de Krassinsky à nous faire rire. De ce rire né de l’humour noir trempé dans l’irrévérence. La symbolique animale n’est pas absente, même si l’auteur privilégie l’homme pour singer... l’humanité. Les ressorts comiques sont là. Et bien là, tout en pirouettes crasses, avec des punch-line façon « Fallait-pas l’inviter ». Quant à la morale… c’est plutôt son absence qui fait briller ces fables modernes aux titres évocateurs : Pissine, Le silence des marmots, Une hirondelle ne fait pas le prime-time, Vie d'ordure, Germinal… CLo-Clo :
Nous sommes le 11 mars 2008. Clo-Clo nous quittait il y a trente ans… Dans d’atroces circonstances. Je ne leur ai jamais pardonné. Jamais.
- A qui ?
- A E.D.F.
Alors qu’il avait scénarisé seul le premier tome des Fables de la poubelle, Krassinsky est rejoint à l’écriture pour le second volume par un collectif d’auteurs. Ainsi, Kerascoët, F’murrr (pour la première fois associé à un autre auteur), Hubert, Fabien Nury, Fabien Vehlmann, Maïa Mazaurette, Marc Védrines, Gwenaël de Bonneval, David Calvo, Sébastien Cosset, Nicolas Digard, Benjamin Richard ont pris la plume pour fabuler de concert avec le dessinateur des Cœurs Boudinés, de Toutoute première fois et de Sex Crimes.
Le résultat est joyeusement mordant, cynique et cruel. De la dérision en veux-tu, en voilà. Misère, téléréalité, solitude, sexe, vieillesse, maladie… Passés par le prisme amer des scénaristes, les personnages aux gros nez anguleux de Krassinsky font frémir d'en rire. Les situations sont fatalistes, immorales, politiquement incorrectes et souvent fatales.
Au panthéon de ce tome 2, entre une séquence façon L’Exorciste et quelques quêtes (forcément) malheureuses du grand amour, on apprend pourquoi un film catastrophe ne devrait jamais durer plus de deux minutes trente. Et tout s’éclaire soudain.
« Toutes les belles histoires ont été racontées. Il reste les autres. »
C’est subversif et sans tabous. Les Fables de la poubelle ne sont (peut-être) pas de belles histoires. Tant mieux.
DB

Les Fables de la poubelle, 2 tomes parus, Krassinsky (Tome 1& 2) et le collectif Fables de la poubelle (tome 2), Poisson Pilote –Dargaud, 11 € 50

Agrandissement : Illustration 5
Agrandissement : Illustration 6
La suite (Pages 5, 6 et 7) en pièces jointes ci-dessous.