Quelques uns ont demandé à ceux qui savent lire sur les lèvres de traduire les quelques mots qu'une femme, amoureuse et peut-être jalouse, prononça à son homme, prise avec lui sous les sunlights, à la Bastille, un soir de Mai. "Embrasse-moi sur la bouche" demandait-elle. On en fit gorges chaudes. Cela nous regardait-il?
En 2004, en Ukraine, Natalia Dmitruk interprétait en langue des signes, en bas à droite, dans sa petite lucarne, le très officiel Journal Télévisé, aux ordres du gouvernement, qui annonçait la victoire de Ianoukovitch sur Victor Iouchtchenko. "On vous ment", signa Natalia. "les chiffres de la commision électorale sont faux. Iouchtchenko est notre président." La nouvelle eut tôt fait de dépasser le petit monde des malentendants, de jaillir sur tous, de rejoindre ceux de la Place de l'Indépendance, au centre de Kiev.
La traduction, dans ce cas, prenait une toute autre allure. Elle en valait la peine.
Qui doit répéter, et quoi? Qui ne s'est même pas posé la question?