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Billet de blog 12 juin 2016

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violences des manifs; violences du football

Dans deux contextes complètement différents, la télé rend des images très semblables de violences de rues, avec, semble-t-il, la même fascination.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Décidément, ce printemps fut prolixe en images de violences de rues.

Les mois de mars, avril, mai (cet étrange premier mai de Paris, dans les cris, les gaz, l'affolement!), et le début de juin furent ponctués de cortèges de manifestations qui prirent souvent un aspect insurrectionnel: les cortèges sortent du parcours autorisé, on part en manif sauvage, les vitrines des banques s'écroulent dans un fracas cristallin, les panneaux de pub itou. Et bien sûr, cela se termine souvent par l'intervention de la police,  affrontement direct, jets de projectiles, gazages, coups de matraques, parfois tirs de flashball et grenades de désencerclement, et leurs conséquences, les blessures qui vont avec: oeil crevé, enfoncement de la boîte crânienne. Tous ces affrontements ont donné lieu à maints témoignages filmés, qui sont repassés en boucle. Les videos-stars furent incontestablement celle du policier affrontant un de ses attaquants et celle de sa voiture brûlant dans la rue. 

Au mois de juin, alors que tout fut fait pour que le devant de la scène médiatique fût occupé en non stop par le foot, pour qu'on oublie les "mouvements sociaux", cette mobilisation qui n'en finit pas de "faiblir" et de renaître de ses cendres, que voit-on depuis hier sur nos écrans? Des affrontements, les mêmes policiers qui chargent, matraque à la main, dans une mêlée de corps à corps. Comme un écho aux manifs du printemps, lui aussi abondament filmé. 

Et pourtant, c'est si différent: pas de banderoles dans les hordes de supporters qui s'affrontent. Ils ne dissimulent pas leur visage. Et ils n'attaquent jamais la police comme cible première, mais leurs clones d'en face. Ils sont en général fortement alcoolisés. La police a aussi un autre rôle. Elle n'est pas là pour empêcher leur manifestation, mais intervient, aussi brutalement qu'eux, pour les séparer. Dans un but d'apaisement? Il serait assez naïf de le croire. Rien n'a été fait en amont pour prévenir cette guerre de supporters: ni le remplacement des cannettes par des gobelets en plastique, ni l'interdiction d'alcool dans certains périmètres, comme cela avait été fait lors d'une autre manifestation sportive à Marseille. 

Les manifestants du printemps social ne ressemblent en rien aux supporters avinés. Il n'y a aucun lien entre eux. Le seul intervenant commun  entre ces deux événements sera la police en action, et l'abondance des vidéos qui témoignent de la fascination que ces deux violences exercent. Qui aurait intérêt à faire l'amalgame? 

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