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Focus sur les oubliés de la psychiatrie en ce tragique d’une épidémie.
On ne les voit plus.
On ne veut plus les voir.
Ils n’existent plus et pourtant ils sont.Relégués d’une société aliénée à une normalisation inhumaine.
Qui sont les fous ?
Ceux que nous désignons comme tels ou ceux qui les jugent sous-Hommes?Parqués comme des bêtes dans des hôpitaux ou centres qui ne répondent à aucune norme sanitaire sinon l’oubli et l’humiliation imposés aux patients.
Car qui connaît ce monde de l’extrême inhumanité, sait la douleur de ces lieux, la souffrance et les cris.
Ceux-là pourtant savent plus que nous ne saurons jamais.
Il est une connaissance qui ne s’acquiert que dans l’intimité de chacun.Créatures entravées de camisole chimique en perfusions de valium.
Créatures ignorées en leur intelligence du cœur.
Créatures telles que ce que nous ne sommes plus: humains.Leur errance est notre espérance.
Si seulement nous osions errer avec eux ....Errances d'une démence
"Démentielles errances que nos folies
Capitonnées sous perfusion de nos schizophrénies
Aliénation de l'esprit ou point de rupture ?
En isolement de soi-même cette voix qui murmure
Entravée aux barreaux de lits de barbelés
Le coeur sanglants d'électrochocs de mal-aimés
Placebos de vie en rose et opiacés des ordonnances
Morphine d'une douleur de pilules de l'absence
Allongée sur le divan cracher un passé décomposé
Conjugaison à l'imparfait de maux et de plaies
Le cerveau lobotomisé de trop de souvenirs
Et dans nos veines le sang souillé d'un soupir
Écrire à bout d'ongles sur les murs de sa cellule
Bien loin de leur réalité juste dans nos bulles
Obscurcir le béton des non-dits qui nous rongent
Ici et maintenant avant que l'on ne plonge
Parfois on peut y lire des mots désespérés
Et d'autres qui dessinent des contours écorchés
Rien ne transpire que l'odeur de l'incompris
De ces âmes cloîtrées hurlant à l'infini
Telle une foule humaine jugée par contumace
Sur les bancs de l'indifférence un ange passe
Silence est d'or quand nos paroles résonnent
De cette tonalité d'opium de cet autre automne
Mais qu'importent les saisons , l'heure et l'instant
Tout est gravé à l'encre de nos sanglots de sang
Internement d'office de nos pensées
Fol est celui d'entre nous qui tenterait de s'évader
Pour un brin de ciel bleu noir de suie
Ou une courbe de lune au clair de l'oubli
Échappe t on jamais à ce que l'on est ?
Sinon dans nos cauchemars la nuit éveillée
Cyclothymique, psychopathe, asocial , dépressif
Entrons dans les cases du QCM des définitifs
Étiquette au poignet nous sommes numéros
Numerus clausus des damnés et du chaos
Mais que savent-ils vraiment de nous ?
De cet homme qui se tord de n'être qu'un fou
De cette femme qui se mutile à s'en éventrer
Leur ignorance n'est que le fruit de leur péché
Cobayes d'expériences à la moelle non substantifique
Juste une hystérie de miracles non scientifiques
Sous camisole "les patients" sont absous
Malades d'une psyché de peu et de prou
Fichés I comme incurables à l'existence
Un dossier dans un tiroir et une hypnotique transe
Lie de la société sans jamais l'avoir demandé
Cacher de tous pour ne surtout pas montrer
Le visage de la normalité est emblème en ce pays
Valeur éculée des sans identités que l'on honnit
Nous nommer serait supplice cérémonial
Le baptême ne sert point les démons du mal
Injections d'Hadol et tout est calme et volupté
Le luxe d'un poème de Baudelaire grimé
Venez hordes de zombies aux yeux de terre
Que n'avez vous foi en Dieu somnifère ?
Dormez et que ne vous réveillent vos insomnies
Que n'avez vous donc vécu que pour notre infamie?"
©Gisèle-Luce de Christian -James
Portfolio 10 novembre 2020
Nos oubliés
À eux ...
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