La nouvelle a déboulé sur l'écran du JT: les agriculteurs et éleveurs français sont de plus en plus confrontés à des vols. Vols d'animaux au pré, comme les quelque 100 moutons embarqués nuitament dans l'Est. On en a retrouvé quelques uns en région parisienne. On a vu des images de vaches, dépecées sur place, dont on n'a emporté que quelques gros morceaux de bidoche, laissant une carcasse saignante. Ailleurs, les réservoirs de gazoil rouge (spécial agriculteur) sont siphonés. Pillages de vergers, malgré leurs tulles protecteurs, il est vrai destinés à faire fuir les oiseaux. Vols de tracteurs, d'outils agricoles restés dans les champs, comme cela se fait depuis toujours.
Cela vous étonne? Pas moi. Je me suis toujours réservé la faculté, si un jour je le devais vraiment, de prendre dans les champs du blé pour mon pain, tirer quelques pieds de patates, une pomme, des cerises de l'arbre, dérober quelques betteraves aux énormes tas échoués sur les plaines de Seine et Marne, en novembre. Je me suis toujours dit qu'on résiste mieux à la misère noire quand on est au vert. Mais pourtant ces vols ne sont pas des vols de subsistance. Ils sont "industriels". Ce n'est pas un mouton, mais 100. Et personne ne mange de tracteurs. Car les pauvres des villes et les ressources des champs se sont éloignés les uns des autres, et nécessite des intermédiaires. Quand la pauvreté augmente partout, le nombre des larrons aussi. 6 mères célibataires sur 10, celles sur qui repose l'élevage des petits, sont en situation de précarité dans notre beau pays de France. Ce n'est probablement pas elles qui ont commis ces méfaits, mais peut-être ont-elles racheté une part de la vache sacrifiée, un jerrican de gazoil, sans en demander la provenance, parce que c'était moins cher. Il fut un temps où les bandits de grands chemins rendaient terrible la traversée des forêts. Toutes les polices s'y cassèrent les dents. La politique de la poule au pot, une plus juste répartition des richesses, fut beaucoup plus efficace.