Billet de blog 27 octobre 2014

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Patrick Le Cellier

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Crédit Agricole : l'incendie de la planète finance « une oligarchie déguisée en démocratie »

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Dénoncer les banquiers ? En France, c'est dénoncer vingt millions, trente millions, de sociétaires. C'est absurde. Y a un truc. Les banquiers, ça n'existe pas. Il n'existe que des structures – dont le label est secondaire – contrôlées par l'oligarchie. Le dossier est celui de la corruption.

Sur l'incendie de la planète finance, sur les dérives du Crédit Agricole (Mutuel ?), sur la montée de la corruption, j'ai alerté cent fois et ça m'a coûté des millions. Une vie et beaucoup plus. J'ai alerté clairement en documentant les dossiers et en donnant les noms. Dont celui d'une vedette, Daniel Epron, administrateur de la Caisse Nationale, qui se décomposait littéralement - il y a trente ans déjà - sur scène, face aux questions des sociétaires concernant ses conflits d'intérêts, incapable de la moindre réponse sérieuse. Un slogan en boucle : le sociétariat n'a rien à voir avec les parts sociales...

J'attends, actuellement, la réponse à ma lettre RAR au procureur de la République d'Argentan. Il a tous les éléments depuis six semaines.

A Saintes, la colère du dieu des coopératives

Dénoncer les sociétaires ? c'est plus facile.

« Je suis le sociétaire de Saintes ou la colère de Dieu ! » Ainsi pourraient parler les dirigeants de l'Aremut mais ils sont trop modestes pour ça. Du coup, on vient de les défenestrer. L'explication ? Les sociétaires sont là pour valider, surtout pas pour réfléchir ou décider.

Dans une coopérative, les syndicalistes sont protégés. Pas les propriétaires. Ainsi Lucien Normandin et Richard Baron sont des victimes parfaites. D'où l'indignation de Lucien Normandin « Ils ont osé » ! Sur ce sujet, le rapprochement entre l'émission d'Arte sur le capitalisme (six épisodes diffusés sur trois mardi) et la réunion de Mediapart sur la corruption est lui-même significatif.

Du coup, Sud-Ouest titre, le 18 octobre, « La Caisse Locale fait le ménage » et Nicole Bertin « Le Crédit Agricole de Saintes vire deux sociétaires ».

La réaction de Dominique Bussereau (président du Conseil Général) est incontournable : « Le départ du Crédit Agricole est un scandale. Il découle des convenances personnelles d'un certain nombre de dirigeants ».

La démonstration définitive de « l'inutilité », de l'impuissance des sociétaires. De leur fragilité : ils vivent tous sous la menace. Un régime de terreur.

Normandin ? Baron ? Au suivant. Il s'agit, au final, de dissoudre le peuple. De détruire le sociétariat, de ré-inventer la démocratie populaire. Hors du peuple.

Maire de Bussac et Conseiller Général de Saintes-nord, Christophe Dourthe déclare « attendre de pied ferme le courrier qui lui notifiera son exclusion ». Il ajoutte : « les dirigeants devraient s'exclure eux-mêmes, car c'est eux qui nuisent à l'image de l'entreprise » (article de Séverine Joubert, Sud-Ouest du 18 octobre).

Louis Tercinier excipe de sa légitimité. Il faudra vérifier. Président depuis quelques années de la Caisse locale de Saintes, Louis Tercinier se dit purement et simplement légitime pour virer les propriétaires de la coopératives !!! Au fou.

5.000 sociétaires ? Combien votent pour lui ? Combien sont présents à l'Assemblée Générale ? Combien de procurations collectées par les salariés des agences ? Les débats des Assemblées Générales ont-ils réellement validé les décisions des conseils d'administration ?

Comment oublier l'exigence légale d'une Assemblée Générale Extraordinaire pour ce qui est une décision hors-norme, une expropriation (le massacre de sociétaires-propriétaires) ?

En théorie le contrôle existe. Il est exercé par les gérants des caisses locales (sociétés-mères porteuses du projet coopératif) à l'égard des dirigeants des caisses régionales (filiales désignées comme interface du projet).

Il y a un hic. Un vrai problème. Les gérants des caisses locales (directeurs d'agences) sont payés par... les contrôlés, par la filiale. Par la caisse régionale. Gérant de la caisse locale, directeur de l'agence de Gacé, Philippe Dutremblay a donc été très clair : « dans cette affaire, je ne suis qu'une marionnette ».

Le problème ne devrait plus exister. Internet permettrait aux sociétaires d'avoir accès à toutes les informations de la coopérative, à toutes les sources. S'il n'y avait la volonté d'imposer l'omerta.

L'Omerta, l'incroyable omerta... ainsi la justice en est toujours à enquêter sur l'affaire Corse. Vingt ans c'est long car tout est clair.

Le cri de Lucien Normandin (« ils ont osé ») est un écho à celui qui monte du pays face à l'incendie de la planète finance, à la montée de la corruption, à la démocratie bidon...

Horreur et stupéfaction : « ils osent tout ».

Ils osent tout... et les juges n'arrivent plus à suivre. L'affaire Corse n'est toujours pas jugée... Et la Cour de Cassation n'a toujours pas tranché pour les parts sociales : un titre de propriété pour des patrons... ou un placement financier pour des épargnants ?

Le Crédit Agricole appartient à dix millions de sociétaires ? Tous vivent dans la terreur. Quant aux actionnaires, ils ont tous les droits (et un club) mais ils ont déjà perdu les ¾ de leur investissement.

Et l'incendie se propage au Crédit Mutuel (en Bretagne...), aux Caisses d'Epargne, etc.

Au feu ? Au fou. Il faut éteindre l'incendie. En finir avec la corruption et (grâce à l'Open Source) avec le fait du prince.

Sur ce sujet, voir :

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