Donc, lundi matin, une usine de Rouen laissait échapper un gaz nauséabond. Les habitants du lieu, habitués de la chose (comment s'habituer à cela?) , ne se sont pas alarmés. Les autorités, pour ne pas déclencher de panique, décident de ne rien dire. Aucun message à la radio, ni à la télé. On espère une dispersion dans l'atmosphère. Mais non. Le vent étant à l'Ouest, c'est dans la nuit que le nuage odorant est arrivé en région parisienne, générant sur son passage de multiples appels aux pompiers. Ce qui est logique: quand ça sent le gaz, qu'on ne voit pas l'origine de la fuite, on appelle les pompiers. Submergés, ceux-ci demandent alors à la population de ne plus les appeler pour ce motif (et que font ceux qui ont vraiment une fuite de gaz?). Le vent tournant au nord-est, c'est l'Angleterre qui est empuantie, avec les mêmes réactions. Que disent les médias, en boucle, tout le lundi? "Nous avons demandé au préfet, il n'y a aucun danger". Mais qui va voir les chimistes, et leur demande leur avis? Car ce gaz n'est pas si inoffensif, les réactions ne sont pas anodines (vomissements, irritations, crise d'asthme...). Pourquoi une telle usine, classée SEVESO, est-elle encore en activité? Pourquoi de telles masses de produits traîtés? Pourquoi ne pas avoir demandé aux populations fragiles (bébés, asthmatiques) de rester confinés chez eux? Rien sur l'origine de l'accident, rien sur la gestion de l'affaire, acceptée sans discussion. Tous en choeur, les bons petits suiveurs journalistes y sont allés de leur rengaine édulcorée: pas de danger, n'appelez pas les pompiers, ce gaz n'est pas toxique etc. La voix du préfet était bien relayée. Il a fallu attendre la soirée (et médiapart) pour avoir des avis compétents. Et inquiétants.
Billet de blog 23 janvier 2013
UN GAZ , LES MEDIAS, LE PREFET
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