Le 6 novembre, la revue Capital a traité des parts sociales comme placement financier sous la plume de Marie Pellefigue : « Les parts sociales des banques mutualistes : un placement à prendre avec des pincettes ».
Une analyse étonnamment proche de mon billet du 8 juin 2012 (Les parts sociales des banques coopératives sont-elles un bon placement ?).
Concernant le Crédit Agricole – confusion entre CAC 40 et Economie Sociale et Solidaire – la notion de véhicule coté n'a jamais eu de sens, c'est pire aujourd'hui. Même les boudhistes les mieux éclairés sont incapables de trancher : petit véhicule ou grand véhicule ?
L'avis de Marie Pellefigue vaut pour toutes les banques coopératives mais plus que spécialement – vu l'actualité – pour le Crédit Agricole Mutuel dont le double visage et la double identité, ne sont plus gérables :
« Afin de gonfler les fonds propres de leurs établissements, les conseillers de banques mutualistes (Banque Populaire, Caisse d’épargne, Crédit agricole, Crédit Mutuel) proposent fréquemment à leurs clients de souscrire des parts sociales. Méfiance, car ce produit (sic), a priori simple et sûr, présente aussi un certains nombre de tares.
Bien sûr, les parts sociales sont à la portée de tous : le ticket d’entrée oscille entre 15 euros (dans la majorité des caisses du Crédit agricole) et 20 euros (à la Caisse d’épargne). Autre avantage : aucun frais de souscription, de gestion ni de revente n’est ponctionné. Sans compter que, quelles que soient les conditions de marché, la valeur d’une part reste stable dans le temps : les banques mutualistes s’engageant à vous les racheter à leur valeur d’émission.
Une rentabilité en chute libre
Il n’empêche, la rentabilité de ce produit (sic) n’a cessé de fondre ces dernières années. En effet, la rémunération des parts sociales ne peut pas dépasser le taux moyen des obligations privées (TMO) calculé l’année précédente par le Trésor Public. Or ce taux de référence est tombé à 2,78% en 2012. Conséquence : en 2013 les Caisses d’épargne et les réseaux Crédit agricole ont pu servir au mieux des rémunérations comprises entre 2,55 et 2,78% (brut), contre 2 et 2,78% pour les parts sociales des Banques populaires.
Et l’horizon ne paraît guère plus dégagé... Vu la faiblesse actuelle du taux moyen des obligations privées (2,3% au premier semestre 2013), les réseaux auront en effet encore du mal à servir des taux de rendement mirobolants en 2014.
De l’argent souvent difficile à retirer
Autre point noir, qui ne plaide pas en faveur de la détention de parts sociales : il peut être extrêmement difficile de s’en débarrasser. Les modalités de sortie dépendent des caisses qui les émettent : certaines permettent des retraits à tout moment, comme le Crédit agricole des Vosges. Mais beaucoup d’autres banques imposent que vous le fassiez à une période précise de l’année, qui se situe avant la date de clôture de l’exercice, soit peu de temps avant l’Assemblée Générale. Et dans certaines, comme la plupart des caisses régionales des Caisses d’épargne, il faut même prévenir votre conseiller dans le mois qui précède le retrait.
Si vous avez besoin de votre épargne, attention donc à ne pas rater cette date fatidique. Enfin, si les réseaux, en général, vous remboursent dans les 48 heures, certains d’entre eux se donnent le droit de le faire dans le mois qui suit, voire… dans les cinq ans, comme le Crédit mutuel Centre Est Europe. Attention donc de ne surtout pas investir de l’argent dont vous pourriez avoir besoin de mobiliser rapidement. »
En attendant que les sociétaires renversent la table, les dirigeants auto-proclamés, cooptés, continuent, eux, à renverser la pyramide.
Ainsi, Renée Talamona, nouvelle gérante de la Caisse Régionale de Lorraine (société coopérative, société mère) se présente dans le Républicain Lorrain du 17 novembre, comme directrice de l'antenne régionale du Crédit Agricole SA ! Le monde à l'envers.
Plus inquiétant (mais prévisible) la société anonyme continue à piller les coopératives, à les mettre en danger, à les détourner de leur finalité en faisant appel au « tiroir caisses » selon la jolie et pertinente formule de La Lettre A (lalettrea.fr) du 14 novembre :
« Crédit Agricole SA demande de nouveau à ses caisses régionales de couvrir une partie de ses risques. A défaut : il ne parviendra pas à respecter les exigences de Bâle III... »
Présidents élus et gérants salariés, l'état major marche sur la tête. Petits soldats exposés à la mitraille, les dix millions de sociétaires sont en mauvaise posture.
La question des parts sociales, du sociétariat, du respect des sociétaires, existe dans toutes les banques coopératives mais nulle part comme au Crédit Agricole (Mutuel ?).
Le problème central est celui du respect de la loi fondamentale du 10 septembre 1947. Tout particulièrement de son article 1er.
La falsification de document pour « prouver » (!) que les parts sociales n'ont rien à voir avec le sociétariat (et que les détenteurs ne sont pas sociétaires) est le scandale des scandales. Il s'agissait d'établir que la question du sociétariat n'est pas pertinente dans les coopératives, dans les contrats des coopératives.
Même tenue à distance avec des pincettes, la « démonstration » respire la magouille explosive.
Voir également « Crédit Agricole et arnaques ».