Il est là, avec sa pile de dossiers qu'il connait sur le bout des doigts. Il jure, d'une manière non habituelle, en disant qu'il ne veut rien révéler qui relève du secret professionnel, et de l'identité de certains de ses informateurs. Mais d'accord, il jure. Il dira la vérité, toute la vérité. Cela rompt d'emblée avec le ronron de tous ceux qui jurent sans moufter, et cela campe toute son audition. Il ne se laissera pas dire. Jamais. On l'interrompt? "J'ai juré de dire toute la vérité, pas la moitié!" clame-t-il. Et il oblige à l'écouter. On apprend le long calvaire de la fin de sa carrière. Quand il a dénoncé, qu'il fut placardisé. Puis réhabilité comme enquêteur.Rémy Garnier étonne. Comment? Vous rencontrez Cahuzac, vous connaissez ce compte en Suisse, et vous ne vous servez pas de cette information pour régler votre problème? Il répond que non, que la justice lui a toujours donné raison, qu'il ne demande aucun passe-droit, juste qu'on lui rende ce qu'on lui a pris. Qu'il ne mélange pas le dossier fiscal du ministre et son dossier à lui. Les députés en sont babas. L'étonnant phénomène continue. Il énonce, il énumère, il dénonce. Il donne les noms de ceux à qui son rapport fut transmis. La piste des labos, qui probablement ont filoché les détectives envoyés par l'ex-femme de Cahuzac. Il explique que Gonelle et lui, politiquement opposés, avaient un plus petit dénominateur commun: l'égal traitement de tous devant la loi. Il dit aussi que Gonelle avait hésité à lui en dire plus sur l'enregistrement, car il se doutait qu'alors lui, Garnier, ne l'aurait pas laissé dormir dans un tiroir.
On souhaite qu'il y ait beaucoup de Garnier partout, qui ne se laissent pas dire, qui se lèvent, qui dénoncent, qui ne couvrent plus les huiles locales. Des employés des banques suisses, comme Falciani. Des secrétaires. Des femmes de ménage. Tous ceux qui savent. Ca commence à bouger. La peur change de camp. Les affaires puent, qui s'exposent. On attend la liste des politiques aux comptes suisses, les comptes des partis. Et des lois, enfin des lois pour mettre un terme à tout cela.
Merci Monsieur Garnier.