Depuis la fin de la guerre froide, les relations entre les États-Unis et la Russie oscillent entre confrontation et rapprochement. Mais depuis 2016, une question persiste : dans quelle mesure la politique américaine, notamment sous Donald Trump, a-t-elle été influencée, voire façonnée, par les intérêts du Kremlin ? La publication récente de la nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine, saluée par Moscou comme « globalement conforme » à sa vision, relance le débat. Entre allégations de chantage, réseaux d’influence et alignements stratégiques, l’ombre de la Russie plane toujours sur Washington.
En décembre 2025, le Kremlin a accueilli avec satisfaction la nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis, qualifiant ses ajustements de « globalement conformes » à la vision russe [1]. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a même espéré que ce document permettrait de « poursuivre de manière constructive le travail commun pour trouver un règlement pacifique en Ukraine » [1]. Une déclaration qui surprend, tant les tensions entre Washington et Moscou sont habituellement vives. Cette convergence soulève une question : s’agit-il d’un réalisme géopolitique ou d’une influence russe plus profonde ?
Le rapport Mueller, publié en 2019, a établi que 17 personnes de l’entourage de Trump ont eu plus d’une centaine de contacts avec des Russes pendant la campagne de 2016, mais sans prouver une collusion criminelle [2]. Cependant, le rapport souligne que ces liens remontent à des décennies, notamment dans le milieu des affaires. Trump a tenté, sans succès, de développer des projets à Moscou dès les années 1980. Des membres de son équipe ont également été approchés par des intermédiaires russes, parfois pour obtenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton [3].
Il y eu aussi le « dossier Steele ». Compilé en 2016 par l’ancien agent du MI6 Christopher Steele, ce rapport contient des allégations explosives. Il montre des coopérations entre l’équipe Trump et le Kremlin, l'existence de kompromat (matériel compromettant) sur Trump, dont une vidéo présumée impliquant des prostituées à Moscou [4]. Si certaines informations se sont révélées exactes (comme l’ingérence russe dans l’élection de 2016), d’autres restent non vérifiées, notamment la fameuse « sextape » [5].
Les témoignages d’anciens conseillers de Trump, comme John Bolton ou James Mattis, décrivent également un président particulièrement docile envers Poutine, refusant de critiquer ouvertement la Russie, même face à des preuves d’ingérence ou d’agressions (ex. : primes versées aux talibans pour tuer des soldats américains) [6]. Plus recement, des retranscriptions de conversations entre des émissaires de Trump et des conseillers de Poutine ont montré une collaboration étroite, allant jusqu’à des conseils sur la manière dont Poutine devait aborder Trump [7].
En conséquence, si aucune preuve définitive de chantage n’a été rendue publique, plusieurs indices alimentent les soupçons, Notamment le refus persistant de la critique du Président Poutine mais également l'ensemble des éléments factuels présentés. Des enquêtes ont encore révélé des flux financiers opaques entre des oligarques russes et des proches de Trump, bien que rien ne prouve un lien direct avec le président ceux-ci sont d'autant plus troublant [8].
En définitive, rien n'est prouvé, mais à l'instar de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, la vérité mettra du temps à éclater... La question de l’influence russe sur la politique américaine, et en particulier sur Donald Trump, reste un sujet de débat intense. Si les preuves d’une collusion criminelle font défaut, les liens personnels, financiers et politiques entre l’entourage Trump et la Russie sont avérés. La nouvelle stratégie de sécurité américaine, perçue comme un cadeau à Moscou, ne fait qu’alimenter les interrogations : jusqu’où va l’emprise du Kremlin sur Washington ?
Pour les alliés européens, la réponse est cruciale : une Amérique affaiblie par ses divisions internes et ses ambiguïtés envers la Russie pourrait laisser le champ libre à une recomposition géopolitique dangereuse, et à un retour encore plus fort de la guerre sur le Vieux continent...
Refs:
[1] : https://www.franceinfo.fr/monde/russie/la-nouvelle-strategie-de-securite-americaine-est-globalement-conforme-a-la-vision-de-la-russie-estime-le-kremlin_7663957.html
[2] : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1165101/rapport-mueller-congres-trump
[3] : https://www.france24.com/fr/20190419-rapport-mueller-points-importants-donald-trump-ingerence-russe-campagne-clinton
[4] : https://en.wikipedia.org/wiki/Steele_dossier
[5] : https://www.journaldequebec.com/2021/11/14/le-dossier-steele-une-erreur-flagrante-des-medias
[6] : https://fr.businessam.be/donald-trump-et-ses-coups-de-telephone-delirants-aux-dirigeants-etrangers/
[7] : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-mercredi-26-novembre-2025-9869769
[8] : https://www.france24.com/fr/20190419-rapport-mueller-points-importants-donald-trump-ingerence-russe-campagne-clinton