Là-bas, ceux qui ont Ebola

Ebola fait peur. Les signes se multiplient pour montrer que les pouvoirs publics font barrage au virus qui, foi d'animal, n'arrivera pas en France. Ces signes sont idiots, comme est idiote la mesure consistant à prendre la température de ceux qui débarquent en arrivant à Roissy. Car si un passager est porteur, il l'était déjà dans l'avion, confiné avec plusieurs centaines de personnes, des heures durant. Non. Si le virus continue de se propager en Afrique, il arrivera en France, tôt ou tard. Il n'y a qu'une seule manière de se protéger, c'est d'aller là-bas soigner ceux qui en sont atteint, à très grande échelle. Avec plus de matériel, plus d'infrastructures médicales, des hôpitaux de campagne, toutes ces structures d'urgence qui existent chez les militaires. Aujourd'hui, alors qu'Ebola est pour l'instant seulement là-bas, je veux penser à la détresse des familles, tenues de se séparer d'un proche atteint, parfois un enfant, qui devient de fait immédiatement in-atteignable, hors de portée de toute sollicitude et de tous liens familiaux. Leur survie (et notre survie) est à ce prix. Je veux penser au malade, qui, dans plus d'un cas sur deux, doit affronter seul la mort, isolé, sans le moindre contact avec ses proches, et même isolé de ceux qui le soignent. Cette mort-là, en plus d'être dangereuse pour nous tous, doit être très difficile à vivre. Ce sacrifice qu'on demande aujourd'hui aux Africains, celui d'abandonner leurs parents malades à la technologie médicale, doit être mesuré à son prix. Immense.