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Billet de blog 20 juillet 2025

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Représenter l’emprise : Rapaces

Un parallèle entre un film et un essai qui évoquent le meurtre de femmes.

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Le film « Rapaces » montre un journaliste de faits divers, qui enquête sur des affaires non-résolues (1). Sa fille, étudiante en école de journalisme, fait un stage à ses côtés.

Illustration 1
L'affiche du film. Un crop circle ou un crime commis par un homme ? © Peter Dourountzis, tous droits réservés.

Une jeune femme est tuée, dans un endroit isolé. Le journaliste, interprété par Sami Bouajila, fait le lien entre ce crime et une affaire antérieure. Cependant, le premier meurtre avait été reconnu par un homme, qui s’est depuis suicidé en prison.

Le journaliste se rend à la rencontre de la famille de cet homme. Il apprend qu’il pratiquait activement la « cibi » (ou citizen-band, voir (2)). S’il n’y prenait pas nécessairement la parole, il écoutait les communications entre d’autres cibistes de sa région.

Or, la communication en ondes courtes est également utilisée par un groupuscule d’extrême-droite local, d’obédience masculiniste, qu’il a pu entendre. Ce groupuscule a-t-il quelque chose à voir avec la mort des deux jeunes femmes ?

France Info explique ce qu’est le masculinisme.

Une petite vidéo de France Info sur le masculinisme. © Radio France, tous droits réservés.

Mais, la complainte en défense des hommes violents n’est pas nouvelle et n’est pas l’apanage de l’extrême-droite.

Ainsi, dans Althusser assassin (3), Francis Dupuis-Déri montre comment le philosophe marxiste Louis Althusser a su saisir le fait qu’il ait tué son épouse « pour retravailler son prestige, sa valorisation et son estime de soi, et ses amis et complices [ayant] également consacré beaucoup de temps et d'énergie à cette tâche, avec l'appui d'institutions prestigieuses (universités, journaux, maisons d’édition) » (p. 74).

Hélène Rytmann est née à Paris en 1910 dans une famille juive. Sa jeunesse est marquée par la mort de ses parents. Elle rejoint la Résistance avec le Parti Communiste (PCF), pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, elle s’engage, dans la recherche en sociologie de la culture et en économie.

Elle rencontre Althusser à l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Tous deux sont en couple pendant une trentaine d'années, et même mariés en 1976, un an après la retraite d'Hélène.

Le 16 novembre 1980, dans leur logement de l’ENS, Louis Althusser étrangle sa femme et la tue.

En quelques heures, les autorités de l’ENS parviennent à faire admettre Althusser à l'hôpital, où il reste quelques années avant de recouvrer sa liberté de mouvement. Il s'éteint le 22 octobre 1990.

Quelques années après le meurtre, en 1985, Althusser publie une autobiographie, dans laquelle il « restitue le portrait d'une élite masculine marquée par le machisme et la misogynie » (p. 30). « Il s'agit d'un homme qui s’estime propriétaire des femmes et qui est prêt à les faire souffrir en les jouant les unes contre les autres, y compris sa conjointe, même s'il est conscient de la douleur qu'il lui impose » (p. 30). Althusser se montre égocentrique et faisant usage de violence contre les femmes, qu’il considère comme ses choses.

Or, son épouse menaçait de quitter Louis Althusser. Hélène Althusser, aujourd’hui peu connue, « est morte deux fois, et son assassin est responsable de ses deux morts. Il a provoqué la première de ses propres mains, la seconde en occupant tout l'espace public pour parler de lui, en feignant de parler de sa mort à elle » (p. 71).

En outre, comme le montre Francis Dupuis-Déri, « dans les heures et les minutes qui sont suivi le meurtre, Althusser a bénéficié de l’appui indéfectible de la direction de l’ENS, de médecins, de ses amis et de ses disciples [comme Bernard-Henri Lévy ou Philippe Sollers], qui ont constitué une ligne de défense avant même que les autorités judiciaires se saisissent – momentanément – de l’affaire », Althusser étant ainsi envoyé en hôpital psychiatrique, sans passer par la prison (p. 47).

*****

Crédits et sources :

(1) Dourountzis, Peter. « Rapaces », produit par Delsaux, Christophe, Gast, Thibault et Giordano, David. Fiche sur l’IMDb : https://www.imdb.com/fr/title/tt34388968/

(2) Voir notamment Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Citizen-band

(3) Dupuis-Déri, Francis. Althusser assassin : la banalité du mâle, Editions Remue-ménage Micro R-M (2023).

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