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Billet de blog 10 août 2017

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Constituante démocratique en Arabie saoudite

Un reportage d'Eddy Tokratt pour BFMonde2 et Artinterlibgaro

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Journée historique à Riyad

Depuis ce matin, en rangs serrés et sourire aux lèvres, les électeurs se pressent joyeusement aux urnes pour élire leurs représentants à l'Assemblée constituante du Royaume.

"Assemblée constituante souveraine", nous précise avec enthousiasme un jeune homme, après un coup d’œil bienveillant sur ses trois épouses et ses deux chiens, en retrait d'une dizaine de mètres perpendiculairement à la file d'attente. De fait, c'est le Souverain qui présidera l'Assemblée constituante.

Gage supplémentaire de démocratie, le Monarque a décidé d'instaurer un droit de révocation des élus! Droit dont il sera du reste le seul dépositaire, afin d'éviter la présence à l'Assemblée d'élus "césaro-populistes" et "national-chavistes" hostiles au processus démocratique.

Quelques esprits chagrins, incapables de s'extraire du carcan obsolète d'un universalisme étroit, objecteront que les femmes ne participent pas au scrutin. Cette objection ne tient pas: leur participation est effective et incontestable, puisque démocratiquement confiée aux hommes par délégation. Le vieux principe, somme toute réducteur, "un homme, une voix", trouve ici une fulgurante extension: "un homme, plusieurs voix"! Comment? Le plus simplement du monde: chaque électeur dispose d'un nombre de suffrages équivalent à celui de ses femmes, de ses filles et de ses enfants mâles mineurs.

On le voit, la perfectibilité sans cesse renouvelée de la démocratie libérale occidentale semble ici sans limite.

Et ce n'est pas sous l'éclatant soleil de ce Royaume ami que l'on assisterait aux abominables scènes de répression sanglante de l'opposition dont nous sommes témoins sous le talon de fer d'abjectes dictatures populistes d'Amérique latine! D'abord parce que l'opposition n'existe pas ici. Ensuite parce que son inexistence, consubstantielle à un régime ayant poussé l'excellence démocratique vers des sommets réputés inatteignables, relève à la fois de l'évidence et de la nécessité : la présence d'une opposition populiste constituerait une menace pour la démocratie et les droits de l'homme.

Il est temps de conclure que la liberté et la démocratie sont nos biens les plus précieux et que notre propre pays doit absolument, par tous les moyens, se prémunir du péril d'une "insoumission" intrinsèquement criminelle.

...Mais voici que s'abat sur les électeurs à la queue-le-le une pluie de tracts à l'effigie des bons candidats, lâchés par un Rafale.

Vive la démocratie!

A bas la dictature!

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