Les caisses sont verrouillées de l'intérieur ? Il faut, tout simplement, faire sauter les verrous et c'est de la responsabilité des sociétaires. Une évidence... mais les sociétaires sont dans la nasse, bataillons fantômes, flattés et méprisés. Il faut avoir entendu les conversations des dirigeants – lorsqu'ils se lâchent – pour réaliser à quel point est sans limite le mépris à l'égard des sociétaires.
Dans le décor potemkine des assemblées générales, les sociétaires sont les idiots utiles.
« Idiots utiles » : des personnes qui servent des desseins qui contredisent leurs aspirations profondes. Elles sont de bonne foi mais manipulées. (Wikipédia).
Tous ces idiots permettent l'enrichissement sans risque – sans contrôle – des dirigeants auto-proclamés de la coopérative. De ceux qui se gavent en petit comité. Seuls les magistrats et la loi sont plus méprisés encore que les sociétaires par les dirigeants.
Comment doit réagir le sociétaire ? Comment doivent réagir les huit millions de sociétaires propriétaires du Crédit Agricole, les 25 millions propriétaires du système bancaire de France ? Faut-il accepter la corruption ou se battre pour imposer le respect de la loi ? Faut-il se battre pour empêcher l'humiliation de l'institution judiciaire ? Faut-il le faire au risque des plus graves conséquences ?
Nous ne sommes pas en Corée du Nord mais dans la logique des coopératives soviétiques... dont les dirigeants-confiscateurs sont devenus les oligarques milliardaires du post-communisme.
Les sociétaires les plus proches (dans leur identité historique, philosophique, technique) de ceux des coopératives financières sont ceux des coopératives de consommateurs. Les coops, les magasins alimentaires du coin de la rue.
Tout récemment, c'est le naufrage de la coopérative des consommateurs d'Alsace qui a occupé l'actualité. Cinq ans de prison pour le voyou en chef, ce n'est pas cher payé.
Dans ce monde des copains et des coquins, les sociétaires sont des pigeons baisés d'avance. En fait, c'est toute la flotte des coopératives de consommateurs qui a été envoyée par le fond depuis vingt ans... Nous assistons au sabordage des derniers vaisseaux, détruits de l'intérieur. Le capitaine ne quitte le navire que lorsque le pillage est achevé. Plus rien à rafler. Les salauds.
Le rapprochement est terrifiant. Dans les coopératives de consommateurs, les sociétaires se sont fait manger la laine sur le dos avec des complicités partout. Ils étaient – là aussi – piégés et les voyous se sont gavés. Se gavent.
Au Crédit Agricole, la tromperie est de même nature. La vie démocratique est une mascarade.
L' obsession des dirigeants illégitimes : encourager les questions débiles (pour occuper le terrain) et évacuer ainsi les vraies questions (pour échapper à la prison). Interdire les vraies questions c'est imposer l'omerta dans les Assemblées Générales.
Tant que les sociétaires ne pourront pas poser les bonnes questions pour obtenir les vraies réponses et installer la transparence, nous serons dans le mensonge et l'escroquerie.
Les bonnes questions ?
- Le vote et le respect du barème dans la logique égalitaire,
- La redistribution des excédents, de la ristourne,
- La logique du moindre coût et de l'impact minimum,
- Le contrôle méticuleux (et la limitation drastique) des filiales,
- L'accès aux informations, la transparence,
- La démocratie, « un homme, une voix »... et le trucage démocratique, la pyramide en équilibre sur la pointe.
- Les parts sociales sont-elles un placement financier ? A quoi s'oblige le souscripteur ?
- Les sociétaires ont-ils connaissance des statuts, du contrat qui les engage ? Ce contrat est-il remis à chacun ?
- Les administrateurs connaissent-ils leurs électeurs ? Ont-ils un contact régulier avec eux ? Déposent-ils une profession de foi ? Connaissent-ils la loi ? Les administrateurs défendent-ils (pour de vrai) le bon fonctionnement de la coopérative, l'alternative économique et les intérêts des sociétaires ? Rendent-ils des comptes ?
- Les administrateurs des caisses locales ont-ils assumé l'évaporation de dix milliards d'euros en Grèce ? Perte organisée sous leur totale responsabilité et au profit de quelques-uns des copains.
- N'est-ce pas totalement fou de se vouloir à la fois la plus grosse coopérative du monde et une vedette du CAC 40 ?
Hybridation ? Un gros mot pour une mauvaise manière... Drôle d'enthousiasme fanatique pour les OGM (Organisations Génétiquement Modifiées)... ou l'incroyable talent pour dire tout et son contraire dans la même respiration. Sans le moindre souci de cohérence, de sérieux, de morale... - Les caisses locales ne sont-elles qu'un paravent, un rideau de fumée, pour couvrir la gestion inacceptable des caisses régionales et de la filiale CASA ?
Les questions (les vraies) ne doivent pas être posées ? Ceci renvoie à Émile Zola.
Je le redis, modestement mais sans hésitation, j'accuse de tromperie.
Si les banques coopératives ne sont pas des banques coopératives, il faut démutualiser « à l'anglaise ». Et cesser de se moquer des sociétaires, de les prendre pour des idiots. De les utiliser et les piller.
Est venu le temps de la révolte des idiots. Et le temps de la refondation. Internet a ouvert aux sociétaires un nouvel et incroyable espace de coordination, de démocratie, de transparence.
Mieux que la banque en ligne : la démocratie économique dans la lignée des pères fondateurs des coopératives... L'internet de Proudhon, Jaurès, Fourrier, Raiffeisen...
C'est une vraie piste pour de vrais engagements. Nous n'allons pas mourir idiots.
Ajout du 17 juin 2014 :
« Les ambitions de Sofinco pour les caisses du Crédit Agricole »
Cet article du 11 juin, de Edouard Lederer, dans Les Echos, plonge les huit millions de sociétaires de la coopérative, propriétaires des caisses évoquées, dans la plus profonde perplexité.
La filiale a des ambitions pour les maisons-mères... curieux.
Le Crédit Agricole posséderait des caisses, des antennes régionales ! Des caisses DU Crédit Agricole, ça n'existe pas... Existent des caisses DE Crédit Agricole, des caisses locales. Propriétaires de caisses régionales. Propriétaires d'une caisse nationale. De la filiale Caisse Nationale. Le tout appartenant à des sociétaires dans une logique très précise, une philosophie très précise de lutte contre les pratiques des usuriers.
Les caisses ont été créées pour ça : si le usuriers prennent le pouvoir, on marche sur la tête.
Il faut vraiment en finir avec les sociétaires vus comme des "idiots rentables".
Sur ce sujet, voir également :
Crédit Agricole : des caisses verrouillées de l'intérieur
(avec 50 liens vers les articles utiles pour une bonne connaissance du dossier)
(un cas d'école au-delà du délirant)
A l'AG de Coop Alsace, des primes et des honoraires qui ne passent pas (rue 89)
Le Crédit Agricole vise dix millions de sociétaires (La Tribune)