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Portfolio 29 octobre 2021

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Domicile Fixe : Les Trop Tard Du Bronx

J'ai vécu sept mois environ dans la rue, dont six consécutifs. J'ai eu la chance d'en sortir et paradoxalement, ça me manque souvent, la chaleur humaine y est forte, on ne la retrouve nul part ailleurs, quand les effets de l'alcool ou de la came n'ont pas pris le dessus. C'est un monde parallèle, dur. toujours en alerte. L'autre monde des extrêmes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1
    Alfkowski

    "J'irais cracher sur vos tombes" B. Vian.

    J'ai longtemps pensé cela, je le pense encore parfois, à juste titre, comme j'irais cracher sur la mienne. Le fait est que cette expérience de la rue m'a redonné un peu d'estime en la nature humaine. Bien sur, virevoltent toujours un tas de gros cons obtus qui se permettent le jugement, pensant que le même sort ne leur sera jamais réservé. Ceux-là; j'aime bien les regarder du coin de l'œil, un sourire à la commissure des lèvres, attendant patiemment de les voir se casser la gueule. Mais, au final et une fois de plus, ils sont minoritaires, un peu comme les réactionnaires, mais ils vont souvent de pair. Je n'ai jamais autant partagé avec l'espèce humaine qu'en faisant la quête, pas l'aumône, la quête, la tête haute et respectueuse, j'ai donné le meilleur de moi-même et reçu beaucoup en retour, de tout. Les gens sont généreux, le problème est qu'il y a tellement de malheureux qui jonchent nos trottoirs… C'est le Bronx, la merde, de plus en plus désespérant, car bien peu ont une chance d'en sortir et de plus en plus la chance d'y parvenir, dans cette fameuse rue, bouillonnante.

    Bien trop d'individus, qui ont un travail, se lèvent le matin, vont taffer, afin de faire prospérer la grande machine à bonheur qu'est le capitalisme, sans trop savoir ou il pourront aller se doucher la journée terminée, avant d'aller dormir dans leur bagnole, s'ils en possèdent une.

    Il existe toute sorte d'espèces dans la rue, paumés, révoltés, en attente, du jour au lendemain (de plus en plus), de toutes classes, les prolos un peu plus quand même, l'égalité des chances est un mythe, les dés sont en général pipés des la naissance. Sans frontières.

    Le fait est que j'ai eu la chance de pas mal voyager, pas à Dubaï ni Monaco ( j'évite la concentration de trépanés). Ce sont bien les plus pauvres financièrement parlant qui possèdent les plus grandes richesses, de cœur, d'esprit, de respect, ou que l'on puisse se trouver dans le monde, ici aussi. Le mot solidaire y est prépondérant.

    Vivre dans la rue reste inhumain, quand les vitrines surchargées de bouffe, de fringues, de poudre aux yeux brillent de mille feux. C'est la honte absolue. Miroir, mon beau miroir, un peu moins d'huitres et de foie gras pour noël? de chapons engraissés et de canards gavés, un petit caviar d'aubergine suffira au bien-être de ma conscience.. Il serait peut-être temps d'arrêter de consommer comme des dégénérer pour nous consacrer un peu plus à l'essentiel, pouvoir continuer à entendre chanter les oiseaux, bramer le cerf et tomber les feuilles de l'arbre, sans oublier qu'un môme qui tend la main sur un trottoir, grandit en voyant les adultes en détourner le regard……. Clap de faim.

    J'ai vécu dans la rue et j'y ai rencontré les plus beaux êtres qui soient, partagé des discussions d'un niveau assez rare, enrichi de connaissances et d'idées extrêmement profondes, ils ne feraient qu'une bouchée du petit Zemmour et de ses couches culottes, ce serait donc bien de faire en sorte qu'ils puissent rester en vie. Décemment.

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