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Portfolio 11 novembre 2020

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C’était hier

Devoir de mémoire

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  1. Illustration 1
    © Google images

    Devoir de mémoire

    Il y a cent deux ans, c'était hier

    "Il y a cent deux ans, c'était hier

    Ils étaient partis en voyage, prenant le train, pour la dernière fois, heureux d'en être,
    Choisis, élus parmi les leurs ils s'envolaient vers un ailleurs plein de promesses
    Sourires aux lèvres la tête haute, pères de famille et puis les autres, c'était la liesse
    Sur les quais ils embrasaient, femmes et enfants, rieurs et fiers par les fenêtres

    Hommes des champs et ceux des villes, ils étaient frères, et c'était beau
    Sur les rails ils cheminaient tous ensemble en un wagon pour une douce France
    Où ils allaient peu importait, fusils légers et chausser lourd, c'était Byzance
    Du bleu du blanc et puis du rouge, sur leurs casques la mère patrie
    en drapeau

    Parties de cartes improvisées sur le fer noble des cantines, un paysage qui défilait
    Tombant vestes, ils s'entassaient, les uns les autres les voix enjouées, La Marseillaise
    Ils chantaient "Le jour de gloire est arrivé ", la tyrannie et toutes ces foutaises
    Les heures passaient ils s'enivraient d'eau de vie, mais ils ignoraient

    Quand locomotive s'est arrêtée, ils sont descendus le coeur joyeux en cet autre pays
    Leurs uniformes étaient froissés, leurs besaces déchirées, quand tonna le garde à vous
    L'orage grondait, la pluie les accueillait , leurs matricules autour du cou
    Soldats d'une guerre de fleurs et de jasmin bientôt rejoindraient les tranchées de la lie

    Le ciel gris sifflait de balles, les vents de l'Est soufflaient grenailles, un opéra
    Au front ils étaient aux premières loges, de ce théâtre de chairs et de sang
    Rampant leurs corps ils charriaient les cadavres de leurs compagnons vrillés aux flancs
    Embourbés et affamés, ils fuyaient même le silence d'une lettre de là-bas

    Au bords de la Marne, ils se baignaient et ils flottaient les yeux livides
    Au chemin des Dames ils dansaient la valse de leurs ennemis, entrailles à terre
    Tirant à vide dans les sillons, la boue grimant leurs visages dans la poussière
    Ils pensaient à elles, ils rêvaient d'eux sur ces quais de gare désormais vides

    Quelques missives ils envoyaient disant que tout ici était magique, nulle inquiétude
    Ils leur mentaient, mais c'était le prix à payer pour les garder purs en leurs souvenirs
    Les cris d'obus faisait trembler la plume sourde de leurs blessures, de leurs soupirs
    Au fond d'eux ils devinaient que leurs familles ils ne serreraient plus, leurs solitudes

    Il y a cent deux ans, c'était hier."
    ©Gisèle-Luce de Christian-James

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