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Billet de blog 9 juillet 2013

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COMMISSION d'ENQUETE CAHUZAC : Mme Lepetit et Gonelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On entend donc Madame Lepetit, ancienne directrice chargée des investigations fiscales. Elle explique clairement que tout le travail avec la Suisse consistait justement à pouvoir ratisser large, enquêter sur plusieurs banques. Que les accords existaient, mais que chaque demande devait être étayée et argumentée. Qu'en général la Suisse met du temps à répondre. Elle est restée muette sur toute interprétation, n'étant jamais chargée elle-même d'aucune enquête. Se bornant à répondre, par exemple, en se balançant sur sa chaise, que la réponse suisse spécifiant que sa réponse ne concerne que la période demandée par la France, cela signifiait probablement que si la question avait été différente, la réponse aurait pu l'être aussi. Elle a bien raison, et on s'étonne souvent de certaines questions. En passant, elle a dit qu'il n'y avait pas d'accord d'entr'aide avec la Chine, qui pratiquait la peine de mort pour fraude fiscale. Qui aurait en effet le courage de planquer son fric au risque de sa vie? C'est une bonne piste pour récupérer les milliards de la fraude.

Puis de nouveau on entend Gonelle, cuisiné pareillement, avec autant d'acharnement qu'à sa première audition. Qui se défend, persiste et répète encore que ce qu'il a fait n'était pas rien, que les services fiscaux ont été avertis très tôt, par le bon service. Il affirme que Bruguière a menti dans sa déposition (il n'est pas le seul, dans tout ce que j'ai entendu). Que c'est de lui que la fuite est partie.

Comme Gonelle l'a souligné lui-même, on ne comprend pas l'acharnement de la commission à connaître les sources de la diffusion de cet enregistrement, qui s'est révélé être vrai, et qui a conduit au mensonge, puis à la démission de Cahuzac. C'est quand même par lui que la vérité est apparue. On ne comprend pas l'opiniâtreté à percer les sources de cette vérité si longtemps cachée, au lieu d'essayer de comprendre quel système a permis le détournement en Suisse d'une partie de la fortune de Cahuzac, malgré toutes les alertes (en particulier fiscales, par Rémy Garnier) que son train de vie et les "ouï-dire" de Villeneuve-sur-Lot laissaient deviner. Et de tous les autres Cahuzac. Le disfonctionnement n'est pas chez lui, mais au sein même de l'Etat, c'est même l'objet de la commission: pas de relais aux impôts, pas d'enquête lançée, sinon par Plenel, un contre-feu allumé comme un pétard mouillé...

Monsieur Gonelle dérange, c'est certain. Parce qu'il savait et qu'il ne l'a pas dit tout de suite.  Accusé de ne pas avoir saisi le procureur, par l'article 40, Gonelle demande pourquoi alors, après la diffusion de l'enregistrement par Mediapart, tous les députés, qui soutenaient tous Cahuzac (non, pas tous! dit doucement l'honnête Courson), n'ont pas non plus saisi la justice.

Quand Gonelle lui demande, à la fin,  gasconnement "pardon" pour s'être emporté à plusieurs reprises, le rapporteur Cleys répond, glacial "qu'il ne connaît pas de pardon". Ces deux-là, même âge, même allure, se livrent une bataille sans pitié, dont nous ne savons pas tout. "Je vois le sourire du rapporteur" s'amuse Gonelle à la fin, quand il avoue s'être trompé de date auprès de journalistes, ce qui infirme la complicité Woerth-Cahuzac pour ce dossier-là, par delà les clivages politiques. Gonelle a tout juste le temps de parler d'autres affaires, comme l'hippodrome.

On a aussi parlé d'honneur, notion fort en vigueur encore à Villeneuve. Le général trésorier de la campagne de Bruguière est un "homme d'honneur", dit Gonelle, à son avis insoupçonnable. Homme d'honneur lui aussi, qui veut rétablir le sien. Il replace dans un autre contexte les salissures de Cahuzac: Oui, il y a eu un autre enregistrement à Villeneuve sur Lot, intercepté par un radio amateur, qui a été distribué sur la ville, et il en a averti la personne concernée. Non, ce n'est pas lui qui a dénoncé l'employée au noir, il a la lettre qui le prouve. 

Très donquichotesque. Tout ça très éclairant, pas seulement sur l'affaire Cahuzac.

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