Mon biyou GT, mon jouet, mon bolide, je t'ai crashé conter une malheureuse bite. Me voilà le cul parterre, à mille et une bornes du prochain patelin, sous un soleil digital et radieux ; l'autre me disait d'être moi-même ; enfin, les autres, maintenant que j'y pense, être moi-même et libre dans l'âme de ma BMW. J'ai sauvé mon smart, une curieuse chaise, et, oh c'est vrai, ma tête de pioche. J'ignore maintenant (mais quel admirable mot, ce 'maintenant', maintenant) comment je ferai pour draguer la poiscaille, siffler la meuf, lui tirer la langue en lui assénant quelque chose comme : "He, poupée, tu veux baiser ?", maintenant (j'insiste, dans ma connerie) que la bagnole n'est plus. 

La bagnole n'est plus et pourtant, tout autour de moi, les bonnes gens affairés à accélérer encore la marche du monde, branchés sur la sourde radio mainstream ou sur le dernier tube de l'IA foncent en fragmentant ce qui reste de silence. J'ai mal au cœur, mais j'ignore si c'est le palpitant qui s'alarme, l'estomac qui se retourne ou mon âme de chauffard qui me quitte ? 

Sarah était volubile, j'étais timide.
Estella était exubérante, j'étais fade comme la bière frelatée.
Paola avait l'ambition naïve, j'étais malheureux.
Trini m'avait subjugué, j'ai cru perdre la vie. 

Alors vint Otto le psychiatre, en c'en fût fini de l'amour et de la liberté.  

Je n'arrête pas de dessiner des images de présentation, je n'en finit pas de me présenter, le présent m'échappe et dans la langue, et dans mes relations oblatives, intéressées ou sexuelles. Le drame. Voilà qui m'apprendra à réciter le Notre Père avant de m'endormir éternellement quand j'avais 10 ans, comme le Christ, je crois.