"La grève n'a plus aucun sens parce que", disent-ils, "le service public n'est pas concerné et fait grève aussi". La solidarité, même si tu n'es pas directement concerné, ces journalistes-là n'ont plus l'air de savoir ce que cela signifie. Pourtant, d'autres s'en soucient, et le pot commun de la caisse de grève a fait bonne recette. L'antienne est reprise pour les intermittents du spectacle. Ils ont eu ce qu'ils voulaient, alors basta! Eh non! La négociation par branche n'a pas eu l'effet escompté, elle n'a pas réussi à diviser.
"On n'y comprend plus rien!" est l'autre leitmotiv. Ceci est, il est vrai, un autre argument très fort pour arrêter un mouvement de grève. "La loi a été très mal expliquée", disent-ils. "On ne sait plus ce qui est bénéfique et ce qui ne l'est pas, ce qui est de gauche et ce qui est de droite". Et "la droite fera bien pire". Donc nous sommes tenus d'accepter un moindre mal. Il semble pourtant que ceux qui sont en grève ont très vite compris tout l'enjeu: une régression sociale. Plus de "souplesse", plus de "flexibilité", c'est de fait plus de précarité et d'asservissement. Point.
"Ne gâchez pas la fête" est le troisième argument repris en boucle. La France est ces jours-ci une vitrine, honte à ceux qui en "donnent une mauvaise image". Les poubelles, les trains arrêtés, les routes bloquées... La lutte sociale devrait s'arrêter pour défendre une France d'opérette! Comment employer sans honte de tels arguments? C'est beau, c'est très beau une lutte sociale, un pays qui se réveille et qui se soulève, même pendant l'Euro...