D’un hommage 

Entendez chaque soupir

"Des hommes, des femmes, des enfants
Des corps sans vie jetés au vent
Des cris, du sang et des prières
Lamentations de créatures sans repères
Le sol n'est plus que rivière sanglante
Flots de cadavres à la dérive dolente
Partout la même odeur de mort
Les bûchers de l'infamie brûlent encore
À genoux ou rampants, ceux qui ont survécu
Errants au chevet de leurs disparus
Des mains qui se serrent égarées
Des regards qui se croisent effarés
La terreur a frappé avant le crépuscule du jour
Lave de folie emportant tout pour toujours
Insoutenable effluves de chairs brûlées
Au nom de nul idéal que celui de l'inhumanité
Pour un Dieu dont la parole a été trahie
Misérables oiseaux de malheur endeuillant un pays
Charognes avides de destruction
Vautours en berne d'une nation
L'immonde s'est produit en silence
Ne laissant que l'écho d'une souffrance
Paysage funeste d'ombres vacillantes
Cherchant refuge, l'âme agonisante
Des drapeaux déchirés, des larmes éventrées
Une Marianne souillée, liberté égalité fraternité
Les frontons pillés, l'horreur chevillée à la France
Tout discours est vain face à la démence
Orpheline de ses valeurs, suspendue à son Histoire
Un peuple décimé en les entrailles de sa mémoire
Le ciel pleure de n'avoir pas vu
Aveugle, les yeux loin de son soldat inconnu
A ne pas entendre les présages des oiseaux de mauvais augure
Vient l'instant où tout bascule en un murmure
À vous qui me lisez entendez chaque soupir
Pour que jamais l'innommable puisse se reproduire ."
©Gisèle-Luce de Christian-James